Chapitre 12

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La résidence secondaire de celui que William appelait le "maitre"  était un joli petit manoir bien entretenu avec des jardins et un grand portail de fer forgé sur une allée de graviers gris. La façade de pierres blanches ouvragées parsemées de nombreuses fenêtres laissant entrer la lumière du jour à l'intérieur semblait grandir à mesure qu'ils approchaient. Dans les yeux du professeur, nouvellement reconverti en guide, on pouvait lire une peur sourde due, sans aucun doute, au fait qu'il avait livré le "maitre" en pâture à ces deux adolescents. 

Lorsqu'ils arrivèrent devant les lourdes portes de bois, un majordome leur ouvrit. Le domestique, surpris de la venue de ces visiteurs incongrus, arqua un sourcil, ce qui ne fit qu'accentuer les rides de son front sous ses cheveux bruns. Ses yeux d'un gris acier examinèrent, les intrus, à travers les verres de fines lunettes aux montures argentées. Il reconnut William qui était à leur tête et ouvrit la porte un peu plus dévoilant un vaste hall aux murs clairs avec un large escaliers en son centre d'un bois foncé qui était lustré soigneusement. 

- Veuillez me suivre jusqu'au salon, dit le majordome. 

Tous les cinq le suivirent à travers les couloirs du petit manoir. Ils entrèrent dans une pièce en harmonie avec le reste de la demeure. Dès que ses hôtes furent installés, le domestique s'excusa et repartit les laissant seuls. 

Quelques instants plus tard, un homme à la silhouette élancée habillé de riches vêtements dans les tons clairs entra dans la pièce suivi de plusieurs petites bonnes qui portaient des plateaux avec des tasses ouvragées et des pâtisseries en tout genre.  L'homme qui semblait être le maitre des lieux leur sourit avec sympathie malgré le froid qui habitait ses yeux émeraudes, des mèches de cheveux acajou retombaient négligemment sur son front tandis qu'il s'installait dans un des fauteuils. Une fois, le balais des bonnes reparti, il prit la parole examinant avec attention ses invités inattendus. 

- Je suis ravi de vous revoir professeur Circo, pourriez-vous me présenter vos amis ? 

L'homme toujours vêtu de sa blouse, eut un air gêné mais s'exécuta sans rechigner et fit les présentations. 

- Ravi de faire votre connaissance comte de Phanthomhive et duchesse de Goldenblood, je suis le vicomte de Martres, commença l'individu un sourire accrochés aux lèvres sur un visage de marbre.

- Enchanté, répondit Ciel pour eux deux. 

- Que puis-je faire pour vous, répliqua le vicomte connaissant parfaitement la réponse à sa question.

- Nous avons appris, grâce au professeur, que vous hébergiez mon oncle que je souhaiterais rencontrer, dit Cassandra. 

- Il est indisposé pour le moment, je vous prie d'accepter mes plus plates excuses. 

Le sentiment de malaise qu'avait éprouvé Sébastian en entrant de la demeure ne fit qu'augmenter au contact de cet individu qui dégageait une aura particulière, indéfinissable. Il ne pouvait expliquer pourquoi mais il le dérangeait. 

- Qui êtes-vous, demanda soudainement Ciel. 

Il avait beau retourner la question dans tous les sens, il n'avait trouvé aucune réponse qui le satisfaisait pleinement. L'homme qui se tenait devant lui n'était pas le "maitre" puisqu'il connaissait le professeur et pourtant il se comportait comme si cette demeure lui appartenait. Alors qui diable était-il ? 

- Petit comte, vous êtes direct à ce que je constate, malheureusement, je suis dans l'incapacité de vous répondre. Qui suis-je exactement ? Je ne suis peut-être qu'un grain de sable ou bien une fourmi parmi tant d'autres. 

