Chapitre 5

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Cet été-là, le soleil frappait de tout son éclat et caressait la peau sensible de la jeune Hanaé assise sur l'herbe chaude d'une prairie fleurie, proche du village. De ses petites mains, elle déracinait doucement les fleurs à proximités, fredonnant un air qu'elle pouvait entendre lorsqu'elle passait avec son père et son frère près d'une librairie dans le village. Voyant son bouquet coloré de blanc et de jaune devenir de plus en plus gros entre ses doigts, elle ne pouvait s'empêcher de sourire en s'imaginant la tête que fera son père lorsqu'elle le lui donnera. Son frère aîné de quelques minutes ne pouvait quitter sa jeune sœur du regard, il détaillait le moindre de ses gestes, le moindre changement d'expression. En l'observant ainsi, il se doutait de ce qui se passait dans sa tête, ce qu'elle ressentait ainsi que ses espoirs. Il pouvait lire en sa sœur comme un livre ouvert, il ne pouvait alors retenir un soupir las et rempli de peine. Subitement, le sourire de sa sœur s'élargit bien plus encore alors que des pas se faisaient entendre derrière lui. Pour que sa sœur réagisse ainsi, il n'avait aucun doute de la présence de son père non loin de lui. Hanaé se redressa, son bouquet à la main et courus aussi vite qu'elle le pouvait pour atteindre les bras tendus de leur père. Alors qu'il était tourné vers son père qui lui sourit ainsi que la personne qui l'accompagnait, il ne prit en aucune façon la peine de dissimuler le mépris et la haine qu'il éprouvait à son égard. Il ne pouvait s'empêcher d'être écœuré en le voyant sourire ainsi à sa sœur tout en la remerciant affectueusement pour es fleurs. Il détestait le voir agir comme un bon père hors de leur maison. S'il avait pu, il aurait arrêté Hanaé dans sa course, il l'aurait empêché de se jeter dans ses bras et dans sa fausse tendresse. Il aurait voulu lui hurler d'ouvrir les yeux. Mais il pouvait lui répéter encore et encore que ce n'était pas une bonne chose que de se plonger dans cette chimère, dans cet espoir illusoire, Hanaé ne faisait que sourire avant de hocher docilement la tête et d'oublier consciemment ce qu'il lui avait murmuré à l'oreille. Voyant sa sœur rire aux éclats, recevoir un baiser de leur père sur sa joue sous le regard bienveillant du vielle homme à leurs côtés, il ne pouvait que serrer les poings face à cette plaisanterie. Il le savait parfaitement, quoiqu'il dise, il ne pouvait en aucun cas empêcher sa sœur de se plonger en toute bonne conscience dans l'illusion éphémère que leur père pouvait leur offrir, en espérant qu'un jour cette illusion dans laquelle elle s'engouffrait devienne réalité.

Apaisée, par la chaleur qui l'entourait, elle ne désirait en aucune façon s'en extirper. Cette douce chaleur qu'elle ressentait lorsqu'elle était sous sa couette était le seul moment où elle pouvait s'imaginer être dans les bras réconfortant du bibliothécaire. Elle ne pouvait oublier les histoires qu'il lui lisait durant des heures sans s'interdire quelques critiques sur la plume ou l'histoire en elle-même, récoltant alors les rires de l'enfant qu'elle fut été. Doucement, elle se força à ouvrir les yeux, son regard rivé vers le plafond orné d'étoiles. Une délicieuse odeur se frayait un chemin jusqu'à ses narines. Elle se redressa, laissant la couverture tomber mollement sur le lit. Elle vit avec surprise Ace dans sa cuisine, un livre de recettes sur le plan de travail. Il y jetait quelques coups d'œil. Elle ne dit rien, seul le son de frétillement de l'huile sur la poële se faisait entendre dans la pièce. Il y avait quelque chose d'apaisant dans ce spectacle qu'elle ne pouvait pas expliquer. Était-ce parce qu'elle n'était pas encore bien réveillée ? Elle l'observait silencieusement. Il était vêtu d'une simple chemise bleue et de son short. Elle remarqua que sa dague n'était pas à sa ceinture. Dans ce silence, elle devina qu'Ace avait sans doute dû la ramener chez elle. Qui d'autre aurait pu le faire ? Personne dans le village n'aurait pu savoir qu'elle n'était pas rentrée si ce n'est celui qu'elle avait hébergé. Il dut me chercher, je devrais le remercier. Ce silence dura encore plusieurs minutes où Hanae était plongée dans ses pensées. Elle ne devrait pas profiter de silence, de cette atmosphère de paix alors qu'il s'agissait d'un inconnu et d'une personne en général. Elle devrait être méfiante comme elle l'a été au départ hier. Elle le devrait, mais elle ne pouvait pas ignorer les battements de son cœur qui restait sans la moindre trace mensonge, elle avait décidé d'y croire alors juste un petit temps, pouvait-elle oublier la possibilité qu'il soit comme les autres et profiter de la tranquillité de ce matin avant d'obéir à son père ? Elle entendit le gaz être coupé signalent qu'il avait fini. Il se mit à ouvrir différents placards à la recherche d'assiettes pour leurs petits-déjeuners. Trouvant ce qu'il cherchait, il mit ce qu'il avait préparé sur les assiettes partageant équitablement. Il finit par se retourner, deux assiettes à chaque main. Il y avait une omelette, des tartines et du poisson. Il remarqua enfin la jeune femme réveiller alors qu'il se dirigeait vers la table au centre de la pièce.

Une douce rencontreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant