Les Havres Gris et les rivages blancs

58 4 9
                                    

Le 24ème jour du mois de Lothron* en l'an 1002 du quatrième âge.

Les mouettes décrivaient de lents cercles dans le ciel d'un azur éclatant et infini où le regard de Cirion se perdait. Le jeune homme se laissait happer par leurs cris, leurs mouvements apaisants et plein de l'espoir qui lui étreignait le cœur depuis son départ.

Les oiseaux lui chantaient la chanson d'un rivage proche, au sable blanc, à l'horizon marin et profond se confondant avec les cieux. Ils lui chantaient le grondement des vagues, l'éclat de l'écume, l'odeur du sel et les pieds de Cirion se sentaient revigorer, animés d'une force nouvelle après de si longs jours de marche. Ils volaient presque sur l'herbe grasse et verte de ce nouveau printemps.

Voilà plus de quatre mois que le jeune homme avait quitté la glorieuse cité d'Osgiliath la rayonnante pour se rendre sur les côtes du Golfe de Lune. Les grandes routes avaient été depuis longtemps restaurées et le chemin était très sûr. Seulement depuis quelques jours, Cirion avait dû s'éloigner de ces chemins pavés pour longer les hautes montagnes bleues qui faisaient face à la côte Ouest. Le jeune homme cherchait un secret, un mythe, une histoire oubliée, une chose dont on ne parlait presque plus... une légende.

Cirion était un jeune homme de vingt-sept ans, d'une haute famille d'aristocrates de la belle cité reconstruite. Il aimait les livres et les bibliothèques et il avait passé de longues journées à fouiller les derniers vestiges des anciens écrits de l'immense bibliothèque de la grande Minas Tirith. Cette dernière avait brûlé des siècles plus tôt et la plupart de tous les précieux et millénaires écrits qu'elle conservait ont été perdus à jamais. Cependant Cirion avait réussi à dénicher un parchemin qui parlait de la belle cité des Havres Gris sur les bords du golfe de Lune dans l'ancien royaume du Lindon. L'endroit aurait été habité par les « belles gens » et, si l'appellation lui était inconnue, celle-ci ne correspondait à aucun des peuples ou ethnies humaines de la terre du Milieu connus depuis plusieurs décennies et mêmes siècles. Cependant cela pouvait se rattacher à une ancienne légende folklorique qui se racontait désormais : un lieu magique au nord, sur les bords du Grand Océan, permettrait de se rendre dans le paradis blanc des Bienheureux. Ce lieu idyllique venait d'une ancienne croyance d'une vie après la mort dans un pays blanc, hors du monde visible, et peuplé de créatures aussi belles que parfaites, bénites par la lumière des dieux.

Cirion, en homme intelligent, avait rapproché ce mythe des « belles gens » et en avait déduit l'hypothétique possibilité que les « Havres Gris » de la côte puissent avoir réellement existés et qu'il ait persisté des traces ou des ruines de leur passage. La magie, Cirion avait du mal à y croire, mais pour feu sa grand-mère adorée qui lui racontait des histoires plus jeune, il s'était au moins promis d'aller voir.

Lorsqu'il avait annoncé son voyage et ses raisons, sa famille et ses amis lui avaient fortement déconseillé de partir. On pouvait tomber sur n'importe quelle bête ou brigand sur les chemins et Cirion était un homme de la ville, pas de la nature sauvage. Et partir pour tenter de retrouver les traces d'une légende leur semblait complètement stupide et surtout très éloigné du caractère mesuré et scientifique du Cirion qu'il connaissait.

Cependant le jeune homme était intrigué par ces « belles gens » dont la seule mention qu'il ait pu trouver provenait du parchemin de la bibliothèque. Cirion espérait que le monde avait simplement oublié son histoire par le phénomène du temps et de la mémoire collective. Les contes et les récits sur la création des royaumes des hommes étaient nombreux et on ne pouvait pas savoir si l'un d'eux contenait la vérité. Peut-être y avait-il eu quelque chose avant le grand roi Elessar du royaume réunifié ? Cirion était souvent passé devant la statue de ce grand roi dont l'histoire était devenue un mythe agrémenté d'éléments magiques et incroyables. Mais la chose la plus importante à propos de cet Homme était qu'on lui attribuait la date du début de l'âge évolué des Hommes, le début de la construction des grands royaumes et des magnifiques cités ; le début de la civilisation. Pourtant... l'humanité pouvait-elle s'être trompée sur ses origines ?

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 08, 2021 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Petites nouvelles en Terre du MilieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant