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Ma première rencontre avec lui était pourtant magnifiquement banale.

C'était mon premier jour au lycée et alors que je regardais les couloir du bâtiment, une voix m'interpella. Elle ne m'était en aucun cas adressé et pourtant je me tournai et trouvai l'homme qui la possédait. Il était à seulement quelques mètres de moi. Il était fin et je constatai que je le dépassais de quelques centimètres. Si je ne l'avais pas vu parler, jamais je n'aurais pu deviner qu'il s'agissait de sa voix. Elle avait un timbre très grave et un charme envoutant, je n'avais pas jamais eu la chance d'entendre une voix si belle et si profonde.

Lorsqu'il vit que je le fixais, il me sourit tout en continuant sa conversation avec son ami avant de continuer de marcher dans le couloir.

Je ne parvenais pas à détacher mes yeux de son corps. Mon regard s'était figé sur lui, il l'avait suivi jusqu'à ce qu'il sorte de mon champ de vision.

Ce ne fut qu'une fois parti que je compris que mes joues avaient pris une teinte rosés. J'espérais de tout cœur qu'il ne l'ait pas remarqué.

Après avoir secoué ma tête pour reprendre mes esprits, je me dirigeai vers ma classe, la seconde A.

Heureusement pour moi, je ne mis pas longtemps à la trouver, je m'installai tout au fond à coté de la fenêtre, pas pour dormir, ni observer les autres ou faire le pitre. J'avais juste tout simplement toujours aimé cette place, elle m'apaisait. Elle me permettait d'observer tranquillement l'extérieur sans cela ne dérange personne. Enfin c'était plus mon point de vue qu'une conclusion trouvé grâce à une mure expérience comme certains idiots le font.

Les cours débutèrent, c'étaient mes premiers cours depuis plusieurs années. Au collège, je suivais des cours chez moi à cause de mon paternel. J'avais tellement travaillé pour l'oublier que je connaissais déjà le programme du lycée. J'aurais très bien pu me lancer dans la vie active mais ma mère s'y opposait fermement. Elle voulait que je sois diplômé et que je me fasse des amis.

J'observais la cours de récréation, quand je vis que le jeune homme à la voix grave s'y trouvait accompagné de quatre garçons et d'une jeune fille. Malgré la vitre je remarquai sans grand mal qu'ils riaient tous à gorge déployée.

Je me surpris moi même à les envier. Je me fis rire de ma propre bêtise, comment aurais-je le droit de les envier, je n'en ai pas le droit, ça ne m'est pas permis. On me l'a assez répété comme ça. Je ne peux pas laisser quelqu'un m'approcher, ça doit se lire sur mon visage, je ne suis pas une personne fréquentable. Je suis désole maman, je ne crois pas être capable de réfléchir positivement comme tu l'espères tant.

J'eus une légère envie de pleurer, mes souvenirs sont trop douloureux.

Il était midi passé maintenant, plusieurs personnes m'avaient demandé pour manger avec eux. Je n'avais pas accepté, certes je ne voulais impliquer personnes dans mes problèmes personnelles mais mon refus n'avait rien à voir.
Je vivais avec les faibles salaires de ma mère et je ne voulais pas dépenser son argent pour n'avaler que trois bouchées de mon repas. Je préférais largement lui mentir en remettant l'argent qu'elle me passait dans son porte monnaie, ainsi elle pouvait manger à sa faim et faire quelques courses en semaines. Je préférais sauter des repas plutôt que de la voir dépérir en se rationnant. Et puis mon appétit ne valait réellement pas la peine de payer la cantine. Les remords me consumeraient et je ne parviendrai pas à avaler quoique ce soit.
Alors, j'attendais tranquillement que les cours de l'après midi reprennent, tout en observant les diverses élèves qui prenaient place dans la cours. Je me sentais comme un spectateur, je n'arrivais pas à me faire à cette vie en dehors de mon foyer. Cela me paraissait trop beau, comme dans un rêve d'enfant. C'était beau, magnifique même. Pas de cris, pas de pleurs, pas d'injures, pas cet homme. Il n'était plus là et c'était terriblement rassurant.

A la fin des cours, quelques élèves vinrent me voir pour échanger leurs numéros avec moi, n'ayant pas de téléphone je refusai, malheureusement ils crurent que je me payais leurs têtes. Ce n'était pourtant pas le cas mais je n'y pouvais rien. Je ne pouvais même pas prouver mes dires, alors ils décidèrent de me rebaptiser "l'insociable". Ils s'énervèrent pour une raison que j'ignore encore maintenant. Un des garçons présents me demanda si je n'étais pas plutôt une fille en rigolant, cette question lui venait certainement de mon visage quelque peu trop efféminé à son goût. Bizarrement, ils furent tous d'accord sur ce point et décidèrent que j'étais une "pédale". Je fis des yeux ronds, je ne comprends toujours pas le rapport entre mon insociabilité, mon visage efféminé et mon orientation sexuelle. Pour moi il n'y en avait et n'en a encore aucun mais je les laissai parler. Si ça leur plaisait tant d'être idiot, je n'allais quand même pas briser leur fantasme.

En rentrant des cours, je pris le même bus que la bande d'amis que j'avais observé dans la matinée. Je me trouvais juste à coté d'eux et de cette manière, j'appris leurs prénoms. Les deux qui se collaient tout en rigolant s'appelaient "Minho" et "Jisung". Celui qui semblait exaspéré par leur délire se prénommait "Seungmin" et la jeune fille quand à elle se nommait "Hana".

Puis il était là, il rigolait tranquillement avec Hana. Il me paraissait encore plus beau que dans la mâtiné, je le détaillais en essayant d'être le plus discret possible. Par chance, il était trop occupé à rire avec ses amis pour se préoccuper qu'un inconnu le dévorait des yeux.
Il avait un visage fin, un sourire à faire fondre les cœurs, un regard débordant d'amour et de joie de vivre. Ses cheveux blonds allaient parfaitement à son visage, j'en devenais presque effrayé. Il possédait une telle beauté que je me sentis honteux. Heureusement que mon masque et ma capuche cachaient mon visage qui devait depuis longtemps être cramoisit.

Sa beauté me rendait faible, je me sentais minable, me demandant si j'avais le droit de vivre dans le même monde de cet homme qui me semblait tant angélique.


Il s'appelait Félix.


Ce nom lui allait tellement bien.


Félix, c'était une voix grave, un visage mignon, un être envoutant, un bel homme, une personne incroyable.


Félix, c'était l'homme qui avait percé ma carapace d'un seul regard.

Lui     [Hyunlix]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant