Chapitre 4

36 2 0
                                    

Un mois avant la rencontre

- Qu'allons nous faire? demande Orilana en jouant avec sa boucle d'oreille.

L'elfe plus âgé la regarde faire les cent pas dans la clairière. La lune se reflète sur sa longue chevelure blanche comme neige et pourtant son visage est dépourvu de ride.

- C'est son choix, soupir-t-il. Qilar a voulu mener à terme sa grossesse et c'est contre les lois elfiques d'obliger une mère à avorter.

- Tu sais aussi bien que moi qui est le père de l'enfant!

- Oui, mais de toute façon c'est trop tard. Ma cousine accouche en ce moment même et aussitôt que le travail est commencé les décisions de la génitrice sont irréversibles.

- Et l'endroit de la naissance, on en parle? Depuis quand les nobles elfes mettent au monde leur enfant dans des habitations humaines?!

- Ce n'est pas si pire. Un couvent religieux est un endroit saint, donc proche de nos forêts. Ça aurait pu être pire, elle a pensé à accoucher directement dans le village. J'ai réussis à la convaincre de ne pas le faire en disant que ce serait trop voyant.

La jeune femme regarde son aîné. Pour elle c'est tout simplement impensable. Déjà le simple fait qu'une elfe de lignage aussi pur que les Desfeuilles partage son lit avec un humain la choque, savoir qu'elle a gardé le fruit de cette union dans ses entrailles l'horrifie totalement.

- C'est inadmissible!! cri Orilana en s'arrêtant devant la petite mare. Les anciens auraient dû l'en empêcher!!

- Tu sais que les femmes portant la vie ou aillant porté la vie sont au-dessus de certaines décisions.

- Et qu'est-ce qu'elle va faire du bébé?! Éduquer un bâtard? Comme si ses parents allaient accepter!

- Respire. Tu n'as que 15 ans et tu es déjà pleine de jugement envers les autres races. C'est ça que je trouve le plus triste.

- Mais...!

- Qilar fait ce qu'elle veut avec son enfant. Je lui fais totalement confiance et tu devrais prendre exemple sur elle en était plus gentille. Nous sommes plus près de la nature que les autres, mais restons de simple mortels. 

- Donc toi tu te fiche que ta cousine ai couchée avec cet empereur sanguinaire.

- Ça ne me plait pas, mais je la respecte. C'est une adulte.

Un troisième elfe sort de l'ombre avec un air grave. Ses deux compatriotes se tournent vers lui d'un même mouvement.

- C'est fait. Elle a accouchée, dit Fenlar avant de fixer son regard vert mousse sur l'autre homme. Eararach, c'est une fille.

- Son nom? demande-t-il avec empressement.

- Quisys. Par contre rien ne garanti que son père le garde s'il la trouve.

- S'il la trouve? s'inquiète Orilana.

- Les bonnes soeurs... ont senties... un message se propager dans l'éther. Elles pensent qu'une force divine à averti Welliam Damont de la naissance de son enfant.

- QUOI?! éclate Orilana en frôlant la crise cardiaque.

- Je vais chercher ma cousine et ma nièce, dit l'elfe aux cheveux blancs en commençant à marcher.

- Tu ne peux pas. Qilar a disparue et personne ne sait où elle est.

- Et la petite? Ne me dit pas que je n'ai pas le droit de la prendre avec moi.

- Tu ne peux pas.

- Pardon?!

- Calmez vous... essaie de s'interposer l'adolescente.

- Tu ne peux pas, répète Finlar. Parce qu'un sceau à été posé sur le convent. Plus aucun elfe ne peut y aller. Il porte la trace de... de Qilar.

- Pourquoi?! désespère le cousin.

- Je ne sais pas! Elle veut peut-être protéger sa fille.

- De quoi?! Si elle devrait la protéger, c'est de son père!

Orilana ne sait pas quoi faire pour éviter la bataille. Il est si rare que Eararach s'énerve qu'elle ignore comment l'apaiser. Ses poings se serrent dangereusement et la tension monte.

- Arrêtez! panique-t-elle.

- Assez! fait une voix féminine derrière eux.

Ils se poussent pour laisser passer leur aînée. Gilwynn promène son regarde rose irréel sur tout le monde, secouant la tête devant la chicane grimpante.

- Désolé, s'excusent les deux hommes. Nous parlions de...

- Je sais, les coupe-t-elle. Nous allons attendre que le géniteur de l'enfant la sorte du couvent. Après nous verrons quoi faire.

- Attendez, gronde Eararach, pourquoi est-ce que le Conseil s'intéresse à ma nièce?

- S'il est vrai qu'un message s'est propagé dans l'éther à sa naissance elle doit avoir un pouvoir spécial. Nous voulons juste le découvrir.

Ses yeux se font plus dur lorsqu'ils s'affrontent du regard. L'un sait pertinemment ce que le Conseil désir vraiment et l'autre est prête à tout pour mettre la main sur cette enfant.

La même nuit

Welliam se tourne et se retourne dans son sommeil. Son rêve ne semble pas en être un.

Il se tient dans une forêt sombre. Tellement sombre que les arbres près de lui sont à peine apparent. Une boule de lumière passe rapidement entre les tronc blanc. L'Empereur la suit malgré ses pieds s'enfonçant dans l'épaisse couche de neige qui recouvre le sol.

En arrivant dans une clairière, un petit enfant blond passe en courant à côté de lui et un chœur de voix féminine fait vibrer l'air autour. Sa Majesté se bouche les oreilles et recule. Son pied bute sur une racine et son corps entier bascule dans le vide. Un vide infini et sombre, tournoyant autour de lui jusqu'à lui donner mal à la tête.

Un rire d'enfant résonne en écho dans son esprit et quand il arrête de chuter, Welliam flotte en apesanteur. Devant ses yeux apparait une paire de lèvre mince maquillée de violet. Le menton et les joues sont pâles et le nez est fin. Les yeux ne sont pas visibles.

- Tu as une fille, dit la femme aux lèvres violettes de la voix claire d'une jeune adulte.

- Quoi? demande l'Empereur. Qui parle?

Et il se réveille.

Trois ans et quatre mois après la rencontre

- Tu ne m'attrapera pas! rigole Maria-Helena en courant dans le couloir.

- Attend moi Mari! cri Nicolo en la suivant de près.

Elle dérape au tournant et évite de justesse une domestique portant une pile de linge propre. Son ami s'excuse rapidement avant de la pourchasser encore. 

- Attend! répète-t-il. On n'a pas le droit d'aller par là! Ton père reçoit des invités de marques!!

Trop tard. Mari passe une dernière porte avant de tomber face à une étrangère. Ses yeux rose intenses fixent la petite.

- Bonjour, dit-elle. Mon nom est Gilwynn et toi?

Princesse Maria-HelenaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant