Chapitre 19 : Loin de toi

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15 jours sont passés depuis cette nuit où Logan m'a laissé tomber, qu'il a quitté ma vie, mon âme. Je ne sais pas si Maria le sait mais elle n'a pas fait d'apparition depuis. Ni Logan d'ailleurs. Plusieurs fois, j'ai essayé de le retrouver mais il semble me fuir. Que ce soit dans le manoir, le jardin, la forêt ou l'école, je ne sais pas où il est. J'ai demandé au professeur Bali s'il l'avait vu mais Logan lui a demandé des congés. Tous les soirs, avant de me coucher, je passe dans sa chambre, cherchant la moindre trace de son passage. C'est idiot, je le sais mais je n'y peux rien. J'ai toujours envie de le voir. Pourtant, je me suis faite à l'idée de ne plus le revoir.

Ce soir ne fait pas exception, l'envie de le voir est là, au plus profond de mon âme. Je suis devant la porte de sa chambre, l'odeur du bois emplit mes narines. C'est bizarre mais depuis qu'il n'est plus là, cet endroit à une autre odeur, une autre âme, je ressens tout différemment. Je pousse la porte en bois et aussitôt, le décor lugubre de cet endroit me saute au visage. Cette pièce n'a rien d'accueillant mais à cet instant, elle a quelque chose de réconfortant. J'aime être ici, entouré des affaires de Logan. Je rentre et inspire l'air saturé de poussière. Les tables, les chaises, les meubles et la déco, tout est en pagaille et poussiéreux. Je ramasse la chaise au sol devant moi et la remet à droite. Mais il n'y a pas qu'elle, en fait, tout est renversé, comme si cet endroit n'était pas fait pour accueillir la vie, comme si au contraire, il était pour repousser ses habitants...ou Logan. Je me penche et remet la table sur ses pieds, puis continue avec une chaise. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai envie de tout remettre en place, de tout arranger pour que ce lieu soit un peu accueillant. Et clairement, j'en ai envie ! De toute façon, si Logan n'est pas content, qu'il vienne me le dire !

Décidé, je relève tous les objets au sol et les installe de manière plus ou moins à leur place originelle. Je m'occupe ensuite de tout dépoussiérer, à l'aide d'un chiffon et d'un peu d'eau. J'ouvre la fenêtre en grand pour faire rentrer l'air frais de la nuit. Je ne peux m'empêcher de m'attarder, espérant voir une silhouette, en vain. Je retourne à l'intérieur et récupère tous les tapis au sol pour les déplacer sur la terrasse. J'évite soigneusement l'endroit où le morceau de terrasse est tombé. Puis, je continue mon nettoyage à l'intérieur, astiquant de fond en comble chaque recoin de cette pièce. Au bout de 2h, je regarde mon travail fini et un vide m'envahit.

Je m'approche du portrait de la famille de Logan et soulève le morceau déchiré. Logan est là, sur ce portrait. Son visage n'a pas changé, les mêmes yeux, les mêmes cheveux et même ses lèvres, les mêmes que j'ai eu envie de toucher, d'embrasser. Les larmes me montent aux yeux.

—T'avais pas le droit de me faire ça...

Les larmes coulent, libérant ma peine, le manque. Je n'arrive plus à les arrêter. Je pose mes mains sur mes yeux, le plus fort possible, en vain, elles coulent sur mes joues et se répandent sur le sol.

—Hannah !

Je lève les yeux vers le son de la voix, espérant malgré moi de voir Logan mais aussitôt, je reconnais Patrick. Son visage est inquiet. Il entre doucement dans la pièce.

— Que fais-tu ici ? me demande-t-il.

—Je ...je ne sais pas...

Je n'arrive plus à parler, le son reste bloqué dans ma gorge. Je me remets à pleurer.

—Oh, Hannah, je suis désolé, tellement désolé.

Patrick s'accroupit à côté de moi et pose une main réconfortante sur mon épaule.

—Je te promets d'arranger les choses. Je vais te trouver un endroit, loin d'ici, je te le promets.

Je sais que c'est pour notre bien mais ça fait mal d'entendre ça. Pourtant il va bien falloir que je me rende à l'évidence que c'est la fin. Que c'est fini entre Logan et moi. Qu'il ne reviendra jamais tant que je suis là. Je me jette dans ses bras et laisse le reste de mes larmes s'envoler.

A la nuit tombéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant