Princesse Maria-Helena

Chapitre 12

Vingt ans et deux mois après la rencontre

- Tu es certaine que tu es prête? demande doucement Nicolo.

- Oui, réponde son amie avec toute la conviction dont elle est capable.

- La cérémonie a attendu deux mois, nous pouvons la repousser encore.

- Non, je veux passer par-dessus cela. Après je pourrais régner totalement et faire mon deuil à part entière.

- Tu en es sûre?

- Oui! S'il te plait reste avec moi...

Nicolo soupir et caresse son bras.

- Évidement que je reste avec toi. Ce n'est même pas un question à poser, mais une évidence. Je compte bien être ton secrétaire et premier conseiller.

Elle sourit et soupir de soulagement. Si son meilleur ami reste à ses côtés alors son courage n'a pas de limite. Ensemble ils pourront passer dessus la tristesse.

Les deux jeune gens sortent bras dessus bras dessous pour monter dans une calèche. Cette dernière déambule dans la capitale derrière le corbillard royal. Sur leur passage le peuple rassemblé sur les trottoirs restent au début stoïque. L'homme que l'on enterre aujourd'hui à été sanguinaire et cruel durant ses premières années de règne, terrifiant tout le monde. Comment réagir à sa mort?

En tournant le quatrième angle de rue, les nerf de Maria-Helena craquent. Elle enfouit son visage dans ses mains et éclate en sanglots amers. Nico serre les lèvres et l'attire contre lui pour caresser son dos.

En voyant la tristesse sincère d'une fille pleurant son père, les gens semblent enfin se ressaisir. Ils se rappellent qu'est-ce qui les a fait aimer leur souverain: sa paternité. C'est le fait d'avoir un enfant qui l'a adoucie, faisant assouplir sa politique et mettre en place des lois ou programmes pour améliorer la condition des plus pauvres. Le petit bébé apparu d'on ne sait où a rallumé la flamme de l'amour dans le cœur du monarque qui s'était éteint il y a des dizaines d'années en même temps que sa chère mère. La princesse a effacé d'un battement de cil l'enfance dure et froide que Welliam avait subit auprès de son prédécesseur, relayant aux oubliette ses enseignements cupides et calculateurs. Celle qui pleure dans la calèche est la raison de pourquoi l'Empire est devenu heureux et juste, comme une immense alliance de pays et royaumes se serrant les coudes. Avoir un enfant a poussé l'Empereur sanguinaire à user de diplomatie et de compromis pour solidifier ses avoirs, encrer son pouvoir... tout pour qu'un jour ELLE puisse régner avec bonté sans craindre un assassinat à cause de son relâchement.

La première réaction est une enfant qui lance une fleur vers la calèche. Quelqu'un d'autre fait de même et progressivement, tout ceux aillant des bouquets projettent des centaines de pétales sur la délégation. Ensuite vint les cris. Mais pas les cris de haine redoutés.

- On vous aime Votre Majesté!!

- Courage!!

- Nous sommes avec vous!!

- Nous prierons pour son âme!!

- On vous aime!!!

- Vive l'Impératrice!!

- Longue vie à notre Impératrice!!

Elle promène ses yeux sur la foule qui lui exprime leur soutient, y trouvant la force d'essuyer ses larmes et de se redresser pour le reste du trajet.

Arrivé au cimetière royal, le publique ne peut pas les suivre. On y a creusé deux trous pour l'Empereur et son secrétaire. Des prêtres font descendre les cercueils et prononcent les prières d'usage. Durant tout ce temps Maria a le regard vide et les joues humides. Nicolo doit la secouer légèrement lorsque vient le moment du couronnement.

Ici, à côté de la tombe majestueuse fraichement celée de son père, on dépose la couronne imposante doublée d'hermine et rehaussée de joyaux sombres sur sa tête. Alors qu'elle relève ses yeux fatigué sur la sépulture de son prédécesseur, elle est impératrice.

La calèche retourne dans la capitale et cette fois tout le monde hurle leur joie. Ils sifflent et cri "Longue vie à l'Impératrice!!"

Au Palacium, Maria se rend directement dans ses appartements privés avec son secrétaire. Elle se retourne vers lui et caresse l'épaisse mèche blonde placée devant son œil gauche.

- Il... ça ne fait plus mal...? demande-t-elle doucement.

- Oui, ne t'inquiète pas. Ce n'est pas de ta faute. Et puis ça me donne un style, non?

Il se redresse et passe une main dans ses cheveux en un geste dramatique, ce qui arrache un rire à son amie.

- Oui, tu as l'air d'un magicien mystérieux.

Ils sourient et s'assisent sur la banquette sous la fenêtre. Les deux amis observent la ville qui continue les réjouissances à grand coup de feux d'artifices.

- Il va me falloir un héritier... souffle Helena, pensive.

- Ou une héritière.

- Oui.

- Rien ne presse Mari, tu peux prendre le temps de t'installer sur le trône avant.

- Tu as raison... dans quatre ans alors.

Nicolo rigole devant sa détermination. Elle et son désire de tout planifier...

- Ça pourrait ne pas se passer comme tu le veux Mari.

Elle chasse du revers de la main cette idée, comme si c'était totalement absurde.

- Tu es celui d'entre tous qui sait le mieux combien je peux être persuasive. Si quelque chose ne fait pas mon affaire je le ferais changer, tout simplement! Et il n'y a rien qui pourrait faire que mon enfant me déçoive. Peu importe son apparence et son caractère, mon enfant ne peut qu'être parfait à mes yeux.

- Je n'en doute pas une seconde.

- Alors ce sera dans quatre ans!

Vingt-quatre ans et cinq mois après la rencontre

- Je veux un bébé, lâche soudainement Maria.

Le maire de la capitale venu pour une entrevue le regarde, stupéfait et sans voix. À sa gauche Nicolo se frappe le visage de la paume avec un soupir exaspéré.

- Voulez-vous... que nous cherchions des prétendants pour un mariage royal? demande l'homme politique, incertain.

- Absolument pas! J'ai besoin d'un géniteur et non d'un mari. Je vais me charger de la recherche, ne vous en mêlez pas et ne dite rien. Ce sera une surprise. Nous pouvons compter sur votre discrétion?

- Bien évidement Votre Majesté!

À venir:

Impératrice Maria-Helena