Chapitre 13

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Ciel et Sébastian marchaient depuis plusieurs minutes à travers les couloirs sombres, lorsqu'ils arrivèrent devant une porte d'un bois sombre et sculptée. Le majordome tourna doucement la poignée et ouvrit la porte prudemment avant d'y entrer, le comte sur les talons. Sébastian alluma la lumière et après plusieurs secondes durant lesquelles Ciel fut aveuglés par la lueur soudainement vive, il put enfin observer les lieux. 

Un grand bureau brillant trônait devant une fenêtre close. Sur le mur de droite, une bibliothèque contenant une impressionnante collection de livre en tout genre tenait courageusement son fardeau sans faillir. Sur la table de travail, il y avait une pile parfaitement empilée et dont aucune feuille ne dépassait posée près d'un cadre. Ciel passa de l'autre côté et s'installa sur le fauteuil au dossier de velours bleu assorti aux épais rideaux de part et d'autre de la vitre qui laissait entrer de timides rayons de lune. Il put voir la photographie enfermée dans le cadre derrière sa paroi de verre. C'était celle d'une femme aux longs cheveux d'ébène et à la peau pâle à en faire peur. Elle ressemblait déjà à un fantôme ou presque. Sur son visage amaigri, sans doute par la maladie, ses lèvres dessinait un fin sourire qu'elle adressait, comme pour le rassurer, au garçon assis sur ses genoux qui ne devait pas avoir plus de cinq ans et qui possédait les même cheveux sombres. Ciel finit par détourner le regard et s'attarda sur les tiroirs des bureaux qu'il ouvrit un par un à la recherche d'un quelconque document qui aurait pu l'intéresser. Après une dizaine de minutes, il dut se rendre à l'évidence qu'il n'y avait rien à dénicher. Déçu, il se leva et quitta la pièce suivi de Sébastian qui éteignit la lumière. 

En bas, Cassandra emboitait le pas à son majordome qui était entré en premier dans le sombre couloir. A peine quelques mètres plus loin, ils durent tourner vers la gauche, s'enfonçant plus profondément dans les entrailles du manoir. Ils débouchèrent finalement dans une pièce qui s'éclaira à leur entrée en même temps qu'une poupée de métal ne s'éveillait dans un coin de la pièce en ronronnant doucement. L'attention des deux intrus fut directement captée par cette forme humanoïde qui ne respirait pas. L'automate sortit dans un mouvement saccadé un fusil de chasse. Une balle en sortit en direction de l'adolescente qui ne la reçut jamais puisque le démon l'avait interceptée en plein vol. Pourtant, la créature métallique ne se découragea pas, elle arracha sa main gauche et, dévoilant une lame longue d'environ vingt centimètres, se jeta en avant d'un mouvement plus rapide qu'ils ne l'auraient pensé. Mickael ramassa un morceau de ferraille trouvé sur une table en bois qui semblait avoir souffert au fil des ans tellement elle était écorchée et tachée d'huile. L'automate y enfonça sa lame comme dans du beurre mais, d'un simple mouvement, le majordome immobilisa la créature. Alors qu'il pensait qu'il avait gagné, une pointe de métal sortit de l'épaule de l'automate et lui transperça le flanc. Le démon réagit presque immédiatement. Il décapita la poupée emplie de rouages avant de la démembrer afin d'être sûr qu'elle ne bougerait plus. L'automate s'écroula au sol dans un bruit métallique assourdissant et tressauta une dernière fois avant de s'immobiliser. Le majordome s'accroupit à côté et sembla perdu dans ses pensées durant  quelques secondes avant de se relever. Une tâche rouge s'épanouissait sur sa chemise et sa veste trouée. Sa peau qui était ouverte se referma et la plaie ne laissa aucune cicatrice.

