La maison muette

Chapitre VIII

Le garde me jeta un regard méprisant.
«Votre Altesse,elle est ici.»
«Bien,tu vas venir avec nous fillette.»
«Et si elle n'en a pas envie ?»
C'était Exa qui avait parlé,calmement.
«Crois tu que j'ai besoin de son avis ?»
Je ne saurais dire ce qui m'a pris mais il m'a très clairement semblé que j'ai agi précipitament.Sous le coup de la colère.
Le mieux aurait été que je ne fasse rien.
Que je me contente de la suivre.
Mais une rage sourde s'était emparé de moi.
Je n'avais rien,ni personne à part les jumeaux.
J'étais seule dans leur monde terrible.
Alors non ! Je refusais qu'elle me sépare de ma seule famille.
Je reculais et d'un mouvement brusque la frappait au visage.
Elle se mit à crier.
Le garde se jeta sur moi,mais Max le maitrisa rapidement.
En fait il l'étranglait,avec violence.
De sa gorge sortait un cri sourd,semblable à celui d'un animal blessé.
«ø'kìt.»
Je sentis alors Exa me soulever,par les aisselles.
«Max on file.»
Celui ci ne se fit pas prier laissant tomber le garde à terre.
La "fausse" Pénélope nous regardait de loin,immobile.
«Pourquoi elle ne nous suit pas ?»
«On s'en moque,il faut prendre le Train.»
«Le Train ?»
«Celui qui mène à Outremonde.»
«Mais...»
«C'est le seul endroit où elle ne peux pas nous suivre.»
Nous continuâmes à courir jusqu'à en perdre le souffle.
La gare était située prés de La Mer Morte,il n'y avait que deux trains,menant soit à Outremonde soit ici même.
Il me semble que nous n'étions plus très loin.
Déjà je voyais le quai avec le Contrôleur,un homme petit et gras qui portait un costume vert bouteille.
Max s'approcha et lui demanda;
«c'est pour quand le prochain départ ?»
«Pour quand vous voudrez.Cela fait si longtemps que ces trains sont là,sans bouger.»
«Pouvons nous partir maintenant ?»
«Si vous le voulez.Où allez vous ?»
«À Outremonde.»
«Je vois.Venez.»
Il nous guida jusqu'à l'entrée d'un grand wagon et nous y fit monter.
La décoration était sobre; des banquettes en vieux cuir et des affiches représentant des humains qui riaient.
Il ferma lentement la porte et vint se placer devant nous.
«Nous pouvons partir.»
Aussitôt le Train se mit en marche.
«Mais vous ne conduisez pas ?»
«Oh,vous savez,le Train préfère le faire seul.»
Et d'un pas lourd nous le vîmes se diriger vers la cabine.
Exa posa sa tête contre la vitre,tandis que Max fermait les yeux.
Je regardais par la vitre,dehors on pouvait voir des brasiers allumés.
Comme au temps des Purges.
Une phrase que m'avait un jour dit Lucas me revint en mémoire:
«oublie pas de survivre.»
Je murmurai pour moi même; «non,je ne vais pas oublier.»