Chap 6 : Noces bacchanales

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Il n’avait rien put faire. Endricksen avait été contraint à regarder, impuissant, sa pupille, qui n’avait toujours pas changé de forme, se faire embaumer l’esprit par des promesses d’un mariage réussi, vertueux et tendre. Le vieil ange avait fait son enquête, et son futur gendre ne lui semblait pas du tout adapté à sa petite Nathanaël. Au début, la jeune créature c’était montrée courroucée et réticente à se donner à un inconnu, et c’était plainte mainte fois auprès de son tuteur, qui devait se contenter de soupirer, la mort dans l’âme. Il se réconfortait en songeant qu’elle serait protégée par son statue de femme mariée, et qu’elle serait toujours non loin de lui. Il lui arrivait tout de même de passer des nuits à manger et boire comme un ogre pour calmer son angoisse constante. Nathanaël, candide, essayait de voir le bon coté des choses. Elle allait être aimée, choyée, câlinée, ce serait comme vivre avec un Endry dont elle avait le droit d’être amoureuse.

Le jour de l’Union, alors même que la future mariée n’avait encore jamais vu son promis, elle se laissait aux mains de son tuteur, qui serrait délicatement son corset et attachait ses cheveux avec des perles de nacre. Il lui plaça une couronne de lavande sur la tête, qui tenait son voile. Elle était belle, c’était au moins la fierté du vieil ange, qui avait l’affreuse impression de parfumer une jolie génisse avant de l’emmener se faire sacrifier sur l’autel. Il trembla un instant, et déglutit, se tournant pour prendre une grande gorgée dans une flasque opaque, remplie de whisky. Il poussa un soupir, et ouvrit un peu les bras en regardant la jeune femme. Elle sourit avec joie, ses grands crocs blancs donnant un air étrange à son visage doux, avant de se jeter dans ses bras, le serrant fort contre elle.

« Je t’aime Endry ! Je viendrai te voir souvent ! » fit elle

en regrettant un peu sa forme masculine, plus grande, plus pratique pour enlacer ce gros ours qu’était son tuteur. Mais elle avait beau se concentrer, jamais elle n’arrivait à retrouver cette forme là. Peu importe, elle embrassa tendrement la joue de son aîné, et frotta sa joue à son menton avant de retomber sur le sol, splendide. Le vieil ange soupira, lui caressant le visage d’un air aimant.

« Je t’aime aussi Nathanaël… je te souhaite d’être heureu...se, et ma porte te sera toujours ouvertes…. » murmura-t-il

en cachant la profonde tristesse dans ses yeux. La jeune mariée sourit encore, et se laissa guider vers la place que Metatron avait choisi pour la cérémonie.

Nathanaël se retrouva donc à avancer vers un homme d’une quarantaine d’années, à l’air dur et ennuyé. Elle laissa légèrement tomber ses oreilles en voyant ce visage si peu doux, et Endricksen, à son bras, dut la pousser un peu pour qu’elle continu d’avancer. Une fois l’un en face de l’autre, elle leva la tête vers lui. Leur différence d’âge la perturbait un peu, et en voyant la grosse main de son promis se poser sur sa taille pendant que Metatron récitait le pacte d’Union, elle eut un frisson d’angoisse, et ne put trouver réconfort dans le regard clair de son tuteur qui était assis derrière elle. Quand Metatron termina, et que l’homme, semblant se nommer Aragon, lui mit sans grande délicatesse une alliance au doigt, Nathanaël se crut tirée d’affaire, mais quand son mari leva son voile pour se pencher vers elle, la jeune créature ne compris pas grand-chose, n’aillant jamais été informée de la marche à suivre. Aragon lui prit le visage d’une main pour qu’elle ne recule pas, et l’embrassa sans amour quelconque, la pauvre enfant se crispant sans savoir ce qu’il faisait. Elle se laissa faire, assez effrayée, et le regarda d’un air perdu. Metatron les salua calmement, et dispersa la foule. Endricksen resta un peu, regardant le mari de sa pupille l’emmener vers un temple réservé aux nuits de noces. Il retint un nouveau tremblement et but encore une grande gorgée de sa flasque, se sentant comme un incapable. Il finit par rentrer chez lui, son immense demeure lui semblant bien vide sans cette tornade aux cheveux noirs.

De pourpre  et de mort  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant