Chapitre 9 : Le chaos

161 8 5
                                    


Lady Susan donna ses directives aux domestiques, serra ses poings et se dirigea vers le hall. Où sa cousine de bien mauvaise humeur houspillait toutes les personnes se trouvant sur son chemin. Elle ne dérogea pas quand, Susan apparut. Celle-ci, voulait négocier un départ retardé. La jeune femme avait des arguments implacables et des informations savoureuses à lui communiquer. La faire plier semblait ne pas être trop difficile.

Susan s'était toujours montrée compréhensive et agréable, même si cela lui avait toujours coûté, côtoyer une personne sans esprit et futile demandait beaucoup d'abnégation et de sacrifice personnel.

Mais à présent, elle ne le serait plus, fini les gentillesses, les flatteries pour ne pas froisser ses excentricités et sa fausse pudeur.Augusta, elle, était sans pitié, n'hésitant pas à écraser les indésirables sur son passage.Si elle la laissait faire, sa chère amie n'avait aucune chance de s'en sortir.

Malgré, le peu d'influence que celle-ci avait sur Londres, il était suffisant pour répandre la rumeur selon laquelle Charlotte serait une coureuse de dots. La bourgeoisie londonienne de bien-pensants s'en délecterait, raillant son caractère et ses idées impies la mettant à l'index. Elle la rendrait coupable de ne pas tenir le rôle de la jeune fille pauvre et sage à marier qu'elle devrait être. Ces hypocrites ruineraient alors sa réputation, surtout ses chances de faire un mariage avantageux.

Susan ne le permettrait pas, si quelques paroles et rappels ne suffisaient pas. La lady possédait d'autres leviers offensifs.Elle ne souhaitait pas s'abaisser à faire peser sur sa cousine un odieux chantage, mais le ferait si celle-ci l'y contraignait par sa mauvaise foi ou par son entêtement stupide.

La jeune veuve ne devait rien à personne. Par la force de ses convictions, de ses idées elle avait réussi au fil des ans à être entendu. A bénéficier d'un certain pouvoir auprès de ses pairs, sans être obligée de travestir son identité ou sa personnalité.

Sa relation tumultueuse et épistolaire avec le prince régent l'y aidait, mais c'était également grâce à l'organisation de ses salons littéraires, réunissant chaque quinzaine l'élite intellectuel anglaise.Sa cousine ne pouvait malheureusement pas lutter devant pareil importance, elle, simple dame fortunée, habitant dans un coin reculé du Bedfordshire. Surtout, se risquerait-elle à perdre le peu d'influence qu'elle avait, par esprit de vengeance ? S'opposant ainsi à la volonté de Susan en échange de quelques heures de plus à supporter la présence des jeunes filles.

La jeune femme se reconnaissait en Charlotte, sa fraicheur, sa spontanéité, sa force de caractère...

Mais, elle, avait eu la chance de naître dans une famille d'aristocrates, ce qui n'était pas le cas de sa protégée. La seule manière pour son amie de s'élever dans la société était de se marier. Elle ferait tout pour que cela arrive, mais pas avec n'importe qui...Susan, en femme déterminée, fit d'un seul regard avec fermeté mais douceur le vide autour d'elles. Une fois seules, pendant ce qui parut être de courtes minutes, les deux femmes se retrouvèrent en tête à tête. De petits éclats de voix ténus atteignirent l'allée gravillonnée près de la maison où se trouvaient les jeunes gens.

Néanmoins le bruit était suffisamment contenu, pour que cela ne les gêne pas ni même ne les interpelle.

Jane s'avança dignement, sur son visage, rien ne paraissait de son tumulte intérieur, pas la moindre trace d'une quelconque agitation ou d'une décision. La jeune fille avait un sens aigu du devoir fraternel. Cependant, les personnes la connaissant ne se laisserait pas berner si facilement par son air impassible et indéchiffrable. Car, celle-ci pouvait exploser à tout moment, seul le chaos ambiant la retenait.

Sanditon suite mini sérieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant