Chapitre 4 : Axel

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L'après-midi même, Aristote nous convoqua tous dans son bureau. Il semblait que le vieux directeur n'était plus aussi serein que tout-à l'heure, quand il disait que la colère de Pablo était temporaire et que tout cela allait passer, ce qui, d'ailleurs, n'étonnait aucun d'entre nous. Tout s'est passé si vite ! J'avais l'impression d'avoir vécu un film en accéléré.

Nous entrâmes donc dans le bureau du directeur et prîmes place dans les confortables fauteuils. Aristote nous proposa de boire quelque chose, mais aucun d'entre nous n'avait le cœur à prendre une tisane. Tous savions ce qui arrivait. Une mission. Difficile, certes, mais très importante. De plus, aucun d'entre nous ne pouvait se permettre de laisser passer une chance pareille : faire nos preuves pour pouvoir obtenir une formation d'andromède de Combat. Notre rêve à tous. Enfin presque à tous. Il y a dans cette salle des andromèdes qui refusent d'abîmer leurs petits ongles roses en se battant. Voyons, ce n'est pas digne d'eux...!

Aristote prit la parole, perçant le silence pesant qui s'était installé dans le bureau.

- Je demande à tous ceux qui ont en dessous de quatorze ans de sortir.

Toutes les personnes concernées quittèrent la pièce. Toutes, sauf Merlin. Ce dernier resta confortablement assis dans son fauteuil rouge,% de velours. Il défia Aristote du regard. Personne n'osait esquisser le moindre geste, prononcer le moindre mot. Nous craignions tous la colère du vieux directeur.
Trente secondes s'écoulèrent ainsi. Peut être plus.

- Non. Je ne sortirai pas.

C'était Merlin qui avait parlé, d'une voix calme et posée, sans détourner son regard de celui d'Aristote. Son ton était tranchant et ne laissait place à aucun débat, aucune discussion. Je le pensais déjà avant mais là... Merlin est suicidaire. Ça y est, j'ai enfin des preuves !

Aristote souffla, de manière résignée. Il demanda alors, d'un ton particulièrement doux :

- Pourquoi ?

Nous nous tournâmes tous vers le jeune homme, mais ce fut le directeur qui continua :

- Dis-moi, Merlin. Dis-moi pourquoi je devrai prendre le risque de te perdre. Toi, encore si jeune et si puissant ? Toi qui...

- Non, le coupa Merlin. N'inventez pas des excuses pour ne pas me prendre avec vous. Le vérité, c'est que vous n'avez pas confiance en moi ! cria-t-il avec colère.

Il s'était levé et dominait Aristote de toute sa hauteur. Le vieux directeur lui jeta un regard surpris, qui se mua bien vite en une évidente désapprobation.

- Ce n'est pas le problème et tu le sais très bien. C'est tellement plus simple de m'en vouloir. Mais c'est injuste. Et, encore une fois, tu le sais.

-Non, je ne le sais pas ! Il n'y a rien à savoir ! Pour cette mission, vous acceptez des gens qui ont à peine un an de plus que moi ! Et qui, en plus, ont moins d'expérience. C'est injuste !

- Merlin, tu n'as aucune certitude qu'il s'agit d'une mission. De plus...

- Alors là ! Vous me prenez vraiment pour un con !

 - MERLIN ! hurla Aristote, hors de lui.

Nous tous nous faisions tout petits dans nos sièges.

- Là, ça dépasse les bornes ! Tu sors d'ici, et tu es privé de sortie et de cours d'EPS pendant deux semaines ! Sors d'ici ! ajouta Aristote, voyant que Merlin ne bougeait pas.

Ce dernier se leva brusquement, pris son sac et le jeta sur son épaule, avant de quitter la pièce en claquant la porte.

Aristote soupira de déception et se passa la main dans les cheveux, en signe de résignation.

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