Chapitre 20

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Pascal fut surpris par cet aveu de faiblesse qui ne ressemblait pas à Cassandre, même si ces derniers temps il la savait plus fragile. Il se tourna complètement vers elle, lui sourit et sur un ton compréhensif répliqua :

- Eh, Florence, on sait très bien en entrant dans la police qu'il y a toujours un risque. Mais on apprend vite que le seul moyen de diminuer ce risque, c'est de travailler en équipe, en confiance. Si on n'a pas confiance dans son partenaire, alors là, oui, ça devient dangereux.

- Vous dites ça parce que vous ne me faites plus confiance, c'est ça ? demanda-t-elle tristement. Remarquez, après ce qui s'est passé, c'est normal, je ne peux pas vous en vouloir...

- Non, bien sûr que non, Florence ! S'offusqua-t-il. Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire ! J'ai confiance en vous, à 100%. Ce qui s'est passé, on ne va pas revenir dessus, c'était dans des circonstances exceptionnelles. Il n'y a aucune raison pour que ça se reproduise. Moi, je vous fais confiance, Florence ! Mais, vous ? Parce que si vous, vous doutez, vous nous mettez en danger tous les deux...est-ce que vous me faites confiance ?

- Oui, bien sûr que oui !

Elle avait répondu sans hésiter. Pascal sentit qu'elle était sincère, et ça le motiva. Mais il lisait encore le doute dans son regard.

- Et en vous ? est-ce que vous avez confiance, Florence ? sinon, on n'y va pas...

Elle le regarda droit dans les yeux, ceux de Pascal étaient pleins de bienveillance. Elle y puisa le reste de courage qui lui manquait encore, prit une longue inspiration et répondit d'un ton assuré :

- Oui !

- OK, alors, c'est parti !

Et ils sortirent de la voiture. Ils firent un petit signe discret à Nicky et Jean-Paul au passage, qui rassura les deux policiers qui commençaient à trouver que leurs collègues mettaient du temps à démarrer. Il était convenu qu'eux restaient dans la voiture, leur intervention ne devant survenir qu'en cas d'extrême nécessité.

L'interpellation fut un peu sportive, mais se déroula sans problème majeur. Pascal faisait avancer le suspect menotté et se dirigea vers la voiture conduite par Jean-Paul. Nicky en sortit.

- Puisque vous êtes là, rendez-vous utile ! Vous nous le ramenez au chaud ?! fit Pascal, en ouvrant la portière arrière et en y poussant le suspect sans beaucoup de ménagement.

Florence le suivait sans rien dire. Ils retournèrent à leur voiture. Pascal la contourna pour s'installer côté conducteur. Alors qu'il s'apprêtait à ouvrir sa portière, il aperçut Florence. Ou plus précisément, uniquement le sommet de son crâne : sa tête était posée sur ses avant-bras sur le bord du toit du véhicule. Il fit machine arrière pour se poster à côté d'elle.

Il posa une main sur la voiture à côté de celle de Florence, elles se touchaient presque. De l'autre, il esquissa un mouvement vers le dos de Florence mais laissa retomber son bras sans aller jusqu'au bout de son geste : ce n'était peut-être pas une bonne idée.

- Florence ? prononça-t-il tout bas. Hé, ça va ?

Ses épaules se mirent à trembler, elle ne réussit pas à contenir ses larmes.

Là, Pascal n'hésita plus : il passa une main doucement dans le dos de Florence.

- Vous vous êtes trop mis la pression, Florence. C'est la tension accumulée qui retombe... ça va passer ... Vous voulez rester un peu seule ?

Florence n'avait pas la force de relever la tête ni de parler, elle se contenta de déplacer un peu sa main pour la poser sur celle de Pascal. Pas besoin d'être un génie pour comprendre que ça voulait dire « non ». Il resta donc près d'elle. Sa main caressait le dos de Florence, dans de lents mouvements circulaires, pour essayer de l'apaiser. Au bout de quelques minutes, elle retrouva son calme. Elle serra un peu plus la main de Pascal et se redressa enfin. Elle planta son regard encore embué dans celui de son capitaine :

- Merci, Pascal !

Pascal répondit par un sourire ému. Cassandre ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit. Elle souffla bruyamment pour se donner du courage puis ajouta :

- Bon, faut y aller !

Pascal obéit à l'ordre, il regagna le côté conducteur et le trajet se fit en silence.

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