Il resta planté devant lui sans vraiment savoir quoi faire ou dire : Arnaud n'avait même pas relevée la tête comme s'il s'était déconnecté du monde extérieur. Il n'avait pas bougé d'un centimètre depuis que Jérémy était arrivé et l'ambiance était devenue lourde et insoutenable : sans lui demander la permission, Ferrari s'assit lentement à côté de lui, le fixant avec insistance. Un bon mètre les séparait sur ce banc comme si une barrière s'était mise en travers d'eux ; Jérémy joignait ses mains qu'il fixait avec ténacité, ses lèvres s'ouvraient mais rien ne sortait : pourquoi avait-il autant peur de s'adresser à son ami ? Il avait beau forcé mais rien n'y fit, il soupira. De longues minutes s'écoulèrent jusqu'à ce que Arnaud relève sa tête, Jérémy vit que ses yeux étaient rouges et ses traits du visage tirés ; une grande compassion s'anima en lui et posa délicatement sa main sur l'épaule de son ami. Les lèvres pincées, Arnaud n'eut aucun mouvement de rejet mais il ne se sentait pas à l'aise, son regard se dirigea vers celui de Jérémy qui tirait une moue triste : pourtant, mon dieu qu'il était beau et séduisant ! Notre moustachu détourna le regard et ses joues s'enflammèrent.
"Arnaud... Avant de tout expliquer... Je voudrais savoir pourquoi tu t'es enfui comme ça !?" dit soudainement Jérémy qui avait enfin trouvé le courage de lui parler.
Arnaud renifla et se tourna complètement vers lui, le regard droit. Gêné, Jérémy le fixait aussi et attendit qu'il se mette à parler.
" Je ne sais pas. Pourquoi... tu l'as embrassé ? Ça m'a fait tellement mal...
- Ecoute c'était un accident d'accord ?
- Un accident... ouais un accident ! s'énerva-t-il, vachement ouais ! "
Et il croisa les bras accompagnés de sa jambe qu'il plia sur l'autre. Agacé, Jérémy le pris par les épaules et rapprocha son visage du sien.
" Ecoute Arnaud, je veux que tu m'explique ce qui se passe ! Tout à l'heure tu m'as dit que je te prenais pour un objet, je n'ai pas compris ! J'ai vu toute la colère qu'il y avait dans tes yeux quand tu nous as vu mais qu'est ce qui t'a énervé ?... Je ne vois pas pourquoi tu l'as fait, pourquoi tu t'es enfui en courant et pleurant... Regarde-moi quand j'te cause ! "
Les yeux de Tsamère s'embuèrent de larmes jusqu'à devenir trouble. Ferrari le contempla, soucieux. Mais c'était déjà assez pesant comme ça, ça ne pouvait plus durée ! Arnaud qui jusque-là s'était retenu s'effondra en pleurs dans les bras de son meilleur ami. Ses mains agrippèrent très fort le costume de l'humoriste et enfonça sa tête au creux de sa nuque. Les bras imposants de Jérémy se refermèrent sur Arnaud et commença, comme un bébé, à le bercer. La respiration d'Arnaud se calma peu à peu, laissant place à un Arnaud fatigué mais apaisé, Jérémy toujours en enlaçant son ami réfléchissait et se questionnait sur la façon dont Arnaud venait de réagir et qu'est-ce qu'il pouvait bien le mettre dans cet état lui qui avait toujours connus un Tsamère heureux et drôle. Le vent commençait à se lever et le froid de la ville s'engouffrait dans les buissons et les arbres du parc. D'ailleurs, il est très rare qu'un parc comme celui-là reste ouvert en pleine nuit or ce n'était pas la première pensée qui hantait Jérémy Ferrari : il voulait SAVOIR. Savoir ce que Arnaud avait à lui dire. Il se décolla lentement de l'homme et lui remit les cheveux en place : Arnaud avait les yeux mi-clos comme s'il était sur le point de s'endormir cependant il n'allait pas en rester là ! L'humoriste l'appela et lui demanda alors une réponse à sa question. Le silence retomba comme au début : il savait qu'Arnaud n'allait rien dire, c'était le genre de mec à dire que tout va bien alors qu'au plus profond de lui il enfouit des sentiments et pensées redoutables voire tragiques. Il allait essayer de lui tirer les vers du nez :
" Arnaud, on ne va pas y passer toute la nuit, maintenant que tu t'es calmé, tu vas me dire une bonne fois pour toute pourquoi t'es comme ça ! Ça me fait de la peine tu sais, et je pense que tu ne veux pas me faire souffrir encore plus... Hé, on est amis, on ne doit rien se caché n'est-ce pas ?"
Comme si Ferrari avait prononcé une formule magique, les yeux de son meilleur ami s'ouvrirent d'un coup, regarda droit devant lui et épris de courage lui énonça ces quelques paroles :
" Je vais te le dire mais avant, je veux que tu le comprennes tout seul. Alors laisse-moi juste te dire que je ne t'ai jamais rien caché, du moins au début car... Je l'ai découvert, je ne le connaissais pas. Au début il était assez discret mais au plus le temps avançait au plus à chaque fois que je voyais cette personne, il grossissait encore plus et devenait toujours plus grand en moi. J'ai toujours essayé de le dissimuler à travers des gestes plutôt amicaux voire attendrissants mais mon corps voulait toujours avoir sa part du gâteau comme on dit : combien de fois j'ai voulu continuer à la toucher, à la fixer avec amour, à lui dire que tout ce qu'elle faisait et disait était merveilleux... J'étais et je suis toujours admiratif de cette personne qui a tant changer ma vie sans pourtant y faire partie personnellement... La peur me ronge à chaque instant où je la vois, lui avouer est pour moi tellement impossible que tous les soirs je me faits des plans de comment aborder le sujet, quand, où ! Je deviens fou Jérémy je deviens fou de..."
Il s'arrêta net pour reprendre sa respiration, sa gorge le piquait tellement il avait parlé sans avoir pris la peine d'avaler sa salive. Il se leva et indiqua à Jérémy qu'il allait boire deux secondes et qu'il reviendrait. Le regard de son ami le suivit jusqu'à une petite fontaine-lavabo à proximité. Pendant ce temps, le cerveau de Jérémy avait enfin compris maintenant qu'il avait assemblé tous les éléments de l'histoire : Arnaud souffrait de quelque chose dont il n'était pas sûre à cent pour cent mais cela devait faire de bien longues années qu'il se tirait ce poids derrière lui. Ses yeux se relevèrent quand il entendit que l'humoriste approchait et s'asseya près de lui : il avait reprise des couleurs et ses yeux étaient redevenus blancs. Il lui sourit en même temps que le vent se leva au fond du parc. Tous les deux regardèrent les feuilles mortes s'envolées avec un crissement de papier ainsi que le doux mouvement ondulé des herbes de la pelouse. Profitant qu'Arnaud soit absorbé par cette poésie, il lui demanda si c'était bien l'amour qui le mettait dans cet état. Sa tête se retourna et acquiesça.
" Mais pourquoi tu ne me l'as jamais dit Arnaud ? Ça t'aurait fait du bien d'en parler : je suis un peu comme un confident, ria-t-il, te me dis et en retour je reste muet comme une tombe. C'est fou que tu me l'aies caché autant de temps ! Mais qu'est-ce que ça à voir avec l'incident de tout à l'heure ?
-Tu ne le sais pas Jérémy ? Depuis tout le temps que l'on se connait toi et moi ? Tu n'as toujours pas compris ?"
Et soudainement, alors qu'une chaleur apparut dans tout son corps et lui monta jusqu'au joues afin de le faire rougir, Jérémy comprit enfin tout le sens caché du monologue de Tsamère : comment il n'avait pas su comprendre directement les sentiments et les aveux d'Arnaud, lui qui est son ami depuis ONDAR ! Il savait qu'il avait eu une relation difficile avant avec son ex-femme mais alors changer du tout autour... Mais c'est vrai qu'il y avait quelque chose qui avait changé quand même chez lui, très discret mais présent. Sa mémoire lui fit repasse la scène du baiser avec Laura dans le couloir du théâtre, la paralysie, les cris et les pleurs... Mais alors... C'est bien ça... Ce n'est pas... Il s'interrompit dans ses pensées en regardant Arnaud droit dans les yeux, choqués : c'est alors qu'il comprit qu'il avait fait une énorme connerie...
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Cocktail Romantique
Fiksi PenggemarJérémy et Arnaud sont invités avec leurs amis humoristes à participer à l'inauguration d'un nouveau théâtre parisien. Cependant, la soirée ne va pas plaire à Arnaud qui voit que Laura Laune en profite pour tourner un peu trop près de Ferrari... Mais...