Chapitre 5

517 52 37
                                    


 Cela faisait un mois que Bokuto et Akaashi s'étaient avoués qu'ils se plaisaient mutuellement. Depuis, seules quelques petites choses avaient changé. Ils s'étaient échangé leurs numéros de téléphone, pour convenir de leurs rendez-vous.

Ils se voyaient souvent, au moins cinq fois par semaines. Il ne faisaient rien d'extravagant, toujours quelques simples sorties, parfois dans des cafés, parfois juste dans les rues. Et ils parlaient.

De sujets divers, certains légers, « Tu manges la croute des pizza? » - ce que Bokuto faisait toujours -, d'autres plus profonds, « Je ne me vois pas me marier et avoir des enfants, comme tout le monde nous dit de le faire. », avait confié Akaashi lors d'une discussion nocturne au téléphone.

« - Qu'est-ce que tu te vois faire à la place? Lui avait demandé Bokuto.

- Rester au contrôle, vivre pour moi. Avec quelqu'un peut-être, mais par choix, pas parce que divorcer est difficile ou qu'il ne faut pas perturber les enfants. Avait répondu Akaashi, d'un ton pensif.

- Moi je me vois bien me marier, avait rétorqué Bokuto, mais pas avoir d'enfants. Enfin, j'en voudrais, mais je n'aime pas les femmes... Enfin si bien sûr je les aime, mais pas comme ça... Et c'est difficile d'adopter, d'autant que je ne suis pas assez responsable pour élever un enfant... »

Akaashi pouffa en l'imaginant oublier son fils à l'école parce qu'il avait trouvé plus distrayant d'observer un rapace et avait finis par ne plus du tout se souvenir ne serait-ce que de l'existence de sa progéniture.

« - Dommage, j'aurais bien vu un mini-Bokuto en pyjama de chouette courir dans une maison en criant « HEY HEY HEYYY » Lança-t-il, feignant la déception.

- Ah non, il n'a pas intérêt! Le « HEY HEY HEYYY » c'est ma signature! » S'indigna le futur père irresponsable.

Il y eut une pause, qui ne les gêna pas: le silence était une part entière de la communication, et mieux valait se taire pour penser que parler pour meubler la conversation sans aucune sincérité.

« - Tu ne veux vraiment pas d'enfants? » Finit par demander Bokuto.

Akaashi hésita.

« En un sens si... mais je ne saurais pas les éduquer, j'ai trop peur d'être un mauvais père. Et j'angoisserai beaucoup trop à l'idée qu'ils se fassent mal, je ne serais pas agréable à vivre. Je les empêcherai de s'amuser... » Confessa-t-il tristement.

Contre toute attente Bokuto éclata de rire. Après quelques instants il lâcha:

« - On serait vraiment complémentaires. On ferait de bons parents. »

Il disait cela sur le ton du constat, sans idée précise. Ce n'était pas une demande, ni une tentative de flirt. L'idée fit rougir Akaashi. Sans doute. Il aimait cette pensée, à vrai dire. Mais il ne se sentait absolument pas prêt. Après tout, ils auraient tout le temps d'y réfléchir.

« - J'en suis persuadé, mais c'est trop tôt pour l'affirmer. Répondit-il simplement.

- Bien sûr », acquiesça Bokuto.

Il raccrochèrent peu après, convenant de se voir le lendemain. Akaashi s'endormit avec l'image étrangement paisible d'un Bokuto submergé de versions miniatures de lui-même, criant à qui mieux-mieux pour un peu d'attention.

Bokuto quant à lui tomba de sommeil sans laisser à son cerveau le temps de visualiser une quelconque image mignonne. Toutefois, ledit cerveau refusa de se voir ainsi spolier sa créativité et se vengea en le plongeant dans des rêves des plus imaginatifs. Après avoir enchainé les rendez-vous galants à dos de chouette, Bokuto se réveilla en sursaut: une idée de génie venait de germer dans ça boîte crânienne.

Il s'habilla en vitesse, ne voyant pas l'utilité de vérifier ce qu'il enfilait. Il sortit de chez lui en courant, et remonta les rues aussi rapidement qu'il le put. Il n'avait pas pensé à mettre des chaussures - était-ce bien indispensable? Les chouettes s'en passaient - ce qui n'était sans doute pas une bonne idée car il finit le trajet en boitant alternativement sur chacune de ses plantes meurtries.

