Chap 9 : Le Juge

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« Nathanaël, James, Maria de Golden Words…. Je te condamne à la peine maximale… le Tartare. »

Les mots prononcés si durement, si froidement par le Juge résonnaient dans la tête d’Endricksen.

Cela avait été si rapide. Il n’avait pas même eut le temps de comprendre que Metatron avait empoigné sa pupille par les cheveux et l’avait traînée devant la cours suprême. Le petit pyjama encore dans les mains, Le vieil ange assistait, impuissant, à ce qu’il n’avait encore jamais vu au Paradis. Un ange banni pour crime atroce. Tout ce mélangeait dans sa tête. Colère, désespoir, peine, tristesse, deuil, haine, peur, effroi… Voulait-il vraiment voir Nathanaël disparaître ? Il lui avait hurlé des choses affreuses, il aurait voulu s’excuser, demander pardon du moins. Mais il n’en avait pas le temps, et ne l’aurait jamais.

Nathanaël, elle, ne pouvait s’arrêter de pleurer. Le monde était injuste. Elle n’avait jamais demandé à vivre, jamais à naître différente, jamais à se marier, ni avoir un enfant. Ses pensées furent interrompues par un violent coup dans la figure, précédé d’un claquement affreux. Le Fouet du Juge c’était abattu sur sa joue avec toute la puissance de la justice. Le sang gicla, et elle poussa un cris de douleur. D’autres anges lui donnèrent un coup dans le dos pour la faire ployer, et lui cassèrent les genoux pour la faire tomber en avant. Les hurlements de la si jeune créature redoublèrent. Metatron s’avança vers elle, et posa sa bottine à talons sur sa tête, appuyant.

« Prend ta forme masculine, monstre, tu es né ange mâle, tu tomberas ange mâle. » fit il.

Nathanaël se demanda bien ce que cela pouvait changer, mais obéit, et retrouva sa forme de jeune homme. Metatron eut alors un sourire féroce, serrant la poigne sur son fouet en relevant le menton d’un air de victoire.

« Attachez le. » claqua-t-il.

Les anges commencèrent alors à tirer sur les ailes blanches du cheveux-noir, et lui mirent leur pied sur le dos pour le maintenir sur le ventre le temps d’attacher ses ailes. Nathanaël, loin d’être sot, comprit rapidement ce qu’ils allaient faire. Il redoubla de sanglots, se mettant à hurler, jusqu’à brûler ses poumons et enflammer sa gorge.

« Endry !! Endry aide moi ! J’ai peur Endry ! Ne les laisse pas faire ça s’il te plaît !! »

Le vieil ange, les yeux larmoyants, fendit la foule pour entrer dans le petit vide où se trouvait son pupille. Il s’approcha de son petit, comme pour le relever et le sortir de là, mais prit rapidement aussi un coup de fouet en plein visage, le faisant vaciller.

« Reste en dehors de ça, vieux rouge. Tu n’es vraiment qu’un moins que rien, incapable d’élever un enfant qui n’est même pas le tiens. Recule, crevard, laisse moi faire mon travail, essaie plutôt de faire le tiens pour une fois. » grinça Metatron

d’un ton des plus tranchants. Il savait pertinemment où frapper. Endricksen était stérile depuis l’adolescence, et avait toujours énormément souffert de cela, ayant toujours voulu être père. De ce fait, il avait toujours éduqué les enfants des autres, et dans un sens, en avait toujours été très malheureux. Le Maître des Mots ne meure qu’en prenant sa retraite, et pour cela, il doit former un successeur, qui devait être normalement son fils. Fils qu’il n’aura jamais. Nathanaël était comme son enfant, mais ne le serait jamais aux yeux du Paradis.

Endricksen fut donc obligé de regarder son tout premier pupille se faire arracher les ailes, écouter ses hurlement de douleur, puis les bruits affreux qu’il émettait quand sa voix se brisait à force de crier. Le sang chaud dégoulina sur le sol sacré, souillant son blanc marbré pour venir lécher les pieds des anges autours, et du Maître lui même. On entoura alors la jeune créature de chaînes d’un or béni, incassable, Metatron attrapa Nathanaël par les cheveux, le soulevant du sol. Il claqua son fouet par terre, et un cercle noir se dessina sur les dalles de marbre du Palais de Justice. Le cercle s’ouvrit pour laisser échapper une odeur de cadavre, un trou infini dépourvu de toute lumière, de tout espoir, de toute joie, rien qui ne soit un semblant de bon ne s’y trouvait, des pleurs, des cris, des lamentations s’en échappait, et pourtant, il n’y avait rien, tout était vide là, en dessous.

Endricksen voulu se jeter en avant, tirer son petit loin de cette gueule de pétrole prête à l’engloutir, mais il se reprit un nouveau coup de fouet, le faisant tomber en arrière.

« Tu n’as pas le droit ! Il ne mérite pas ça ! Laisse le moi ! L… Laisse moi mon petit ! » cria le vieil ange,

tendant la main vers la créature. Il se prit un autre coup de fouet sur la main, le faisant gémir de douleur. Metatron eut un rictus, serrant sa main sur les cheveux du garçon.

« Ton petit ? Décidément… Tu es vraiment stupide. Ce n’est qu’un petit porcelet qu’on t’a confié en attendant l’abattoir. Qui d’autre qu’un vieux porc gros et gras comme toi pouvait s’en charger ? Le plan était magnifique. Tu en as fait un tueur. Comme tu es chanceux, Endricksen, d’être intouchable ainsi, je me serais fait un plaisir de te saigner comme le lard que tu es et te jeter avec ta bête hybride dans le Puis Noir…. La vie est injuste… »

Endricksen encaissa les mots comme on encaisse des coups, et essaya simplement de toucher son pupille abruti par la douleur, pendant mollement à la main du Juge. Il ne put qu’effleurer sa peau avant que Metatron ne l’éloigne d’un coup de pied, puis l’attention de l’Ange Suprême se porta à nouveau sur Nathanaël.

« Rendre au Mal ce qui est au Mal, immonde créature, raté des anges, tu n’es que déception et pourriture…. Nous te rendons à ta nature, en t’envoyant où nul n’en revient. Tu ne t’appelles plus Nathanaël, tu n’es plus un ange, tu n’es plus qu’une immondice putride, qui pourri avec ces pairs. Puisse Dieu pardonner tes actes. » susurra Metatron,

la voix mielleuse. Puis, d’un geste emplis de dédain et sous le cris d’Endricksen, il laissa tomber Nathanaël dans le Tartare. Un puis sans fond, le berceau de l’Enfer, ses tréfonds les plus acides, les plus brûlants, gardé par un monstre des plus effroyables…

Là allait croupir pour des milliers d’années l’enfant Cadeau de Dieu.

De pourpre  et de mort  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant