Ce qui ne nous tue pas - Livaï x OC

XXXIV. Honneur et dévotion

Les retrouvailles avec Nile ne furent pas réjouissantes. Il n'avait pas vu sa subordonnée depuis qu'elle était partie travailler à Trost, bien qu'il eût des rapports hebdomadaires sur son travail. Lorsqu'il vint à sa rencontre devant la salle d'audience du palais, elle n'avait pas l'air particulièrement heureuse de le voir. Pas mécontente non plus. Seulement, il lui trouva une morosité très inhabituelle, et elle était blessée. Sous sa veste, il apercevait une attelle d'épaule qui lui barrait le torse. Lorsqu'il lui posa des questions sur son humeur, elle se contenta de lui répondre qu'il allait vite comprendre.

Durant l'audience, Hannah resta en retrait, tout au bout de la table réservée aux brigades spéciales. Elle ne voulait pas être ici. Onze jours s'étaient écoulés depuis la reprise de Shiganshina. Tout ce temps, Eren et Mikasa avaient été enfermés en punition de l'insubordination dont ils avaient fait preuve à l'égard du Caporal-chef Livaï. Pendant ce temps, Hansi et Armin s'étaient employé à lire l'entièreté des trois recueils de Grisha Jaëger, et d'en compiler toutes les informations cruciales. Le Caporal lui, avait disparu de la circulation jusqu'à aujourd'hui. Depuis leur retour, ils ne s'étaient pas parlé. Pas un mot n'avait été accordé du côté de Livaï, à croire qu'il prenait grand soin à éviter le moindre contact avec le Sergent qui commençait à trouver ça difficile à supporter. Durant l'audience, il ne dit pas un mot non plus, laissant la parole au Major. Il était si étrange de qualifier ainsi Hanji.

Nile arbora un air sceptique pendant tout le discours d'Hanji, comme s'il ne voulait pas croire à ses paroles. Lorsqu'il tourna la tête vers Hannah, elle lui adressa un regard noir, signe que l'heure n'était pas à la méfiance. Elle s'était battue suffisamment longtemps pour lui ouvrir les yeux, il n'était pas question qu'elle en revienne là. Son attention était entièrement attirée par Livaï, assis au premier rang devant la Reine. Sa présence suffisait à la perturber, alors qu'elle crevait d'envie qu'il lui parle depuis des jours. S'en voulait-il ? De la rancœur, il n'y en avait aucune de son côté. Elle ne le pensait pas capable d'aller si loin pour la garder en sécurité, mais avait conscience que ça n'avait pas été un plaisir pour lui de lui faire subir ça. Quelque part, elle s'en voulait presque de l'avoir poussé si loin hors de ses limites. Ironique, quand on pense que c'était elle qui avait l'épaule en vrac. Ou alors, il était toujours en colère du fait qu'elle lui ait caché la vérité.

À la fin de l'audience, Historia décida que ces informations seraient révélées au grand public, que le peuple méritait de connaître la sinistre vérité. Avant de se quitter, elle annonça également une remise de médailles d'honneur à ceux ayant contribué à la victoire de l'humanité. Elle énuméra les noms de chaque soldat du bataillon qui allait faire l'objet de ce privilège. Lorsque son nom fut prononcé aussi, le Sergent leva vivement la tête. La souveraine estimait que ses travaux avaient largement contribué au résultat de cette mission, et elle souhaitait également la remercier pour l'aide apportée au bataillon ces derniers mois. Le choc s'empara d'elle, puis la honte. Sans perdre une seconde, elle se leva pour prendre la parole sous le regard curieux de la Reine.

- Majesté, commença la brune qui ne regardait que le sol devant elle, je vous remercie chaleureusement de l'appréciation que vous apportez à mon soutien. Mais, sauf votre respect, je dois refuser les honneurs.

Historia ne demanda pas pourquoi lorsque le Sergent se rassit, mais elle avait une petite idée. Aussi, après un moment de silence pendant lequel toute l'assemblée regardait Hannah avec des yeux exorbités, elle n'insista pas et respecta son choix. Elle annonça alors que la cérémonie aurait lieu trois jours plus tard.

Lorsque la séance fut levée, Hannah se leva dans l'espoir de parler au Caporal mais celui-ci fut plus vif. À peine avait-elle amorcé un mouvement vers eux qu'il passait à côté d'elle sans ralentir, Eren sur ses talons. La jeune femme ne comprenait pas son comportement qui la ramenait plusieurs mois en arrière, lorsqu'ils s'étaient rencontrés. Hanji qui arrivait posa une main compatissante sur son épaule, mais elle eut la décence de ne pas interférer dans leurs affaires.