Chapitre 15

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- "Venez là où tout a commencé demain à 15 heure, vous pourrez récupérer votre petite protégée. Vicomte de Martres."

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Dans la pièce, un silence s'était installé. Il n'était pas spécialement pesant mais permettait à tous de réfléchir. La première à le briser fut la duchesse. 

- Ciel, tu peux aller dormir, dit-elle d'une voix lasse. 

Le jeune comte hocha la tête, se leva et quitta la pièce. Cassandra resta  penchée sur le bout de parchemin dont les mots commençaient à se mélanger à force de les relire. Elle en oublia la boite de métal. 

Lorsque le soleil commença à illuminer l'Angleterre de ses rayons incandescents, la petite duchesse se redressa sur son fauteuil dans lequel elle avait passé une nuit sans sommeil, penchée sur l'énigme. Elle en était arrivé à la seule hypothèse qui lui semblait vraisemblable. Tout avait commencé avec son oncle, c'était lui qu'elle devait interroger. En attendant, elle fit appeler son majordome, et lui ordonna de lui traduire le contenu de la boite ce qu'il fit avec une pointe de moquerie mal dissimulée dans la voix. 

- Ce sont les rapports d'expériences pour la création d'une arme, des automate.

Un peu avant midi, Ciel, Cassandra et Robert étaient réunis dans le petit salon, une tasse de thé à la main. 

- Pouvez-vous, nous raconter comment vous en êtes arrivé là, s'il vous plait, demanda la jeune fille à son oncle. 

L'homme au teint blafard et en peignoir hocha la tête et s'exécuta. 

- Je devais avoir dix-sept ans lorsque je découvris le revers de la médaille de la famille Goldenblood, j'avais trouvé la preuve que mon père vendait des pauvres gens qui servaient de chaire à canon pour tester des automates inventés par un savant fou pas beaucoup plus âgé que moi. Horrifié par cette découverte, je voulus en faire part à Scotland Yard malheureusement, beaucoup en tiraient profit et personne ne réagirait. Un des agents a rapporté l'incident à mon père, Louis de Goldenblood. Après, s'ensuivit une violente dispute de laquelle je ne sortis pas indemne. 

Il s'interrompit quelques secondes afin de prendre une gorgée de la boisson chaude qu'il tenait dans les mains et de reprendre son souffle. 

- Mon père ne voyait les petites gens que comme un moyen de créer une arme capable d'anéantir des dizaines de soldats. Peu de temps après, je fus trainé de force dans le Websemer Hospital et l'on me fit passer pour malade. Je devais avoir tout juste dix-huit ans. Depuis ce jour, je ne revis plus jamais ni ma mère, ni mon frère et ma rage contre mon père ne fit que grandir au fil des ans. Lorsque le directeur de l'hôpital me proposa de me venger après avoir passer presque la moitié de ma vie enfermé, j'acceptai sans aucune hésitation. Il me demanda de lui dessiner les plans de la demeure familiale et fit engager des mercenaires par le biais d'un homme dont je ne connaissais pas le nom. Je ne savais pas à ce moment-là que mon père n'était déjà plus de ce monde. Ce n'est que lorsque que je vis les premiers-titre des journaux que je me rendis compte de mon erreur. J'avais assassiné mon propre frère ainsi que sa femme et leurs deux enfants étaient portés disparus. Je m'enfuis de la maison de Websmer et me réfugiai chez un des amis, Louis de Vinston, que j'avais pu me faire dans la société secrète qu'il fréquentait. C'est lors d'une de ces réunions auxquelles il me trainait que nous nous sommes croisés, monsieur le comte. 

Il jeta un coup d'œil à l'adolescent qui l'écoutait attentivement et qui, interceptant son regard, hocha imperceptiblement la tête et l'invita à continuer. 

- Je m'étais lancé à la recherche des descendants de mon frère qui venait hanter mes songes toutes les nuits me demandant sans cesse : "Où sont-ils Robert, c'est de ta faute, retrouve-les." Malheureusement, c'est moi qui fut découvert le premier et qui fut enfermé dans le manoir où vous m'avez trouvé. Je ne sais toujours pas pourquoi ils ne m'ont pas éliminé. 

- Si ils vous avait éliminé, ils n'auraient jamais pu nous attirer jusqu'à ce manoir et donc enlever Marguerite, rétorqua Ciel, ils avaient tout prévu. 

- Nous partons pour l'hôpital, déclara Cassandra, Robert vous restez ici, vous ne feriez que nous ralentir. 

Ce dernier accepta sans broncher car si il savait qu'il aurait été totalement inutile.

 Alors qu'il regardait la calèche s'éloigner, il pressentit qu'il ne reverrait jamais sa nièce et une perle d'eau salée roula le long de sa joue. 

Il avait échoué. 

Il avait perdu les deux enfants de son frère à jamais. 

Lui pardonnerait-il ? Se pardonnerait-il lui-même ? Il n'avait jamais été aussi certain qu'il n'y parviendrait pas. 

Sans un mot, il vit disparaitre la voiture et le reste de dignité qui lui restait s'envola tandis qu'il rentrait dans sa chambre et s'écroulait sur le divan, les yeux rougis par les larmes amères de son échec. 

Les hautes grilles noires qui restreignaient l'accès à l'hôpital s'ouvrirent en grinçant tirées par la vieille infirmière qui les accueillit en silence et les salua d'un hochement de tête. Elle leur tourna ensuite le dos et se mit à marcher vers le bâtiment austère. Ils lui emboitèrent le pas et au lieu de se diriger à l'entrée principale, leur guide les conduisit à l'arrière du bâtiment et les fit entrer au sous-sol par une simple porte de bois abimée par le temps. Ils pénétrèrent dans un couloir de vieilles pierres grises plutôt sombre qui devait exister depuis le Moyen-Age. 

Après une dizaine de mètres, ils furent accueillis dans un salon où était assis nonchalamment le vicomte de Martres, trois tasses de thé fumantes devant lui. Il se leva à leur entrée et, tout sourire, les invita à s'asseoir. Sébastian perçut de nouveau le malaise qu'il avait déjà éprouvé lors de leur première rencontre et observa l'individu à la recherche du moindre indice. 

- Félicitations, jeunes gens, vous êtes parvenus au niveau supérieur, s'exclama l'individu. 

- Où est Marguerite, demanda Cassandra la voix emplie de colère. 

- Avec un ami, ne vous inquiétez pas, répondit-il. 

- Vous êtes un automate, dit Sébastian calmement comme si soudainement, l'évidence lui avait sauté dessus. 

Les deux adolescents regardèrent le majordome quelques secondes, les yeux écarquillés puis reportèrent leur attention sur le vicomte dont le sourire s'était élargi davantage. 

- C'est prodigieux, je suis pourtant certain que l'être humain ne peut construire de tels machines seul, réfléchit le démon à voix haute. 

L'automate le regardait, se demandant sans doute jusqu'où il découvrirait les secrets de sa naissance. Avant que Sébastian ne puisse terminer le cheminement de ses pensées, un homme aux cheveux caramel ébouriffés fit son entrée en se frottant les mains comme si il était satisfait de ce qu'il voyait. Son tablier brun et épais et de petites lunettes posées sur sa tête lui donnait l'aspect d'un inventeur fou. 

- C'est exact, dit-il, c'est ma création la plus réussie ! 

Ses yeux brillaient de fierté lorsqu'il prononça ces paroles. Derrière lui, une vieille connaissance des deux petits nobles fit son apparition. Habillé avec son chapeau noir comme à l'accoutumée, ses longs cheveux blancs descendants en cascade dans son dos, Undertaker rigolait des visages étonnés qui le regardaient. 

- Eh bien, cela faisait longtemps petit comte, duchesse, dit-il après avoir repris son souffle en les regardant dans les yeux révélant un regard vert pomme si connu de Ciel et des deux majordomes. 





The Goldenblood Duchess [fanfiction Black Butler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant