Chapitre 2

505 49 16
                                    


 Deux semaines s'étaient écoulées depuis que Bokuto avait fait irruption dans la bibliothèque en beuglant.

Akaashi peinait à l'admettre, mais il était déçu que cette « prochaine fois » dont il avait parlé n'aie pas eu lieu. L'homme aux yeux doré l'avait intrigué, et il aurait apprécié le revoir. Mais il n'était pas venu. « C'est logique, songea le jeune homme, il n'a aucune raison de revenir. Ce genre de situation doit lui arriver sans cesse. »

Au cas où Bokuto reviendrait, Akaashi avait averti Kenma, son collègue chargé de l'accueil, qui avait promis de le prévenir s'il le voyait.

Tous les professeurs de la région semblaient s'être concertés pour donner des exposés à leurs élèves, car ceux-ci affluaient en masse vers Akaashi, le suppliant de leur dénicher des fin-fonds d'il-ne-savait-où un livre miraculeux retraçant de façon précise le parcours de tel héros grec, ou expliquant simplement un texte philosophique si tiré par les cheveux que son auteur ne devait pas l'avoir compris lui-même.

De 17 heures et quelques, heure à laquelle la jeunesse faisait son entrée à la bibliothèque les jours de semaine, jusqu'à presque 19 heures 30, soit bien après l'heure de fermeture, il virevolta entre les rayonnages, opérant des miracles pour trouver de la documentation sur tous les sujets possibles. Son altruisme avait manifestement étouffé sa fatigue pendant une longue période, mais cette dernière finit par le rattraper.

« - Comment puis-je vous aider? Lança-t-il à un client malgré son épuisement manifeste

- Hey hey hey... Akaashi tout va bien? »

C'était bien sûr Bokuto qui venait de l'interroger, mais le bibliothécaire ne l'avait pas reconnu de prime abord.

- Oh, Bokuto pardonnez-moi je suis un peu fatigué, soupira le jeune homme.

- Je croyais que la bibliothèque fermait à 19 heures, que fais-tu encore ici? Le questionna Bokuto en penchant légèrement la tête sur le côté, accentuant sa ressemblance avec une chouette.

- Si vous la pensiez fermée pourquoi êtes-vous venu Bokuto-san? Akaashi s'adressait à lui avec le plus grand respect, plus par habitude que par décision réfléchie.

- Je ne pouvais pas venir plus tôt, mon patron m'a surchargé de livraisons. Et à chaque fois que je venais après avoir fini mon service tu étais déjà parti. Mais je suis content parce que maintenant tu es là, donc on va pouvoir discuter! »

Le cerveau d'Akaashi s'accorda une petite pause pour analyser le fait que Bokuto soit venu plusieurs fois après la fermeture, et que malgré l'évidence de son absence il avait persisté jusqu'à ce jour. Stupidité manifeste ou dévouement injustifié? Telle était la question. Avant qu'il n'aie le temps de formuler une interrogation quelconque Bokuto poursuivit.

« - D'ailleurs, je t'ai pris un café! Un latte, parce que tu as une tête à aimer les latte. En général je sais deviner les gouts de mes clients, mais comme tu n'es pas un client je ne sais pas si mon talent s'applique. Tu aimes les latte hein? »

En effet Akaashi aimait les latte. Mais l'admettre directement constituait une victoire qu'il refusait d'accorder si facilement.

« -Vous offrez souvent des cafés aux gens que vous ne connaissez pas? Préféra-t-il demander.

- Mais tu n'es pas un inconnu! Tu es Akaashi, je connais même ton prénom. J'aurais aimé t'appeler comme ça mais Kuroo m'a dit que ça te ferai sûrement fuir que je sois familier dès le début. Argua Bokuto avec la candeur d'un enfant de 5 ans malgré sa vingtaine apparente.

- Le même Kuroo qui avait commandé un café? Se souvint le bibliothécaire avec surprise.

- Ah... à ce sujet il se peut que je ne me sois pas vraiment trompé... Kuroo est mon meilleur ami, et c'est lui qui m'a conseillé de faire semblant de me tromper d'adresse. Au début il m'a juste dit d'entrer et de lire un livre mais d'après lui une encyclopédie sur les chouettes n'est pas une bonne approche... »

Akaashi manqua de s'étouffer avec le latte qu'il avait commencé à boire. Devait-il tenter d'interpréter ses paroles? Cela dit il était rassurant pour le quotient intellectuel de Bokuto qu'il n'aie pas réellement confondu une bibliothèque et une habitation. Mais sa naïveté était pour le moins.. déstabilisante.

« - Tu n'aimes pas le latte finalement? S'attrista le jeune homme -chouette?- en faisant une moue fortement similaire à celle d'un enfant.

- Si, si j'aime bien ça Bokuto-san, le rassura le pauvre bibliothécaire qui n'en menait pas large.

-Hey hey hey, je suis le meilleur, s'enorgueillit-il. D'ailleurs pourquoi m'appelles-tu « Bokuto-san »? Tu peux me tutoyer tu sais?

-Je ne préfère pas. Et puis ça sonne bien « Bokuto-san non »?

-Oh c'est vrai tu trouves que mon nom sonne bien? Son visage s'illumina d'un immense sourire. Je t'autorise à continuer à m'appeler comme ça dans ce cas.

- J'en suis ravi, affirma Akaashi presque sans ironie. Je dois fermer la bibliothèque, peut-être pourrait-on poursuivre notre conversation dehors? »

Bokuto hocha la tête, et sortit du bâtiment en attendant qu'il finisse d'éteindre les lumières et de fermer à clé les différentes portes.

Cela laissa à Akaashi l'occasion de laisser son esprit synthétiser les précédentes minutes. Akaashi n'était pas stupide, il avait compris que Bokuto était intéressé par sa personne. Il ne savait pas s'il avait tenté de le lui dissimuler mais si c'était le cas il n'était définitivement pas prédisposé à garder des secrets. Il avait également compris que, pour que ce Kuroo - qui n'avait d'ailleurs pas les meilleurs conseils, à son sens - en vienne à lui suggérer des stratégies, il devait l'avoir remarqué depuis quelques temps.

Il ne connaissait pas Bokuto, mais chaque chose qu'il devinait sur lui l'intriguait. Finalement peut-être le fait qu'il plaise à l'homme aux yeux d'or ne le dérangeait pas vraiment. Sans doute méritait-il une chance.

Il acheva ses verrouillages de portes et sortit rejoindre Bokuto, qui l'y attendait patiemment.

- Où va-t-on? Lui demanda-t-il avec un sourire.


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

980 mots

14/04/21 (Avais-je dis 3 jours? Sans doute)

Qu'en pensez-vous?

-Laurene-

Entre deux rayonnages - BokuakaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant