Pour Mariam

| Chapitre 4

ALLY

    Vendredi était arrivé beaucoup plus rapidement que je ne l'aurais imaginé. J'ai été tellement occupée cette semaine que j'en avais presque oublié la fête de ce soir. Entre les présentations de cours et les conférences, j'ai à peine eu le temps de téléphoner à ma famille pour prendre de leurs nouvelles. Je leur passerai un coup de fil demain matin si je ne suis pas trop amochée par l'alcool.

    En fredonnant, j'entoure mon corps d'une serviette et j'essore mes cheveux blonds. Il ne me reste que deux heures pour me préparer et je suis complètement dans le néant pour ce qui est de ma tenue.

    Je me jette sur mon lit et je commence à traîner sur Pinterest à la recherche d'idées pour ma tenue. Mais qu'est-ce que je dois porter à une soirée de fraternité? Je fais défiler les images pendant plusieurs minutes avant de me résoudre à écrire à Jehnna pour savoir ce qu'elle et les autres filles porteront.

J'ai commencé à me tenir avec elles après notre dîner au fast food. Je les ai principalement vues en cours, mais ce soir je dois les retrouver à la soirée. Je ne sais honnêtement pas si je peux les considérer comme des amies puisque je ne les connais pas assez, mais j'ai l'impression que le courant passe bien.

Moins d'une minute après lui avoir envoyé mon message, Jehnna m'envoie une photo. Je compare sa tenue avec ce que j'ai dans ma garde-robe et mon choix s'arrête sur des shorts noirs et une camisole jaune en coton. J'enfile le tout et je rehausse ma tenue avec quelques bracelets et bagues. Je lisse rapidement mes cheveux et j'enserre ma tête d'un bandeau blanc. Finalement, j'applique un peu de mascara et de fard à joues et le tour est joué.

Je prends rapidement une veste, j'enfile mes Docks Martens et je me rends à ma voiture. Je regarde rapidement l'adresse et je conduis jusqu'à la fraternité. Je perds plusieurs minutes à trouver une place de parking pour finalement garer ma voiture dans une des rues aux alentours. J'écris à Jehnna et elle m'informe qu'elles sont déjà à l'intérieur.

Je me regarde rapidement dans le rétroviseur avant d'entreprendre de me rendre à la maison. Plus je m'approche de ma destination, plus je sens l'angoisse et l'enthousiasme me ronger. J'ai assisté à plusieurs fêtes quand j'étais au lycée, mais celle-ci semble différente. Comme si elle allait marquer le début d'une période importante de ma vie. Je me fais peut-être trop d'attentes, mais ce soir je m'amuserai coûte que coûte.

Quand j'entre finalement dans la maison, je suis frappée par ce que je vois. La fête ne ressemble à aucune autre à laquelle j'ai assisté. L'espace restreint est occupé au maximum de sa capacité par des groupes jouant à différents jeux d'alcool, d'autres dansant sur la petite piste de danse improvisée dans le salon alors que d'autres, encore, sont installés sur les différents sièges disponibles et discutent. Des gobelets en plastique rouge sont dispersés sur chaque surface disponible tout comme diverses canettes vides.

Je survole la pièce du regard pour trouver Jehnna et les autres filles. Je les aperçois au fond du salon entassées sur un des canapés avec quelques garçons. Je me faufile entre les invités pour les rejoindre et je suis ravie de voir que ma tenue est semblable à celle des autres filles présentes.

J'arrive finalement devant le canapé et on me fait une petite place entre deux garçons. Les filles me présentent rapidement aux garçons qu'elles ont rencontrés en arrivant ici. Je prends le verre que me tend Jehnna sans vraiment savoir ce que c'est. Je hume le liquide brun et la légère odeur de caramel mélangée aux effluves d'alcool me laisse deviner qu'il s'agit d'un coca-cola alcoolisé. Probablement un rhum and Coke.