Il dit tout cela gardant affiché ce sourire dérangeant sur ses lèvres et continuant à les regarder de ses yeux si particulier. Il n'avait fait qu'embrouiller davantage ses hôtes tandis que le professeur ne put retenir un sourire moqueur. 

- A présent, des affaires m'attendent, je vous serai gré de prendre congé, continua le vicomte. 

- Nous partons, déclara la duchesse sans accorder une miette de son attention au garçon à ses cotés qui lui lançait un regard interrogateur. 

La jeune fille se leva, rapidement suivie de Ciel et après avoir salué leur hôte, ils remontèrent dans leur calèche. Ils remontèrent l'allée de gravier et dépassèrent les grilles de fer avant de tourner à droite. Une fois sûre qu'aucun résident du manoir habité par l'étrange vicomte ne puisse plus les épier, elle ordonna qu'on s'arrête. La voiture ralentit jusqu'à finalement s'immobiliser sur le bas-côté d'une rue de pavée grise  dans laquelle de nombreuses voitures roulaient ainsi que de nombreux passants issus de la petite bourgeoisie ou du peuple. Il y avait même quelques enfants vêtus de haillons qui croyait encore en la générosité du genre humain pour leur acheter des petites fleurs des champs ou leur donner une petite pièce alors qu'ils jouaient joliment de l'accordéon.

A l'intérieur de la calèche, coupés du monde extérieur par des parois pas plus épaisse que ça, tous écoutaient le projet de l'adolescente avec attention. 

- Mickael et Sébastian pourront nous faire entrer sans problème dans le manoir cette nuit, une fois à l'intérieur, toi et ton majordome explorerez le premier étage à la recherche de quoi que ce soit qui puisse nous être utile. Moi et Mickael irons au sous-sol. 

- Cela me parait envisageable, répondit le comte, mais comment comptes-tu être sûre qu'aucun des domestiques ne se baladent dans les couloirs. 

L'adolescente jeta un coup d'œil par la fenêtre, son regard s'accrocha sur le joueur d'accordéon qui semblait avoir une quinzaine d'année. Quoique, son âge était difficile à deviner à cause de la terre, de la poussière et de la suie collée sur son visage. A ses pieds était posé à l'envers un béret avec quelques pièces d'argent. Un peu plus loin, elle aperçut une herboristerie  à la façade sombre et sourit. Elle avait trouvé ce qu'elle cherchait : la distraction et la manière de la mettre en place. 

Le soir venu et le professeur laissé sous bonne garde,  nos quatre voleurs se faufilèrent par l'entrée des domestiques préalablement endormis par l'adolescent qui faisait la manche quelques heures plus tôt. La porte, conformément aux instructions, avait été laissée ouverte et le joueur d'accordéon avait déjà déguerpi sans demander son reste, trop heureux d'avoir de quoi se nourrir pour au moins deux semaines. 

Le manoir était plongé dans un silence presque inquiétant et surtout inhabituel. Les pièces qui semblaient si étroite de jour, avait gagné en profondeur et les bruits de pas qui, d'ordinaire, passaient inaperçus, semblaient se répercuter sur les murs et se répandre dans toute la demeure sans pour autant troubler le sommeil des habitants. 

Lorsqu'ils arrivèrent au large escalier dans le hall, ils se séparèrent. Ciel et Sébastian montèrent à l'étage, le petit humain tentant, du mieux qu'il pouvait, de marcher à pas de loup. Cassandra et Mickael se dirigèrent sur le côté de l'escalier et s'approchèrent de la paroi. Le majordome blond glissa ses doigts gantés sur les reliefs du bois et finit par entendre un déclic. Il avait déjà repéré le passage lors de leur visite plus tôt dans la journée grâce à son acuité visuelle supérieure à la normale. La porte cachée coulissa dans un bruit de légers cliquetis avant de dévoiler un passage sombre qui pouvait ressembler à l'entrée de l'antre d'un diable. 

The Goldenblood Duchess [fanfiction Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant