Parcourant les rues paver du village, elle ne portait plus aucun intérêt à ce qui l'entourait allant jusqu'à ignorer l'enfant en pleurs dans la rue. Ses pas résonnaient tel un supplice à ses oreilles. Son regard restant encré dans le bouquet d'anémones entre ses mains. Une appréhension grandissante dans le creux de ses entrailles rendait ses mains moites. Inconsciemment, ses pas se faisaient de plus en plus lents et l'emprise qu'elle avait sur le bouquet plus forte. Elle se perdait dans la cacophonie de ses souvenirs. Tout se passera bien, ce n'était pas la première fois, tous se passera bien. Ne cesse-t-elle de murmurer, se perdant toujours plus loin dans les tréfonds de ses souvenirs qui alimentaient encore plus son angoisse. Elle s'arrêta devant une clôture bleue en bois, des éclats de rire se fit entendre jusqu'à ses oreilles, la sortant petit à petit de ses pensées. Elle se détacha du bouquet de fleurs, et un sourire s'affichait sur son visage quand elle vit plusieurs enfants se courir après dans des cris de joie, d'autres jouaient dans le bac à sable ou faisaient du tobogan. Ils inspiraient tous la candeur. Alors que son regard s'attarda sur chaque enfant, son cœur se fit lourd. Il en manquait 9 depuis la dernière fois qu'elle était venue. À la suite de cette observation, elle ferma les yeux une fraction de seconde afin de faire taire ses pensées. Tout va bien. En les rouvrant, elle croisa le regard d'une petite fille jouant au loup. Le sourire de la petite fille s'agrandit et courra vers Hanaé et clama son nom, alertant alors tous les enfants.
- Hanaé ! S'exclama la petite fille en sautant dans les bras d'Hanaé lui faisant lâcher par inadvertance le bouquet qui tomba à ses pieds. Hanaé lui rendit son étreinte tous en saluant le reste des enfants qui s'étaient attroupés autours d'elle.
- Comment allez-vous ? Demande-t-elle doucereuse en répondant aux câlins de chacun.
- Nous, on va bien ! Père est toujours très gentil avec nous ! Répondirent-ils chacun leurs tours. Une réponse qui ne l'étonnait guère. Son cœur se serrai à nouveau en rencontrant le regard d'un autre enfant. Il souriait pourtant, elle le voyait bien dans ses yeux, il la blâmait. Elle détourna très vite le regard, tout va bien, ils sont heureux.
- Je suis ravie de l'apprendre. Sourit-t-elle alors que son regard se posa sur une silhouette sortant de la grande bâtisse peinte de dessins d'enfants. Un homme souriant, s'approchant bientôt de la cinquantaine, habillé richement, portant des traits doux, regardait la scène qui se passait sous ses yeux. Il s'approcha lentement d'eux à l'aide de sa canne sous les regards des enfants et du sien.
- Lâchez-la donc les enfants, vous l'étouffez. Rie l'homme en faisant des mouvements de mains afin de les presser de se retirer avant de s'arrêter devant sa fille.
- Nous sommes désolés, Hanaé ! S'excusent-ils en cœurs tous en s'inclinant respectueusement avant de repartir à leurs jeux sous leurs regards.
- Père. Salut Hanaé en s'inclinant à son tour. Son regard s'attarda sur le bouquet à ses pieds qui fut écrasé par les pas des enfants.
- Tu es en retard de cinq minutes Hanaé. Fit remarquer l'homme après avoir jeté un œil à sa montre. L'angoisse enserra sa gorge à ses mots.- Je suis désolé, ce n'était pas mon intention. S'excuse-t-elle précipitamment en restant inclinée respectueusement jusqu'à ce qu'elle sente la main de son père la pousser à se relever, la regardant alors droit dans les yeux.
- Bien sûr que ce n'était pas ton intention, après tout, tu es une gentille fille. Je t'ai bien élevé. Sourie doucement L'homme en lui tapotant doucement sa tête couverte de ses courts cheveux Châtains.
- Allons à l'intérieur, nous serions plus à l'aise. Déclare son père en mettant une main sur le haut de son dos et de la pousser vers la bâtisse sans lui laisser le loisir de récupérer le bouquet d'anémones auquel il jeta un bref regard de dégoût.
Une fois entre les murs de la bâtisse, elle put constater qu'il n'y avait eu aucun changement depuis la dernière fois. L'intérieur était toujours aussi richement décoré, ce qui laisserait bouche bée ceux qui viendraient ici pour la première fois. On aurait dit que le temps avait été suspendu dans cet endroit, qu'il lui suffirait de quelques pas pour rire à nouveau. Mais dans les faits, tout avait changé. Ils avaient changé et elle ne pouvait revenir à cette époque. Se retrouver entre ses murs aujourd'hui, depuis si longtemps ne lui avait pas manqué. Seule, ses murs, ses couloirs, cette dorure l'oppressaient toujours.
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Une douce rencontre
Hayran KurguSur une petite île vivait une jeune femme qui ne souhaitait rien d'autre que le bien. Vivant une vie à priori paisible, Hanaé fera la rencontre d'un jeune pirate qui lui permettra de s'ouvrir à des émotions et des pensée contradictoire qui jusqu'à p...