Chapitre III

277 11 3
                                    

Nous avions repris lentement notre marche.
Je sentais pourtant que Max était tendu,sans doute se demandait-il comment nous allions faire pour payer le tribut.
Moi je me contente de baisser les yeux.
Exa m'avait expliqué que c'était la meilleure façon d'éviter les problèmes,et pourtant je ne savais pas de quel genre de problème il parlait.
Mais je m'en fichais,ça ne faisait jamais qu'une absurdité supplémentaire.
Cet endroit était malade.
Ses habitants aussi.
Les fruits des arbres étaient pourris,l'air toxique,l'eau glacé et le soleil inexistant.
Les mêmes nuages noirs masquaient inlassablement le ciel.
«Max,il ne va pas tarder à faire nuit.Nous devrions rentrer.»
«Nous avons encore deux heures c'est suffisant.»
Deux heures c'était trop peu.
Sans compter que en plus...
Le tonnerre retentit bruyamment.
«Max rentrons !»
«Ce n'est rien.»
Je sentis alors une main poisseuse se poser sur mon épaule.
«Où aller vous comme ça tous les deux ?»
C'était Lucas.Un garçon d'une dizaine d'années mort de la variole il y avait longtemps.Il avait dut grandir seul,ici.
Il était petit et rondouillard,son passe temps favoris consistait à voler les gens.
Je ne l'aimais pas non plus.
«Lâche moi !»
«Va jouer ailleurs Lucas !»
«Du calme tout les deux,j'ai une chose intéressante à vous dire; figurez vous que les tributs vont augmenter d'ici le mois prochain.»
Max avait les yeux exorbité.
«De combien ?»
«Je ne sais pas.»
Il recula et parut presque gêné.
Lui non plus n'en menait pas large.
«Comment est ce qu'on va faire ?»
«Je ne sais pas non plus.»
C'était facile,songeais je.
Pénélope -notre Reine- se moquait bien de savoir comment,seul compter le résultat final.
Mais ce n'était pas juste.
Pas juste pour nous,je me rappelais alors une des phrases d'Exa; "la justice n'existe pas,c'est juste un concept inventé pour faire croire aux hommes qu'ils peuvent maîtriser leurs semblables.La justice est factice."
Il avait raison.

La maison muetteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant