Avant que je dise ou fasse quelque chose, de violents coups à la porte de la chambre nous firent sursautés :
- Bougez-vous les mecs, il est bientôt 19 heures ! hurlait mon frère qui visiblement était rentré.
Nous sortîmes de la douche et nous séchâmes rapidement. Je sélectionnais t-shirt blanc, un 501 que j’aimais beaucoup, il était ancien et usé, mais j’y étais parfaitement à l’aise et une paire de converse. J’entendis Evert murmurer en allemand, visiblement il y avait quelque chose qui le contrariait.
- As-tu un problème ?
- Je n’ai plus de slip propre et mon jeans est loin d’être chrome !
- Chrome ? Ha, tu veux dire nickel ! On doit faire à peu près la même taille, j’ai un jeans qui m’est un peu grand, je te le passe, et coté slip fais comme moi, ne mets rien. Moi, le soir, je suis toujours sans slip et sans chaussette, comme ça, si je veux aller faire un plongeon dans la piscine, je n’ai que le pantalon et les baskets à enlever.
Je lui ai passé le jeans qui lui allait parfaitement, moulant ses formes à souhait, mais sans être vulgaire. Il avait opté pour une chemise à carreau rouge et blanc, laissée ouverte et pendante sur le jeans. Il m’étonna en vaporisant un peu de parfum sur son torse. La bergamote et le patchouli envahirent ma chambre. Je reconnus alors Gentleman de Givenchy. Il termina par paire de Puma rouge qui flashait superbement.
- Allez, vient beau gosse, dis-je en appuyant dans son dos légèrement avec la main.
Nous pénétrâmes dans le salon juste comme les 19h00 sonnaient au clocher de l’église.
- Evert, ils sont sur la terrasse, dit ma mère en désignant la porte fenêtre qui y donnait accès. Nico, vient me donner un coup de main, s’il te plait.
- Mais, je peux vous aider aussi, Madame.
- La dame te dit de sortir retrouver Phil, l’époux de Mag et son autre fils, si on les laisse seuls trop longtemps, ils vont encore se retrouver dans la piscine.
- Ok. Répondit-il en me regardant un court instant, un peu perdu, avant de prendre la direction de la terrasse.
Je suivis ma mère en me demandant ce qu’elle voulait me dire, car je savais qu’elle me voulait seul pour cela.
- Nico, je veux te demander quelque chose, mais je souhaite que tu me répondes sincèrement et pas seulement pour me faire plaisir, me demanda-t-elle dès que nous fûmes dans la cuisine.
- Heu, oui ?
- Serais-tu d’accord pour qu’Evert passe le reste de ses vacances avec nous ?
- Hein ? Mais, nous ne le connaissons même pas ! Et, il a surement plein de choses prévues, il ne me fait pas l’impression d’être un routard ou un zonard.
- Non, c’est un étudiant en médecine qui avait prévu de passer ses vacances avec son copain italien, trois semaines en Corse et trois semaines en Sardaigne. Mais au bout d’une semaine, le copain a rompu avec lui. Il n’avait pas prévu de budget en dehors du voyage, puisqu’il devait être logé par son ami. J’ai pensé que nous pouvions faire une bonne action et en plus ça te fera un copain plus sympa avec toi que Dom qui de toute façon rentre dans quelques jours sur le continent pour retrouver sa bande de potes avant son travail du mois d’août.
- Et qu’en pense Papa ? demandai-je pour me donner un peu de répit.
- Tu le connais, il a passé un coup de fil à son ami, le colonel de la gendarmerie qui l’a rappelé pour lui dire qu’Evert Gemeinfein était un étudiant sérieux, aucune histoire, qu’il avait perdu son père jeune dans un accident du travail, que la famille était appréciée à Füssen.
