Prologue : L'Épreuve

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Tout avait commencé ce matin-là, ce matin où Laïs partit. Elle ne le savait pas, mais ce moment avait radicalement changé le cours de sa vie.

Ce matin-là, Laïs allait à la piscine avec sa classe, comme tous les lundis. Elle sentait quelque chose remuer au fond d'elle, quelque chose qu'elle ne connaissait pas. Elle avait peur, même si elle s'était bien gardée d'en parler à qui que ce soit. Tout ce qu'elle ne connaissait pas lui faisait peur.

Ses amies, loin d'être bêtes, remarquèrent son mal-être, et elles se questionnèrent sur l'apparition brutale de cette humeur particulièrement mauvaise.

- Vous pensez qu'elle est possédée ? demanda, dans la rue, une fille portant d'effrayantes chaussures hérissées de pics en métal.

- Dis pas n'importe quoi, Mylène ! s'écria une autre fille, blonde, d'un ton cinglant.

Laïs, loin devant, ne savait pas qu'on parlait d'elle dans son dos. Si elle l'avait su, elle aurait sans doute piqué une crise de nerfs comme elle savait si bien en piquer.

- Et puis, reprit la blonde, t'es la seule à y croire, à cette histoire. Elle a dû mal dormir, c'est tout. Pourquoi tu vas toujours chercher des explications à coucher dehors ?

Mylène esquissa un sourire cruel - sûrement son premier sourire de la journée – puis accéléra le pas pour se retrouver en tête de file, quelques mètres devant Laïs.

Arrivés à la piscine, les choses suivirent leur cours normal : les filles et les garçons allèrent se changer chacun dans les vestiaires qui leur étaient destinés, puis prirent une douche avant de se mouiller les pieds et de rentrer dans l'eau glacée. Les professeurs avaient prévu des jeux pour s'échauffer dans le petit bassin car le grand était déjà occupé. Les élèves aimaient beaucoup ça en général, et suivirent les directives avec plaisir.

Mme Massineaux se réjouissait de voir ses élèves rire et barboter dans l'eau. Mais pourtant, quelque chose n'allait pas. Laïs, habituellement motivée et souriante, se montrait plus renfrognée que jamais. Elle se tenait à l'écart des autres élèves et regardait tristement l'eau chlorée venant mouiller ses chevilles, les yeux perdus dans le vague.

Une des amies de la jeune fille s'avança et, à la demande de la professeure, tenta de comprendre son comportement :

- Ça n'a pas l'air d'aller. Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu vois bien que je me porte à merveille, non ?

- Non, justement ! Tu adores l'eau, en temps normal. Et puis là, tu restes sur le bord du bassin, à rien faire.

Laïs prit une grande inspiration, pour garder son calme, ce qui retint l'attention de l'autre. Elle en avait marre, marre de marre, d'avoir toujours quelqu'un collé à elle, qui venait la harceler dès qu'elle avait un coup de moins bien. Puisqu'elle n'avait aucune difficulté à comprendre ce qu'on lui expliquait du premier coup, elle fut dépassée par l'incapacité de son amie à démontrer la présence de telles facultés.

- Si je te dis que je vais bien ! Il faut que tu arrêtes de croire que j'ai toujours besoin de toi. T'es mon amie, je sais, mais j'ai besoin de rester seule, de respirer, et là, tout de suite, j'ai juste envie que tu dégages.

L'autre ouvrit la bouche et sur son visage vint se placer un masque d'incompréhension qui eut le don d'agacer Laïs au plus haut point.

- Je ne veux que ton bien, et toi, tu me cries dessus ! Je vois bien que quelque chose ne va pas. Je suis en droit de savoir, tu ne crois pas ?

- Calmez-vous, toutes les deux ! cria Mme Massineaux, voyant que la situation ne se déroulait pas comme ce qu'elle avait souhaité.

Mais ses cris se perdirent dans le brouhaha que produisaient les jeux des élèves, ce qui n'apaisa pas la colère des filles qui, de son point de vue, ressemblait à des chamailleries totalement inutiles :

L'Institut AndromédaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant