Chapitre 14

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Ça faisait maintenant trois semaines que Florence avait été mise à pieds. Grâce à la présence de Jules, elle avait un peu remonté la pente mais évitait au maximum de penser au commissariat et à la suite des évènements.

Elle était perdue dans ses pensées lorsque le téléphone sonna. Elle regarda l'écran : c'était un appel du procureur. Elle n'osa pas l'ignorer comme elle le faisait avec ses collègues et décrocha à contrecoeur :

- Monsieur le procureur ?

- Commissaire, comment allez-vous ?

- Ça va, je vous remercie. Mais je suppose que vous n'appelez pas simplement pour prendre de mes nouvelles...

- Non, en effet. J'ai besoin de savoir où vous en êtes de vos réflexions. J'ai toujours votre lettre de démission en ma possession...Dois-je considérer qu'elle est toujours d'actualité ?

- Honnêtement, je n'en sais rien...

- J'ai reçu un appel de la psychologue. Vous deviez prendre rendez-vous avec elle. Vous ne l'avez pas fait ! Si vous démissionnez, il est bien évident que cette injonction devient caduque. Dans le cas contraire, il faut vous y soumettre, vous n'avez pas le choix. Comme j'espère bien que vous allez revenir sur votre décision et rester parmi nous, je me suis permis de prendre rendez-vous pour vous demain matin à 10h.

- ....

- Commissaire ? Allez à ce rendez-vous, s'il vous plait. Ça ne vous oblige à rien ensuite.

Elle céda pour avoir la paix puis raccrocha.

Le lendemain matin, elle se rendit donc au rendez-vous.

La psychologue, habituée à ce genre de situation, l'accueillit et lui expliqua le déroulement de la séance. Aujourd'hui, ce serait surtout une prise de contact. Elle fit plutôt bonne impression à Florence, ce qui la surprit elle-même. Mais elle restait sur la défensive. Depuis quelques années qu'elle pratiquait son métier avec des policiers, la psychologue avait l'habitude des patients peu enclins à communiquer sur les sentiments qu'ils éprouvaient. Elle en avait un peu fait sa spécialité, et sa technique s'avérait efficace avec les patients comme Florence. Elle expliqua donc à Florence, tranquillement mais fermement, qu'elle ne pourrait rien pour elle si elle se réfugiait derrière la carapace qu'elle s'était construite au fil des ans pour se protéger. Elle allait devoir lui faire confiance. La prochaine séance serait décisive mais éprouvante, elle en avait bien conscience. Il lui faudrait arriver à percer puis fendiller cette carapace pour pouvoir travailler efficacement. Florence devait être prête à l'accepter.

- Florence ?

Florence ne sentait clairement pas prête. Ce qu'elle venait d'entendre l'effrayait, mais si elle voulait s'en sortir avait elle vraiment le choix ? Elle n'aurait pas vraiment su dire pourquoi, mais cette femme lui inspirait confiance, étonnamment. Peut-être simplement parce qu'elle disait les choses franchement, sans détour. Et qu'elle semblait sûre d'elle. Elles se ressemblaient un peu, au fond...

- D'accord.

- Alors, on fixe la prochaine séance à demain.

- Déjà ? là, Florence commençait à paniquer, la psychologue le sentit.

- A quoi ça servirait d'attendre ? vous donner le temps de renoncer ?

Florence ne répondit rien, la psychologue enchaîna.

- Je ne vais pas vous mentir, la séance sera éprouvante et j'aimerais que quelqu'un vienne vous chercher. Si on fixe la séance à 10h, est-ce que quelqu'un peut venir vous chercher à 11h30 ?

- Euh, oui, je pense.

- Je vous laisse vous en assurer, maintenant !

Florence sortit donc son téléphone. Elle expliqua rapidement la situation à son interlocuteur, puis indiqua à la psychologue que c'était OK. Elles prirent donc rendez-vous pour le lendemain à 10h.

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