La jeune fille observait la pièce avec minutie cherchant le moindre indice. Ses yeux se posèrent d'abord sur la table en bois du centre avant de vagabonder sur un tableau recouverts de formules ou de dessins  en tout genre faits à la craie. Ils s'arrêtèrent finalement sur la petite table la plus loin de l'endroit où elle se trouvait. Il y avait ce qui semblait être une lettre avec un sceau rouge vif brisé. Elle s'en approcha à grandes enjambées et reconnut sans peine le blason de la reine sur la cire durcie. Elle l'ouvrit avec ses doigts fins et déplia soigneusement le papier jauni par le temps. 

Elle ne comprit pas ce qu'elle lut et, enfouissant la lettre dans les plis de sa robe, continua à fouiller la pièce de fond en comble. Elle trouva finalement une boite, cachée sous une pile de métal, faite d'un alliage de métaux solides. 

- Saurais-tu l'ouvrir, demanda l'adolescente au majordome qui s'exécuta sur le champ. 

Cassandra le remercia et entreprit d'explorer son contenu. A l'intérieur, il y avait des liasses de lettres toutes cachetées du blason royale. Au fond, il y avait un petit dossier. La jeune fille s'en saisit et l'ouvrit mais déchanta très vite car tout le texte était rédigé en français. 

- Sais-tu lire le français, demanda-t-elle à Mickael. 

Ce dernier voyant son regard dépité de ne pouvoir le lire elle-même, afficha un sourire léger qui disparut quelques secondes plus tard. 

- En effet, je connais bien cette langue, répondit poliment le démon. 

- Bien, en ce cas, nous les prenons avec nous, répliqua l'adolescente, remontons voir si Ciel et Sébastian s'en sortent. 

A l'étage, Ciel et Sébastian continuaient leur exploration jusqu'à la pièce suivante. Ciel tenta d'ouvrir la porte mais sans succès. Son majordome lui fit signe de bouger et crocheta rapidement la serrure avant d'ouvrir la porte. A l'intérieur, il faisait aussi sombre que partout ailleurs mais on pouvait entendre distinctement une troisième respiration. Le majordome alluma la lumière qui fit à peine reculer les ténèbres enveloppant la pièce tant elle était faible.

C'était en réalité une chambre de taille moyenne, les murs étaient dans les tons pâles. Le centre de la pièce était occupé par un lit imposant  à baldaquin. La respiration saccadée qu'ils entendaient en plus de la leur venait du lit. Ils s'en approchèrent et découvrirent avec surprise un homme amaigri, en robe de chambre, prostré, le dos appuyé contre la tête de lit. Il avait replié ses genoux contre sa poitrine et les serrait avec ses bras. Ses cheveux bruns tombaient devant son visage tandis qu'il observait le croissant de lune à travers la fenêtre close. Il mit de longues secondes à se rendre compte qu'il y avait quelqu'un d'autres dans la pièce et lorsqu'il les vit enfin, il les détailla en silence sans montrer le moindre signe d'agressivité. 

Ciel fut hypnotisé par ses yeux perçants du même gris que ceux de la jeune duchesse et se souvint avoir vu son visage. Il l'examina à son tour avec minutie. Ses yeux semblaient fous et ils tremblaient légèrement. 

Ils furent tout deux interrompus brutalement dans leur examen par Cassandra qui venait d'entrer dans la pièce, tenant sous le bras une boite en métal. L'homme ne prit pas le temps de la dévisager comme il venait de le faire avec le petit comte, cependant, Cassandra ne mit pas plus d'une dizaine de secondes à le reconnaitre, lui qui avait jeté le malheur sur sa famille, lui qui avis juré de tuer tous les Goldenblood, lui qui était celui qui avait été le frère de son défunt père.  La boite qu'elle tenait tomba au sol dans un bruit métallique. Un nuage passa devant la lune, obscurcissant la pièce pour quelques instants, avant de continuer son chemin. Le faible rayon de lune éclaira le visage de l'homme ruisselant de sueur qui les regardait avec curiosité. 

- Qui êtes-vous, demanda-t-il, brisant le silence d'une voix peu assurée. 



The Goldenblood Duchess [fanfiction Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant