Imperturbable

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     Graphnir ouvrit la bouche et la referma plusieurs fois, pas très certain de ce qu'il devait répondre. Pourtant ça devait être simple. Mais en voyant Yolker, là, assis nochalament à côté de lui, le regard las dans le vide, lui demandant ce qu'il était censé faire, soudain ouvert, inquiet, innocent oui, si innocemment sensuel dans le sérieux qu'il consacrait à une question que Graphnir le croyait incapable de se poser, car il ne le savait pas tendre.
     Dans l'esprit mal tourné de Graphnir, la tendresse était un chose profondément érotique et un peu étrange en cela, et la question de Yolker, dans cette posture et l'intimité de cette chambre, lui paraissait alors plus coquine.
     Il se surpris à contempler vraiment l'homme qui était avec lui. À laisser ses yeux s'attarder sur le visage de Yolker, puis dégringoler le long de son cou et de son buste que la lumière du soir embrassait comme un amant en carressant tout ses reliefs.
     Ça n'allait pas, Graphnir perdait son sérieux et son attention, d'autant que ses avances pour Yolker n'avaient jamais contenues le moindre soupson de vérité.
Il tenta de se recentrer, et de repondre à la question comme il le ferait avec n'importe qui venant lui poser ce genre de question.

     - Hé bien... Quand on reviendra dans le salon, tu pourrais le prendre à part, et lui dire que tu n'es pas intéressé. Ou pas forcément quand on revient, mais à un moment. Ou avant de partir. Ou sur le trajet du retour, par message. Oui en fait, tu pourrais lui envoyer un message tout d'suite pour lui dire, ou n'importe quand tu vois.

     - Hm... Ouais.

     - Ou alors... Tu pourrais ne rien faire du tout.

     - Aussi.

     La langueur avec laquelle Yolker lui répondait sans le regarder, peut-être sans même l'écouter, Graphnir trouvait ça fascinant. Yolker était assez proche de lui pour qu'il puisse le toucher s'il tendait un peu le bras vers lui.
     Encore une fois, il perdait ses moyens, il degluti, et pour se reprendre, il se concentra sur ses cheveux.
     Yolker avait des cheveux bruns tout simples, coupé à une longueur habituelle pour un jeune homme de son âge, coiffé avec négligence, ou peut-être avait-il passé ses mains dedant.
     Comme Graphnir aurait voulu passer sa main dedant, y faire disparaître ses doigts, les empoigner à pleine paume, sentir leur douceur effleurer sa peau...

     - Quoi? Demanda Yolker dans un mouvement de recule.

     Graphnir s'interrompu. Il vu sa propre main comme un être vivant à part entière, franchir ses réflexions, s'étendre vers la toison convoitée...

     Et poursuivre sa route.

La paixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant