Chapitre 13

700 21 24
                                    

Alors qu'elle baissait à nouveau la tête, Pascal tendit le bras et, de l'index, lui fit relever le menton.

- Hé ! Je vous ai pardonné depuis longtemps. Je ne vous en ai même jamais voulu, en réalité. Je sais bien que vous avez tiré parce que vous n'aviez pas d'autre choix. Pour sauver Jules... Je ne peux pas vous en vouloir pour ça. Et vous avez fait en sorte que la balle ne fasse que m'effleurer. Vous n'êtes pas mauvaise tireuse à ce point !

Sa tentative d'humour pour détendre un peu l'atmosphère tomba à plat. Alors, il enchaîna :

- C'est à vous de vous pardonner, Florence.

Il voyait bien qu'elle ne le regardait pas en face, mais elle semblait fixer un point précis. Ceci l'étonna d'abord, puis il comprit. En avançant son bras, il avait mis en évidence, juste sous ses yeux, le pansement sur sa blessure. Florence semblait hypnotisée. Une larme se formait au coin de ses yeux.

Les mots de Pascal avaient touché Florence. Elle était en train de se dire qu'il avait bien fait de venir lorsqu'elle le vit se lever et se diriger vers le fauteuil sur lequel il avait posé son blouson. Il l'attrapa pour l'enfiler.

- Non, Pascal...

- Comment ça, non ? fit-il en se tournant à nouveau vers elle.

- Ne partez pas, pas tout de suite.

Il sourit. Elle s'était méprise sur ses intentions. Et elle lui demandait de rester !

- Je n'avais pas l'intention de partir, dit-il en revenant vers Florence.

- Ah non, alors pourquoi avez-vous remis votre blouson ? Il ne fait pas froid....

- Non, il ne fait pas froid. Mais le blouson a l'avantage d'avoir des manches. On va pouvoir parler sans que vous soyez focalisée sur mon pansement !

Elle esquissa un sourire, un peu triste, certes. Mais un sourire tout de même, qui fit plaisir à Pascal. Florence appréciait cette attention.

- Pardon...

- Vous vous répétez, là...Vous n'allez pas me demander pardon toutes les cinq minutes. Florence, je ne vous en veux pas. Il faut que je vous le dise comment ? Il faut que vous essayiez d'oublier tout ça.

- Je n'y arriverai pas...

- Mais si, vous allez y arriver ! Et c'est quoi cette histoire de démission ? Vous n'y pensez pas sérieusement tout de même ?

- C'est le procureur qui vous l'a dit ? demanda-t-elle à la fois surprise et choquée.

- Oui, qui d'autre ?

- Il n'aurait pas dû...

- Florence, vous ne pouvez pas faire ça. On a besoin de vous !

- Besoin de quelqu'un prêt à vous tirer dessus ?

- Florence ! 

- J'ai besoin de temps, Pascal...Elle accompagna cette dernière phrase d'un mouvement de tête en direction de la porte d'entrée, signe qu'elle lui demandait de partir, maintenant.

Résigné, Pascal se dirigea tristement vers la sortie après lui avoir dit au revoir.

Dès qu'il eut franchi le seuil, Pascal aperçut Jules qui faisait les cent pas en bas de l'escalier, en soufflant dans ses mains pour essayer de se réchauffer. C'est vrai qu'il faisait un froid de canard !

- Rentre vite, tu vas attraper la crève !

Jules n'avait pas remarqué la présence de Pascal, qui était arrivé à sa hauteur.

- Alors ? Comment ça s'est passé ?

- Disons que pour une première approche, c'est pas si mal....allez, rentre !

Il lui donna une petite tape sur l'épaule pour le décider.

- Jules ?

Quand il se retourna, Pascal ajouta :

- Tu prends soin d'elle, hein ? elle a besoin de toi...

La seule réponse de Jules fut un mouvement de tête accompagné d'un sourire, avant qu'il ne rentre.

ScoopOù les histoires vivent. Découvrez maintenant