Ce qui ne nous tue pas - Livaï x OC

V. Prise de repère

Dès le lendemain de l'arrivée d'Hannah au QG du bataillon, la routine d'entraînement avait repris pour l'escouade de Livaï. Les quatre membres d'origine s'attelaient à leurs exercices habituels tandis que le Caporal supervisait Eren de très près. Le pauvre n'avait pas un moment de répit et son supérieur se montrait sans pitié. Mais Hannah avait vite compris que ce n'était que pour son bien à lui. Il devait être capable de se défendre d'une part, mais également de contrôler son pouvoir. À cet égard, ses progrès n'avançaient pas beaucoup car l'escouade attendait le retour de la cheffe Hanji pour reprendre les expériences « titanesques ». Suite à l'attaque sur ses deux cobayes, elle était retenue à Karanese, mais ne tarderait pas à rentrer.

Quant à elle, pas grand-chose n'occupait son temps si ce n'était observer l'escouade de loin et réfléchir à cette expédition, en attendant que le Major ne les rejoigne pour que la véritable planification ne commence. Elle était grandement préoccupée par sa discussion avec le Major. C'était un homme intelligent, et elle connaissait son goût du risque, mais elle n'avait jamais pensé qu'il puisse mettre en péril la vie de ses soldats dans une mission suicide de ce genre. Et le Caporal cachait même les détails de l'opération à sa propre escouade, n'avait-il aucune confiance en eux ? Probablement qu'il était convaincu de leur innocence, mais ne pouvait se permettre le moindre risque, quitte à les mettre en danger pour protéger Eren. 

Elle n'avait pas menti à l'escouade en disant qu'elle ne les embêterait pas dans leurs affaires. Bien qu'elle ne soit pas réellement ici pour garder un œil sur Eren, elle n'avait pas envie de s'imposer à eux. Si bien qu'elle les observa s'entraîner de loin, puis elle était rentrée dans le QG pour faire le tour du propriétaire, ce qui l'avait occupé un moment. Elle avait même trouvé un vieux piano dans une pièce emplie de toiles d'araignée et avait tenté d'en jouer un peu. De par son éducation de fille de l'aristocratie, elle avait eu droit à un précepteur, ainsi qu'à des leçons de musique et de chant. Le solfège est un langage qu'elle comprenait avec facilité. Bien que difficile d'accès au départ, c'était un outil merveilleux lorsqu'on s'ouvrait à lui. La harpe et le piano étaient deux instruments qu'elle maîtrisait bien.

Malheureusement, lorsqu'elle commença à balader ses doigts sur le clavier, elle s'aperçut que sa mélodie sonnait bien fausse. Il était complètement désaccordé. Mince... Avec un peu de chance, en fouillant dans les caisses protégées de la poussière par des draps, elle pourrait trouver ce dont elle avait besoin. Accorder un piano n'était pas une mince affaire. Deux ingrédients étaient indispensables. Du bon matériel, et du temps. Beaucoup de temps. Ça tombait bien, du temps elle n'avait que ça. Elle passa un moment à fouiller toutes les caisses et les placards abandonnés qui traînaient dans le coin. Après quelque temps de recherche, elle brandit une fourche en métal dans un petit cri de victoire. Elle avait trouvé le diapason. Lorsqu'elle eut réuni tous les outils. Elle dépoussiéra entièrement le majestueux instrument en bois avant de l'ouvrir et commencer son travail. 

Une demi-heure plus tard, elle n'en était pas au quart de son ouvrage. Elle appuyait frénétiquement sur les touches, écoutant attentivement leur son, les yeux fermés. Et répétait encore, et encore, jusqu'à ajuster à la sonorité qu'elle jugeait correct, puis passait à la corde suivante. Sa concentration était telle qu'elle n'entendit rien des pas feutrés qui passaient la porte derrière elle. 

- Vous avez l'air douée de vos mains. 

Elle sursauta en rouvrant les yeux pour trouver Petra qui l'observait avec un sourire en coin. 

- J'ai entendu du bruit, et je m'interrogeais sur ce que c'était. Navrée de vous le dire, mais ce n'est pas très mélodieux. 

Hannah éclata d'un rire cristallin devant la pique de la rouquine. Elle défit la pince qui retenait l'une des cordes avant de la poser sur le clavier pour prendre une pause.