Chapitre 4

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 Akaashi rêvassait. Assis à l'envers sur un fauteuil, les jambes contre le dossier, la tête pendant nonchalamment vers le sol, il pensait au rendez-vous qu'il avait eu avec Bokuto la veille. Ils n'avaient rien fait de bien impressionnant, simplement un balade dans la ville, s'arrêtant de temps à autres pour acheter un quelconque met qui avait su capter leur attention.

Non, rien d'exceptionnel, rien ne vaille d'être écrit. Pourtant Akaashi avait beaucoup aimé ce rendez-vous, justement parce qu'il n'était ni impressionnant ni exceptionnel, mais qu'il était était vrai, sans superflu, sans faux semblants.

Bokuto et lui n'avaient fait que parler de leur vie et de leurs centres d'interêts, mais avec honnêteté, sans chercher à se mettre en valeur ou à masquer leurs défauts. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il se sentait à l'aise avec lui: Bokuto était fondamentalement naïf et honnête. Il ne voyait pas l'intérêt de passer sous silence un détail pour en accentuer un autre: lorsqu'il racontait une anecdote, il la décrivait dans son intégralité, et rajoutait en général un parallèle impliquant une chouette pour en faciliter la compréhension.

Sa propension à expliquer précisément chaque détail lui faisait souvent faire des phrases beaucoup trop longues pour qu'il y subsiste un semblant de cohérence grammaticale, ce qui plongeait Akaashi dans une profonde confusion mentale et finissait par le faire rire.

Cela faisait longtemps qu'Akaashi n'avait pas ris. Ris franchement, à gorge déployée. Et cela lui avait fait du bien. Ils s'étaient promis de se revoir, mais n'avaient pas convenu de la date. Il se rendit compte qu'il n'avait même pas le numéro de Bokuto. Son seul moyen de le contacter était de se rendre au café où il travaillait et de demander de l'aide à son patron, ou d'attendre de le croiser. Il soupira, et se jura de le faire dès qu'il sortirait de la bibliothèque. Mais il n'eut pas à tenir cette promesse car un « HEY HEY HEYYY » tonitruant le tira de sa léthargie.

Il se redressa sur son fauteuil avec un sourire mi-sincèrement heureux de voir Bokuto et mi-exaspéré qu'il n'ait pas retenu un mot de son sermon sur le fait de crier dans une bibliothèque.

« - Salut Akaashi! Je finissais plus tôt aujourd'hui, donc je me suis dit que ce serait une bonne idée de passer! Lança l'importun - pourtant très bienvenu.

- Bonjour Bokuto-san, répondit calmement l'intéressé.

- Je dérange? S'inquiéta-t-il de cette réponse peu enthousiaste.

- Par ton volume sonore? Sans doute. Par ta présence? Absolument pas. Assura le bibliothécaire, ses lèvres s'étirant en un sourire taquin.

- Oups, s'excusa Bokuto, soulagé, en baissant la voix. Il lui fallu quelques instants avant de réaliser.

- Oh mais tu m'as tutoyé! C'est la première fois non? Il semblait sincèrement heureux.

- Je ne vois aucune raison de te vouvoyer maintenant. Sauf si tu viens emprunter un livre, auquel cas tu es un client et je dois redevenir poli, le taquina-t-il de nouveau.

- Je ne viens pas emprunter un livre! S'écria Bokuto en détournant instantanément le regard d'une encyclopédie sur les chouettes qui avait retenu son attention. Je ne sais même pas lire! »

C'était bien évidemment un mensonge mais il souhaitait accentuer son désintérêt des livres, afin de ne surtout pas perdre le précieux tutoiement d'Akaashi. Ce dernier se sentait d'ailleurs d'humeur joyeuses et venait de trouver une nouvelle idée pour provoquer Bokuto et le forcer à dire ce qu'il voulait. Car en effet, la méfiance du bibliothécaire s'était envolée et il était désormais disposé à flirter ouvertement.

« - Dans ce cas pourquoi es-tu venu? Lança-t-il distraitement.

- Pour te voir bien sûr! Répondit directement Bokuto.

- Et pourquoi donc? » S'enquit donc Akaashi en laissant s'épanouir sur ses lèvres un sourire insolent, très fier du piège qu'il venait de tendre.

Piège dans lequel Bokuto s'empressa de sauter à pieds joint et répondant comme si c'était l'évidence même:

« - Parce que tu me plais! » Son visage exprimant toujours la plus candide honnêteté.

La splendeur de sa sincérité frappa Akaashi au creux de l'estomac, lui coupant le souffle. Il se retint d'exploser de rire, ce qui s'avéra très difficile car il trouvait la situation absolument hilarante. Bokuto remarqua son trouble et parut gêné et déçu.

« - Oh... désolé... Kuroo m'avait dit qu'entre hommes... enfin... certains étaient surpris... si je ne te plait pas ce n'est pas grave tu sais... »

Il semblait sur le point de pleurer et ses propos étaient confus. Akaashi le trouva si mignon qu'il eut presque envie de laisser durer le malentendu. Mais il n'était pas si sadique et entreprit de le rassurer.

« - Non Bokuto ce n'est pas ça... C'est juste que ta sincérité est... déconcertante? Il rit un peu en prononçant ses mots. »

L'homme chouette se rasséréna et reprit son sourire. Il était décidément lunatique. Mais cela ne faisait qu'ajouter à sa singularité, et par la même occasion à son charme.

C'est alors qu'Akaashi s'aperçu qu'il était à deux doigts de tomber dans son propre piège et que son interlocuteur n'avait qu'à prononcer une simple phrase tout à fait logique et il serait contraint de répondre à sa propre question - ou de trouver une esquive satisfaisante.

Bokuto ouvrit la bouche pour parler. « Je t'en supplie décrit moi le plumage d'une chouette » songea Akaashi.

Un début de sourire étira un coin de ses lèvres avant qu'il ne prenne la parole. « Houla, mauvais signe » pensa-t-il.

Il prit une inspiration. « C'est la fin » admit le bibliothécaire.

« - Et moi Akaashi, est-ce que je te plais? » Demanda Bokuto avec un air presque suppliant.

« Eh voilà ça n'a pas manqué » se dit l'interpelé. « C'est pour ça que je ne joue pas aux échecs ». Son cerveau se mit à fonctionner plus vite qu'il ne l'avait jamais fait, même lorsqu'il tentait de lire Dostoïevski en langue originale - il avait finit par abandonner à la page 17.

Après maintes questions intérieures et avoir dépensé une énergie électrique cérébrale comparable à celle d'un réacteur nucléaire, il convint qu'il devait à Bokuto de jouer lui aussi cartes sur table.

Il prit une grande inspiration.

« -Oui Bokuto, tu me plais beaucoup. »


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1007 mots

16/04/21

Je ne suis pas très contente de ce chapitre... des conseils pour l'améliorer?

-Laurene-

Entre deux rayonnages - BokuakaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant