Chapitre 4

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Mais c’était mal connaitre notre commissaire.
 
- Et pourquoi ce ne serait pas une bonne idée ?... De toute façon, il est hors de question que je vous laisse repartir. Il est tard et vous aussi vous êtes fatigué !
 
- Vous n’êtes plus en service Commissaire, je n’ai pas à obéir à vos ordres !
 
- Peut-être Pascal, mais vous êtes dans MA voiture ! dit-elle en prenant les clés sur le contact, fière d’avoir été plus rapide que lui.
 
Roche, surpris, n’eut pas le temps réagir et pesta.
 
- Pfff ! Allez Florence, rendez-moi ces clés ! dit-il en prenant un air suppliant.
 
Elle sourit intérieurement mais ne se laissa pas prendre à son petit jeu. Elle ouvrit sa portière, descendit de la voiture et se pencha pour lui parler.
 
- NON !… Alors maintenant Capitaine, vous avez le choix… soit vous faites votre tête de mule et vous dormez dans cette fichue voiture mais les nuits sont un peu fraiches en ce moment, soit vous arrêtez d’être borné et vous rentrez avec moi.
 
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre, qu’elle claqua la portière et partit en direction du chalet.
 
Résigné, Roche souffla et sortit de la voiture. Il arriva à la porte d’entrée et s’arrêta sur le pas de la porte. Cassandre avait laissé la porte entrouverte, il l’aperçut retirer sa veste, puis elle laissa glisser son gilet qui fit apparaitre ses épaules dénudées. Il restait immobile, à la voir ainsi son cœur s’emballa. Il avait peur de ce qui pourrait arriver s’il rentrait, il avait tellement envie de pouvoir la serrer dans ses bras mais jusqu’ici elle résistait. Bien que ce soir, elle avait un peu baissé les armes, il s’attendait à ce qu’elle remette des barrières entre eux comme elle l’avait fait après leur premier baiser. Cette femme était tellement imprévisible.
 
Elle était dans la cuisine à préparer quelque chose, puis se retourna. Elle l’aperçut immobile à l’entrée, elle capta son regard.
 
- Vous comptez dormir sur le paillasson ? dit-elle en riant.
 
Roche se ressaisit et entra dans la maison. Il déposa sa veste au porte-manteau et la rejoignit. Elle continua à s’activer en cuisine.
 
- Qu’est-ce que vous faites ? Vous avez encore faim ? la questionna-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.
 
- Je me fais une tisane. Vous en voulez une ?
 
- Ah ! Allez pourquoi pas, au point où j’en suis. Dit-il fataliste.
 
Elle rit intérieurement mais ne se retourna pas. Elle marqua un point de plus.
 
Il prit place à la table de la cuisine et l’observa préparer les tasses, elle ouvrit deux sachets de tisane et en mit un dans chacune des tasses. Elle était de dos et sentit le regard de Roche posé sur elle.
Il admirait sa longue chevelure rousse ondulée qui retombait sur ses épaules. Cette robe noire lui allait à ravir, en réalité, peu importe ce qu’elle portait, il la trouvait magnifique. En fait, il réalisa qu’il était chanceux d’être là maintenant.
 
Cassandre, de son côté, n’était pas encore très sûre de la suite qu’elle voulait entre eux mais elle était tellement bien lorsqu’il était près d’elle que ce soir, elle se sentait prête à avancer avec lui.
 
Elle se retourna et son regard plongea dans celui de Roche. Elle lui sourit mais ne dit rien, il ne résista pas longtemps et lui rendit son sourire. Elle déposa les tasses sur la table et sortit des petites cuillères du tiroir.
 
Ils devaient attendre que l’eau chauffe, un silence un peu gênant commença à s’installer. Le telephone de Cassandre bippa, elle quitta la cuisine pour aller voir son téléphone poser sur une tablette, puis se dirigea vers le salon en scrutant son écran. Une fois le message lu, elle se planta devant la baie et regarda dehors. Il faisait déjà bien nuit mais les rayons de lune lui permettaient d’apercevoir le paysage. Elle croisa les bras et resta immobile et pensive.
 
Roche ne savait pas trop quoi faire, le temps lui paraissait un peu long. Il se leva et s’approcha sans bruit de Cassandre, tout en restant en retrait, il regarda également le paysage.
 
- C’était bien ce que vous leur avez dit ce soir. Dit-il pour mettre fin au silence.
 
- Merci ! J’en avais besoin. Mais c’était aussi pour vous.
 
- Ah bon ? fit-il innocemment.
 
Elle se retourna instantanément et prit un air faussement vexé.
 
- Ne me cherchez pas Capitaine !
 
Il ne put s’empêcher de rire. Ils étaient maintenant face à face.

- J’ai passé une excellente soirée !  Avoua-t-elle.

- Ah bon ? Fit-il taquin.

- Vous savez être convainquant parfois !

- Ah oui ?!

Le temps s’arrêta quelques secondes, les laissant apprécier l’instant présent. Puis Roche reprit son sérieux et considéra que c’était peut-être le moment pour creuser un peu.
 
- Alors vous ne regrettez vraiment pas d’avoir laissé votre poste au 36 ?
 
Elle marqua un silence avant de répondre, tout en plongeant son regard bleu dans celui de Roche, elle voulait être le plus sincère possible avec lui.
 
- Ah non, pas du tout ! Aujourd’hui je pense même que c’est la meilleure décision que je n’ai jamais prise de toute ma vie. D’abord pour Jules, parce que si nous étions restés à Paris, dieu seul sait ce qu’il serait devenu. Et regardez-le aujourd’hui, il a tellement changé, je suis si fière de ce qu’il est devenu. Bon, même si parfois il m’agace lorsqu’il tente de m’extirper des infos pour ses articles, je ne changerai rien.
 
- En même temps, il aurait tort de ne pas essayer, tout le monde n’a pas une commissaire comme maman !
 
- Ouais, c’est sûr !
 
- Et pour vous ? C’était aussi la meilleure décision ?

Les battements de son cœur s’accélérèrent un peu.
 
- Oh que oui ! Ici j’ai découvert ce qu’était véritablement une équipe, une équipe où tout le monde se soutient et prend soin des autres. A Paris, tout le monde est tellement faux, c’est con hein, mais je m’en suis seulement rendue compte quand j’y suis retournée, il y a deux ans, pour cette… fête de promo de l’école de police. Ils étaient tous là, l’air hautain, à me dévisager, je ne me sentais plus à ma place. Non, ma place est ici. Ici, je me sens appréciée pour ce que je suis et pas pour le poste que j’occupe. J’y ai trouvé plus qu’une équipe, j’y ai trouvé des amis, de vrais amis.
 
- C’est vrai, vous faites partie de la famille maintenant.
 
La bouilloire avait sifflé depuis un moment mais ils étaient tellement dans leur conversation qu’ils ne l’avaient pas entendue. Cassandre aperçut la fumée de la vapeur et se dirigea vers la cuisine. Elle servit l’eau, Roche s’avança vers le bout de la table. Cassandre était sur l’autre bord de la table, à la gauche de Roche.
 
Elle tenait sa tasse entre ses mains et sourit en tournant sa tête vers Roche.
 
- Je suis contente que vous soyez là ce soir Pascal.
 
Il haussa les sourcils, surpris d’entendre cette phrase dans sa bouche. Il s’avança pour s’accouder à la table et se rapprocher un peu plus de Cassandre.
 
- Vous êtes une femme surprenante Florence !
 
Elle se contenta de sourire. Mais maintenant qu’elle lui avait parlé d’elle, elle souhaitait en savoir plus sur ce qu’il n’avait pas voulu dire lors de la soirée.

Soirée entre amis - Cassandre & RocheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant