Chaque impact signalait des pluies de gravillons et des projections de terre. À l'époque lorsque j'étais petit, j'avais une phobie qui me nouait la gorge, une peur infatigable des nuits tourmentées d'été. Chaque soubresaut de lumière était suivit d'un bruit sourd, provenant des entrailles du ciel. Un bruit que je redoutais auparavant mais auquel je me confrontais maintenant quotidiennement. J'affrontais mes peurs et mes doutes, une fierté du front. Cet après-midi était particulièrement pénible, les nuages noirs camouflaient des balles qui dans un sifflement faisaient s'envoler des âmes rendues. Celles-ci iraient sans doute rejoindre le sombre nuage qui nous surplombait... Des cris et des insultes retentissaient, aussi désagréables que des crissements de dent. J'observais pantois, comme s'il s'agissait d'un film tragique, tout les visages qui affichaient une expression de terreur et de méfiance. Un sentiment contagieux, comme une épidémie de désespoir qui envahissait les tranchées. Je marchais sans voix tandis qu'un général hurlait sur des soldats paniqués. Un spectacle désastreux, inhumain. Devant moi, un homme déambulait, le dos ankylosé par la fatigue. Je fermais les yeux, le doigt sur la gâchette, priant Dieu que tous ceci s'arrête... En réponse, une énorme secousse accompagnée d'une vague de débris et de sang se fit annoncer. Un bruit étrange que je n'avais jamais pu entendre de si près me fit frissonner. En grêle, des cailloux me tombèrent dessus, faisant résonner mon casque et annonçant une immense vague de terre et de matériaux métalliques. Soudain, des particules parasites me piquèrent les yeux, la vague s'abattît, puis l'obscurité demeura.
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Damnés
Historical FictionUn étudiant avec une arme à feu, des grenades dans les poches et la mort sur la conscience. La guerre est parfois injuste et inhumaine. Embourbé dans un amas de terre, ce soldat de 21 ans revis les scènes de ses derniers jours, constate la réalité...