III

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Personne ne connaissait vraiment Elijah. Et Elijah désirait que personne ne le connaisse vraiment. Car après une introspection dans sa vie, il était certain que la personne serait effrayée.

Les élèves étaient installés dans le bus scolaire pour leur sortie annuelle.
Tous les groupes étaient regroupés. Les gens cool et bruyants à l'arrière, les nerds à l'avant et Jared qui vomit puis le groupe d'Alec au centre.
Comme toujours ils étaient regroupés tous les quatre sur deux rangées de sièges et le trajet passait rapidement pour eux tellement ils parlaient et riaient. Ces quatre la avaient un lien vraiment fort.

Elijah, fidèle à lui-même, était seul. Une rangée au centre arrière et observait tous ses camarades du regard. Enfin surtout un.
L'avantage était qu'il pouvait se coucher sur les deux sièges, ou déposer son sac sur l'autre pour ne pas être encombré comme le reste de ses camarades qui devaient le porter sur leurs genoux ou à leurs pieds.

Il y avait certes du bruit mais il n'était pas assez concentré dans une discussion, un détail, une voix ou n'importe quoi pour l'éviter. Rapidement il prit son casque et se plongea dans sa musique pour éviter l'éveil de ses problèmes.

Parce qu'Alec n'était pas le seul à avoir des problèmes.

En mettant son casque, Eli appuya involontairement sur un bleu que lui avaient laissé les charlatans assis à l'arrière du bus.
Il connaissait la douleur, il en était habitué. Bien trop habitué. Mais chaque coup lui rappelait à quel point sa vie était misérable. Vraiment miserable à en pleurer, ou rire.

Grâce à son occupation mentale, il réussit à échapper à la voix incessante qui lui chuchote à longueur de journée dans son esprit. Car oui. Alec n'était pas le seul et Elijah le savait.
Enfin il savait qu'il avait quelque chose en particulier. De ses visions il n'avait aucune idée. Il savait juste que la voix dans son crâne lui guidait de faire attention à lui, de faire en sorte qu'il soit en sécurité. En gros de le protéger. Mais cette voix ne parlait pas seulement du brun. Elle lui parlait d'un événement étrange. De six explosions dans la ville.

A vrai dire il n'y comprenait rien. Il ne savait pas s'il était devenu fou ou s'il l'avait toujours été mais sa folie à décidé de se manifester maintenant. Il ne savait pas s'il devait en parler - à un professionnel - car il n'avait personne à qui parler.
Il ne comprenait pas ce que Alec avait de si particulier. Il s'était demandé s'il n'avait pas développé une soudaine obsession pour le brun. Mais non. Il ne l'avait jamais vraiment regardé avant.
Peut-être un peu. Juste un peu.
Il ne savait pas non plus pourquoi cette voix voulait qu'il le protége. Ni comment. Alors il le regardait simplement et intervenait rarement. Comme pour sa migraine.

Son fil de pensée était vite coupé par la levée de la voix de Matt à l'arrière.
"- Alec je crois que t'as un admirateur !" Criait le garçon, agrémenté par le rire de ses amis.
Naturellement Alec tourna le regard vers Elijah qui baissait encore une fois le regard. Pourquoi personne ne s'occupe jamais des choses qui les regarde, se demandait le blond.
"- Ou alors il prévoit de te buter !" Ajouter l'idiot avec encore une fois le rire de ses sbires.
Eli ne relevait plus le regard. Pas par honte mais par colère. Il devait se calmer, retrouver son sang froid.
Alors qu'il procédait à un processus de calmement, il aperçu le groupe d'amis du brun se retourner et faire, un par un, un doigt d'honneur au crieur. Cela esquissa un sourire sur le visage d'Elijah.

Le trajet s'effectua comme ça : Elijah regardait par la fenêtre avec sa musique. Après tout, Alec risquait rien dans un bus avec trente personnes à part un accident qui naturellement ne peut pas être évité par le fait de regarder un garçon.

En arrivant, tous les élèves exprimaient leur joie de retrouver l'usage de leurs jambes. Elijah était à l'écart. Toujours avec son casque.
Ils connaissaient tous déjà ce musée qui retrace l'histoire gallo romaine. Comme un automatisme, ils se dirigeaient vers la salle de projection. Tous les ans, Elijah arrivait à s'enfuir de celle-ci mais cette année les portes arrières étaient fermées, signifiant qu'il ne pourrait pas fuir.
Et ça lui provoquait une grande anxiété.
Elijah ne pouvait supporter d'être dans une salle de projection, enfermé, collé à d'autres personnes. C'était une grande source d'angoisse mais les professeurs ne voulaient jamais rien entendre.
Il n'allait plus dans les cinémas depuis son enfance pour des raisons que lui seul comprenait mais pourtant, l'établissement ne voulait pas accepter sa faiblesse et son malaise.

Quand la ville a explosé Où les histoires vivent. Découvrez maintenant