Une fois les présentations faites, les discussions reprennent et l'inconnu à ma gauche a l'amabilité de m'inclure dans la conversation qu'il entretenait avec son voisin. Je n'écoute que d'une oreille distraite alors que quelqu'un vient d'augmenter le volume de la musique. Ils discutent quelques minutes avant de se lever.

«On va se chercher un verre, t'en veux un?» me demande mon voisin. Je refuse poliment et il s'éloigne vers la cuisine avec son ami. Je m'affale un peu plus dans le canapé maintenant que la place à ma gauche est vacante. Je relève la tête pour analyser la pièce et je remarque un brun assis dans le fauteuil en face du mien. Une fille est installée sur ses genoux et joue avec ses boucles brunes en discutant avec Jehnna. Le garçon ne semble pas réellement porter attention à elle puisque son regard, absent, fixe le sol depuis un moment.

Je scrute ostensiblement son visage en suivant le tracé de sa mâchoire carrée parfaitement dessinée. Mon regard remonte lentement vers ses lèvres roses et continue son chemin jusqu'à ses yeux.

Soudainement, ses prunelles brunes viennent se braquer dans les miennes. Ses yeux sombres semblent fermés, presque inanimés. Même alors qu'il m'offre un sourire en coin, aucune lumière n'éclaire son regard. Je fronce malgré moi les sourcils et nous continuons à nous fixer encore quelques secondes sans qu'aucun de nous ne flanche. Il détourne finalement le regard alors que Jehnna vient vers nous.

«Ally tu viens danser avec moi?»

J'accepte par automatisme et en moins de deux, je me retrouve au milieu de la piste de danse avec les filles qui sont décidément déjà bien éméchées. Elles se déhanchent aléatoirement en riant et en ignorant tous ceux autour de nous.

Je commence à danser timidement, mais en voyant que personne ne semble faire attention à nous, je m'autorise à me laisser porter par la musique. Jehnna passe ses bras autour de mon cou et elle m'entraîne dans sa danse singulière. Je me déhanche en riant avec elle et je commence à profiter pleinement de ma soirée comme je l'aurais fait à New York.

J'entends qu'on augmente encore une fois le volume de la musique quand les premières paroles de Fireball de Pitbull résonnent dans le salon. Les lèvres de Jehnna s'étirent en un grand sourire et elle se met à sautiller ce qui m'arrache un rire sincère.

Quand le refrain arrive finalement, tout le monde hurle d'une seule et même voix: «Baby I'm a fireball».

Je sens l'hystérie générale monter en flèche et je me laisse submerger par la joie. Je danse, je chante, je rie et par-dessus tout, rien ne me préoccupe. Plus aucun poids ne semble peser sur mes épaules, alors que le temps semble avoir été mis sur pause.

Je voudrais ressentir cette sensation de liberté pour le reste de ma vie, danser de cette façon jusqu'à ne plus en avoir la force, rire jusqu'à en perdre le souffle et chanter jusqu'à en perdre la voix.

Pourtant, toutes les bonnes choses ont une fin. Quand je lis le message anonyme que je viens de recevoir, mon corps se fige, mon rire s'éteint et ma propre angoisse m'emprisonne.

Numéro inconnu: Homicide, falsification et corruption? Je ne suis pas certain qu'avec tout ça le Barreau veuille de toi. Qu'en dis-tu? 23:45, sur le campus de l'Université. Je t'attends.

Je regarde l'heure; 23:34. Si je me dépêche, j'arriverai dans une quinzaine de minutes. Je quitte prestement le salon, j'attrape ma veste et je cours vers ma voiture. Je sais parfaitement ce que signifie ce message; ce que j'ai hâte de découvrir, c'est ce que je devrai accorder à cette personne en échange de son silence.

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Hey!

J'ai mis beaucoup de temps à écrire ce chapitre,
mais le résultat me plait beaucoup.

J'espère que vous avez aimé et que la suit vous plaira également

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