Il connaissait l'adresse d'Akaashi pour l'avoir raccompagné plusieurs fois après leurs rencontres. Même si il connaissait la façade de la maison, son intérieur restait pour lui un total mystère. Akaashi ne l'y avait jamais invité, et lui même n'avait pas osé demander. Même aujourd'hui il hésitait à entrer.

La fenêtre était ouverte, il aurait pu sans aucune difficulté se hisser jusqu'à elle et s'introduire dans l'habitation, mais d'après Kuroo pénétrer dans une maison sans l'accord de son propriétaire était « beaucoup trop flippant bro, refais plus jamais ça » aussi préféra-t-il s'abstenir.

Au lieu de cela, il hurla à la fenêtre - qu'il savait être celle de la chambre:

« - AGAAAAAAAASHIIIIIIE »

Peut-être avait-il réveillé tous les être humains alentours: l'idée ne lui avait pas effleuré l'esprit. La seule chose à laquelle il prêtait attention était la tête vaguement hirsute d'Akaashi qui surgit peu de temps après dans l'encadrement de la fenêtre. Il venait assurément de se réveiller - ce qui était parfaitement logique pour tout humain normalement constitué à 4 heures 23 du matin - et semblait baigner dans l'incompréhension - cela aussi était logique, mais connaissant Bokuto il fallait s'attendre à ce que ce genre de choses arrive un jour ou l'autre.

« - Bokuto? Interrogea-t-il stupidement en fixant l'homme qui venait de hurler son nom en pleine nuit. Qu'est-ce que tu fais là? À cette heure je veux dire.

- Je voulais te voir, répondit simplement celui-ci, en lui souriant. »

Akaashi éclata du genre de rire sincère que l'on ne peut avoir que lorsqu'on est épuisé et qu'on a pas la moindre once d'énergie disponible pour filtrer nos pensées.

« - Entre », lâcha-t-il sans donner plus d'indications sur la façon dont il devait entrer. Bokuto compris malgré tout et s'élança vers la fenêtre pour en attraper le chambranle et se hissa à l'intérieur de la chambre, sous le regard tombant mais amusé du propriétaire des lieux.

Lorsqu'ils furent tous deux assis - tombés - sur le parquet, Akaashi demanda:

« - Qu'y avait-il de si urgent que tu ne pouvais pas attendre de ma le dire demain?

- J'avait une question à te poser, avoua Bokuto.

- Et laquelle était-ce? Insista l'homme aux cheveux noirs.

- Est-ce que je peux t'embrasser? »

La question avait coulé doucement des lèvres de Bokuto, atteignant avec tendresse les oreilles d'Akaashi, qui rougit légèrement. Tous deux se fixèrent quelques instants en silence. Une certaine tension planait dans l'air, mais elle n'engendrait aucune gêne. C'était le genre de tension que l'on ressent avant de recevoir les résultats d'un examen important, ou lorsque l'on s'apprête à faire quelque chose de particulièrement intéressant.

Akaashi ne répondit pas.

Il se pencha vers Bokuto et posa délicatement ses lèvres sur celles de l'homme chouette. Il ne bougea pas pour commencer, profitant de ce simple contact.

Il profita de la douceur de ses lèvres, fermant les yeux pour mieux apprécier ce moment.

Après plusieurs minutes de transe immobile et pourtant intense pour tous deux, Bokuto entreprit de bouger sa bouche. Le baiser s'approfondit, Akaashi entoura de ses mains la mâchoire du beau jeune homme qu'il embrassait, alors que ce dernier nouait ses bras dans son dos. Il restèrent ainsi enlacés, se dévorant mutuellement avec autant de tendresse que de voracité, jusqu'à ce que la fatigue les rattrape et qu'ils tombent l'un dans les bras de l'autre et s'endorment sans se lâcher.


°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

17/04/21

1198 mots (légèrement plus que d'habitude)

C'est la fin de ce petit fluff Bokuaka, j'ai bien aimé l'écrire. Qu'en pensez-vous?

-Laurene-

Entre deux rayonnages - BokuakaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant