Princesse Maria-Helena

Prologue

Jour de la rencontre

Les rayons du soleil entrent pas la fenêtre et font briller les bords argentés du berceau. Des fins voiles blancs tombent tout autour de ce dernier et bougent dans le mince courant d'air qui circule dans la pièce.

Un vacarme sourd filtre au travers de la porte d'entrée: il y a de l'action dans les couloirs du couvent. Les battants de bois s'ouvrent brusquement et un homme richement vêtue arrive à passer malgré la bonne sœur qui essaie de le bloquer.

- Vous ne pouvez pas la prendre! cri-t-elle en tirant sa cape rouge.

- Qu'est-ce que tu raconte? demande l'intru d'une voix froide en se dégageant.

Un garde en armure saisit la femme par les cheveux et la jette au sol sans ménagement, lui ordonnant de ne plus toucher l'Empereur.

- Pourquoi un père ne pourrait pas voir sa fille? questionne ce dernier. Tu n'est même pas sa mère alors de quel droit tu m'en empêcherais?

La dame se relève et cour vers le petit lit. Elle ne fait pas quatre pas que le soldat la plaque parterre violement, laissant Welliam avancer tranquillement. Ses bottes vernies passent devant les yeux désespérés de la religieuse qui se débat comme une diablesse. Il écarte les voiles et se penche pour regarder le bébé. La minuscule fille enroulée dans une couverture rose l'observe de ses grands orbes gris sans trace de peur. Sa Majesté touche du bout des doigts les petits cheveux noirs sur le crâne du poupon. Elle ne gigote pas plus lorsqu'il la prend contre lui.

- Quisys!! hurle la bonne sœur. Ne la touchez pas sale monstre!!

D'un coup d'épée le souverain lui coupe la tête en serrant son enfant contre son torse pour qu'elle ne voit pas le sang gicler et se rependre sur les dalles de marbre blanc en une flaque lugubre.

Débarrassé de cette enquiquineuse, il quitte la pièce en faisant voler sa cape derrière lui. Sortant dans la lumière du jour, l'homme regarde à nouveau le bébé avant de déclarer:

- À partir de maintenant tu vivra avec moi au Palacium.

Ses mots font s'agiter les religieuses rassemblées dans la cour. L'une d'elles s'avance pour dire que le bambin doit rester ici, mais se fait tuer sans avoir sortit un son. Les soldats s'éloignent en encadrant la calèche royale, laissant les survivantes traumatisées. Les secousses des roues sur la route en plus de l'odeur rassurante de son père fait s'endormir la petite rapidement.

Aussitôt qu'ils descendent du véhicule une clameur s'élève des dignitaires se trouvant dans le jardin. L'Empereur est allé chercher un enfant? De qui est-ce? Ce ne serait quand même pas le sien, si?

- Votre Majesté, commence l'un d'eux, qui est-ce?

- Maria-Helena Damont première du nom, princesse de l'Empire d'Ise.

Welliam entre dans le bâtiment sans un regard pour la foule qui semble avoir été assommée d'un coup. Les domestiques s'inclinent bien bas devant lui alors qu'il circule d'un pas vif dans le corridor.

- Perkins, dit-il en s'arrêtant finalement.

- Oui Votre Altesse? s'inquiète le domestique à côté de lui.

- J'ose espérer que ses appartements sont prêts.

- Bien sûr!

Une porte s'ouvre sur un petit salon coquet.

- La décoration a été pensée pour un enfant, bégaie le pauvre serviteur, donc il se peut que ce ne soit pas ce que vous aimez...

- Ça va être parfait.

L'Empereur passe à la chambre. Les murs sont rose pastel et un berceau doré se trouve au centre. Des peluches sont disposées sur une bibliothèque et la table à langer attend sagement dans un coin près de la grande fenêtre donnant sur le jardin intérieur. Les rideaux vert lime sont rangés sur les côtés pour laisser entrer la lumière.

- Laisse nous et va chercher la nounou, ordonne le souverain.

Dès que la porte se referme la petite ouvre grand les yeux et tend la main vers le visage de son père.

- Nous ne nous sommes jamais vu avant aujourd'hui et pourtant tu me fais entièrement confiance.

Elle gémit et mordille son poing en le fixant.

- Tu ne serais pas un peu bête?

Le bébé s'arrête un instant avant de pousser un petit cri. Agitant ses bras potelés la nouvellement nommée Maria-Helena gazouille gaiement. Son père la regarde, perplexe. Il n'a que 24 ans et aucune expérience de vie dans une famille saine. Comment devenir un bon papa dans ce cas?