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Mon réveil me réveilla par ses bruits stridents, je me levai, m'habillai, piquai un morceau de pain pour tenir la journée qui s'annonçait bien difficile. Je rejoignis l'arrêt de bus, puis enfonçai mes écouteurs dans mes oreilles, le bus arriva, et c'est quelques arrêts plus tard le jeune homme prénommé Seungmin monta dans celui ci et ses acolytes ne tardèrent pas à le rejoindre. Certes, je ne les regardais pas mais le prénommé Han Jisung qui ressemblait plus à un écureuil criait si fort que cela aurait été très difficile d'ignorer cette bande d'ami.

Une fois arrivé au lycée, je me rendis directement en classe, certains élèves de celle-ci vinrent me redemander de devenir leur ami ou de faire partit de leur soi-disant groupe. Ma réponse ne changea pas de d'habitude et je ne répondis que d'un simple non sans n'exprimer aucune émotion apparente. Ce qu'il ne savaient pas en revanche, c'était que chaque demande me rendait terriblement heureux. Rien que le fait de savoir que certains élèves s'intéressaient à moi pour une raison inconnue me donnait l'impression d'exister un temps soit peu pour les autres.

Les cours me parurent interminables, connaître le programme était un avantage certes, mais à cause de lui, les cours étaient si ennuyeux que je ne serais pas surpris si je finissais par m'y endormir. Je me demande le nombre de fois où mon regard a dérivé vers la fenêtre, je ne saurais le dire. La plupart du temps je me perdais dans ma contemplation et je ne remarquai pas que le cours était terminé. Je me plongeais dans des réflexions toutes plus idiotes les unes que les autres comme

"Pourquoi l'herbe est-elle verte?",

"Pourquoi ressentons-nous le besoin de dominer, de manger, de dormir, de pleurer ou encore de plaire?"

"Pourquoi détester?"

"Pourquoi aimer?"

"Pourquoi vivre?"

Mais la question qui me revenais le plus souvent restait:

"Pourquoi...moi?"

Pourtant je le savais, me poser toutes ces questions n'allaient rien changer. Je ne pourrai pas avoir de réponse tant que je ne m'ouvrirais pas aux autres.

Pour certaines personnes cela coulaient en elles, elles parvenaient à dévoiler leurs vies sans se poser de question ou éprouver de la douleur, de la gène ou de la honte à le faire. Lorsque je voyais ce genres de personne, je me demandai ce que l'on pouvait ressentir lorsque notre cœur était aussi légé qu'une plume. Je m'imaginai quel point cela pouvait être agréable. Mais je revenais toujours trop vite à la réalité. C'était peut être triste mais je n'y pouvais grand chose.

Ma vie était aussi monotone que l'automne.

Aussi triste que la pluie qui déferle sur les bâtisses de la ville.

Ma mère se tuait à la tâche pour parvenir à nous loger et nous alimenter.

Elle pensait dure comme fer que malgré notre précarité depuis son départ, on s'en sortait.

Mais je le savais. Je me rationnais, je ne mangeais plus que du pain, tout d'abord car ce n'était pas trop cher et deuxièmement cela tenait longtemps dans l'estomac.
Mais allais-je pouvoir tenir dans cet état encore longtemps ? Je n'en avais pas la moindre idée.
Mon corps s'affaiblissait de jour en jour bien qu'il ne fut jamais très bien nourri.

La sonnerie retentit et tout comme la veille je restai à ma place tandis que les autres élèves se rendirent au self et rejoignirent leurs amis respectifs.

Moi, je les observais, à leurs yeux je devais certainement être un élève arrivé en cours d'année bien incompréhensible.
C'était le cas en effet, on avait déménagé pour fuir notre passé, pour fuir cette personne enterrée.

Ma mère avait beau me répéter que c'était terminé, qu'il ne m'arriverait plus rien et que je pouvais être heureux, je continuais de le voir partout, de l'entendre encore et encore.

Sa voix

Des insultes

Un cris

Un coup

Deux cris

Des pleurs

Mes cris

Mes pleurs

Ce n'était pourtant que mes souvenirs mais ils me hantaient avec une férocité déconcertante.

Je les fuyais mais ils revenaient toujours, comme l'ombre qui colle nos pieds et qui ne disparaît jamais vraiment.

Vers 15h, la faim devint insupportable et je me décidai à enfin entamer le pauvre morceau de pain pris à la hâte dans la matinée.

Les élèves me dévisagèrent mais je n'y prêtai pas attention.

À la fin des cours les idiots de la veille m'insultèrent une dernière fois avant que je ne quitte l'établissement.

Et malheureusement pour moi "Félix" monta dans le même bus que moi.

Malgré mon cœur qui s'accélérait à cause de sa présence trop angélique, je parvins à ne pas le regarder jusqu'à ce qu'il descende à son arrêt.

Je descendis quelques arrêts plus tard et une fois à la maison, je me mis à la recherche d'un travail à temps partiel. J'en trouvai un dans le centre ville j'appelai et le gérant de la supérette qui accepta de m'engager pour le service de nuit et du week-end.

Il me donna mon emploi du temps par mail et me prévins que je commençais dès le lendemain.

Ce fut soulagé et libéré d'un poids que je m'endormis après avoir mangé quelques pâtes.

Lui     [Hyunlix]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant