Je suis là [ Sois une étoile ]

Chapitre 1 : Au clair de lune

Je vais en finir

« Je vais sauter », dit une voix fébrile et peu assurée, ces mots rompirent le silence de la nuit. Elle se trouvait sur le Bellefontaine Bridge de Saint-Louis, il faisait nuit, une brise légère rafraichissait l'air, une pleine lune illuminait le pont. « Je veux être libre » continua la douce voix, elle tenait un pendentif en forme d'étoile. Elle le lâcha et monta sur la rambarde en tremblant, elle s'accrocha à une barre rouillée à côté d'elle et regarda le vide, une chute de dix mètres qui terminée dans le Missouri. « Je vais te rejoindre Justin et enfin être libre, je serais une étoile reprit-elle avec une voix de plus en plus faible et pleurante, c'est de leur...

-De toute façon t'as pas les couilles de sauter, si tu veux le faire, fais le bien, dit une voix grave sous le pont.

-Qui parle ? Je vais le faire, je vais sauter, reprit-elle surprise avec une pointe d'incompréhension. »

Elle regarda autour d'elle et ne vit personne, « je dois être folle, vu que de toute façon personne ne m'écoute » se dit-elle. Elle lâcha la barre qu'elle avait en main et s'avança près du vide.

« Saute princesse, tu ne manqueras à personne, répondit la voix.

-Je vais le faire, tu auras ma mort sur la conscience, rétorqua-t-elle.

-Je ferais avec, ne te trouve pas d'excuse.

-Je vais vraiment sauter.

-Alors fais-le, sinon je monte avec toi et on parle autour d'une bière. »

Elle regarda autour d'elle, vit des feuillages remués et décela une ombre. Il s'avança, il était d'une taille moyenne, le cheveux noir et porté une veste en cuir noir. Elle resta pétrifiée près du vide, il arriva et lui tendit la main, elle lui prit et enjamba la rambarde.

« T'allais pas vraiment sauter en fin de compte, dit-il avec un sourire narquois. »

Son pied glissa, le jeune homme la rattrapa.

« T'as failli réussir ton coup au final. »

Elle esquissa un sourire et replaça ses cheveux qui lui masquaient le visage. Sa présence lui calma l'esprit, il lui proposa une bière mais elle refusa.

« Alors, pourquoi t'es là ? Demanda-t-il.

-Sérieusement tu te moque de moi ? dit-elle avec un regard d'incompréhension et de jugement.

-Je veux dire qu'est ce qui t'as poussé à venir ?

-Pourquoi je te le dirais je ne te connais pas.

-Vu que t'allais t'écraser devant moi, j'ai l'impression de te connaître plus que la plupart de tes connaissances.

-Tu ne me connais pas.

-J'ai l'impression que personne ne te connaît vu ce que tu as dit tout à l'heure, ajouta-t-il avec un sourire moqueur.

-Tais-toi, tu ne sais rien.

-Excuse-moi, répondit-il gêné, je ne voulais pas t'offenser. Faisons ça proprement, moi c'est David et toi ? »

Elle ne répondit pas, pas même un sourire à ses excuses.

« Bon, alors je travaille pour un vieux cuisto dans un petit restaurant, je traine le reste du temps et j'aime faire des tours de moto dans les environs, et ne pas regarder derrière moi. J'aime écouter de vieilles musiques, tu connais Nirvana ? Sinon j'ai un petit frère, Georges. »

Elle leva ses yeux qui étaient alors fixé sur le sol. La lune se refléta dans les larmes qui perlèrent alors sur ses joues.

« Pourquoi pleures-tu ?

-J'avais un frère, il s'appelait Justin.

-Tu parles de lui au passé, que lui est-il arrivé ?

-Il a eu un accident alors qu'il partait de chez nous, répondit avec un sanglot dans la voix.

-Tu étais proche de lui ?

-C'était la personne avec qui j'étais la plus proche, c'était le seul qui me comprenait vraiment.

-C'est arrivé quand ?

-Y a moins d'une semaine, l'enterrement était cet après-midi. C'était très sobre, mes parents l'ont fait incinérer.

-Ça a dû être dure pour toi. J'ai entendu que tu voulais le « rejoindre », mais il ne faut pas, je ne le connaissais pas mais je ne pense pas que c'est ce qu'il aurait voulu. Je te comprends, si je perdais mon frère je ferais probablement des choses stupides. »

Elle fondit en larme et se blottit contre David. Il mit sa main sur sa joue et sécha ses larmes. Ils restèrent encore quelque temps à discuter. La pluie commença à tomber, il lui proposa de la ramener chez elle à moto. Elle accepta. Elle se plaqua contre lui et le serra.

« Tu serres très fort, t'as pas l'habitude ? T'as peur ?

-Non, j'en faisais avec mon frère. »

Il eut un petit sourire et démarra.

Ils arrivèrent devant chez elle, elle descendit de la moto.

« C'est chez moi, en fait je m'appelle Margareth.

-Si un jour ça ne va pas, appelle-moi.

-Je n'ai pas ton numéro. »

Il lui donna, son numéro et elle rentra chez elle. Il attendit de la voir disparaitre, quand elle arriva au porche de sa maison, elle se retourna, le vit, fit un grand sourire et ferma la porte. Il partit.