l'amour... C'est pour tout le monde ?

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Nico soupire profondément alors que son cousin plutôt lourdingue l'observe avec des étoiles dans les yeux. Nico fronce les sourcils et lui jette un regard noir mais rien à faire, Jason Grace l'observe toujours en papillonnant sans aucune honte sous l'œil amusé de monsieur Bruner : leur cher professeur de Latin.

Nico Di Angelo soupire à nouveau et tente de se concentrer sur le cours qui traite de la mythologie, chose qu'il adore (la preuve en est qu'il a toujours son jeu de Mythomagic à quinze ans déjà).

-Qui peut me citer les douze travaux d'Hercule ?

-Mais monsieur on était sur Thésée !

-Je sais mais je vois que j'en perds quelques un donc voici le meilleur moyen de vous récupérer !

Son air jovial ne quitte pas son regard mais Nico mettrait ses deux bras à couper qu'il y a également un éclat de malice dans ses yeux. Il confirme son hypothèse en voyant monsieur Bruner rouler doucement jusqu'au fond de la salle. Jason, trop occupé à contempler son cousin d'un air niais, sursaute lorsqu'une large main se pose sur bureau et qu'une voix lui dit :

-Monsieur Grace, un problème avec Monsieur Di Angelo ?

Il fait un bond d'au moins dix mètre sous l'œil noir moqueur de son précieux cousin, retenant heureusement un cri. Toute la classe rit et le professeur lui dit :

-Cher monsieur citez-moi deux travaux d'Hercules je vous prie !

-Tuer l'Hydre de Lerne et capturer la biche aux bois d'airain.

-Excellent ! Je vois que les vidéos de votre cousin ne vous perturbent pas totalement.

Nico se fige et voilà que les rôles s'inversent encore, il est de nouveau mal à l'aise et Jason lui jette à nouveau ce regard brillant de fierté et d'admiration tandis que tout le monde chuchote. Monsieur Bruner semble réaliser l'ampleur de sa bêtise car il dit aussitôt :

-D'ailleurs vous devriez les mettre en ligne monsieur Di Angelo, vous avez un joli timbre de voix.

Nico esquisse un petit sourire et se détend relativement en voyant la tentative de son professeur. En conséquence il répond :

-Je préfère garder ça pour moi, c'était juste expérimental.

Plutôt précaire comme défense mais cela suffit pour que tout le monde détourne la tête et cesse de le dévisager comme s'ils n'en croyaient pas leurs yeux. Le cours se poursuit mais Nico note mentalement qu'il tuera son cousin à la sortie.

Et cette sonnerie tant attendue résonne une heure plus tard, libérant la salle de classe petit à petit. Monsieur Bruner, à son bureau, jubile gentiment devant la mine déconfite des élèves étant donné le devoir qu'il vient de leur donner.

Seul Jason semble aux anges ce qui attire l'attention du professeur. Aussi, lorsque les deux cousins le saluent il se permet de dire :

-Est-ce le devoir qui vous met en liesse ?

Nico bougonne un grand : « non » mais son cousin déclare fièrement :

-En partie monsieur ! J'ai une super idée !

Monsieur Bruner leur sourit et Nico ne peut s'empêcher de constater que cet homme est beau, il aimerai l'être autant que lui... Vieillir aussi bien mais il a vu son destin : Hart a beau être un bel homme, il transpire le mal-être et ce dernier a eu raison de sa beauté. Nico trouve ça superficiel mais il est bien obligé de reconnaître qu'il aimerait vivre heureux. Le regard perdu, il ne voit pas le sourire de monsieur Bruner s'effacer et encore moins son regard sur lui. Il fronce les sourcils et dit :

-Nico.

Le jeune garçon sursaute et le professeur lui répond :

-Je sais de quoi tu as peur... Tu sais, contrairement à certaine personne, je comprends très bien l'Italien.

-Hé ! Les paroles sont dispo en sous-titres Anglais !

Le professeur rit de la mine offusqué du jeune homme mais se calme bien vite sous l'œil brillant de Nico, le cœur de ce dernier battant à vive allure.

-Vous écrivez tous votre propre histoire, elle sera bien différente de celle de vos parents.

-Et... vous pensez vraiment qu'une personne comme moi peut trouver l'amour ?

Il se fige à cette phrase. Mais qu'est-ce qui lui a prit de dire ça ? Cela ne lui ressemble pas ! Il a sa famille, il n'a pas besoin de plus ! Mais le sourire tendre et les paroles de son professeur le rassurent et procurent une douce chaleur dans son esprit :

-Bien sûr.

C'est lorsqu'il dit ces mots qu'on toque à la porte. Les deux garçons se retournent comme un seul homme et aperçoivent une belle jeune femme rousse aux yeux noisettes, le visage pâle parsemé de tâche de rousseur, les cils roux et longs... Une beauté, un coquelicot dans toute sa splendeur. Elle porte un doux sourire en guise de plus belle parure et elle dit :

-Pardon je ne voulais pas vous déranger.

-Tu ne nous dérange pas du tout ma belle.

Son sourire s'agrandit et elle s'avance donc vers Chiron Bruner.

-Bonjour les garçons.

-Bonjour madame. Euh... Nous... On s'en va.

Sans un mot de plus et totalement stupéfaits, les deux jeunes gens s'en vont fissa, faisant rire le couple. La jeune femme passe une main dans les cheveux bouclés de son amant et lui dit :

-Tes élèves sont vraiment impressionnables !

-En même temps, tu es d'une telle beauté ! Une vraie déesse !

La jeune femme se renfrogne aussitôt et lui dit en lui donnant un coup dans l'épaule :

-Arrête ! Je n'aime pas ce parallèle !

-Je porte le nom d'un centaure, je peux me moquer !

Elle boude un petit instant durant lequel il quémande un baiser en s'excusant d'un air joueur et elle cède de bon cœur, l'embrassant à pleine bouche. Décidément, elle ne pouvait pas rêver mieux.

***

Lorsqu'il arrive enfin chez lui, Nico laisse tomber son sac à dos dans le couloir, adossé à la porte d'entrée il se perd dans le vide et le silence. Cette image lui reste en tête... Monsieur Bruner, un homme dans un fauteuil roulant a pu trouver l'amour alors même que beaucoup de femmes ont dû le regarder de travers. Alors pourquoi pleurnicher sur son sort alors qu'il a deux bras et deux jambes, tout à sa place ? Il soupire profondément avant d'inspirer et de tout relâcher. La pression s'en va. Le jeune homme ne pense plus à ces maudites vidéos qu'il a posté sur un coup de tête et dont son cousin semble si fier, il ne pense plus à rien...

Il se sent bien.

les enfants des Trois GrandsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant