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Dans la chaleur de la nuit, ses doigts jouent la partition de son magnifique amour sur le long de mon dos. Avec elle, tout est ainsi. Doux, d'une lenteur exquise et d'une grande tendresse. Quel chamboulement pour moi. Il a fallut que j'apprenne. Que j'apprenne à la laisser m'aimer, à la laisser m'envelopper. Chaque jour, chaque nuit, j'y arrive un peu plus. Chaque nuit, je me laisse aimer sous ses baisers, sous ses caresses. Chaque nuit, je laisse les soupirs et le plaisir nous remplir, nous combler et conter à quel point l'amour peut être d'une grande beauté. Dans le silence de la nuit, nos corps se tendent et se détendent sous la douce mélodie de notre plaisir partagé. Ses bras m'entourent et je m'y accroche de toutes mes forces.

Quand le sommeil l'emporte dans les bras de Morphée, je me retrouve seule à errer avec mes pensées. Cette nuit encore, je ne trouverai pas le sommeil. Je delaisse pour quelques heures la chaleur de ses bras et je sors profiter de la fraîcheur de la nuit.
En grande noctambule angoissée, je déambule dans les rues de ce petit village haut perché. Le bruit de mes pas feutrés résonnent sur le pavé. A cette heure tardive, il n'y a plus âme qui vive, pourtant sous la lueur de la lune, une frêle silhouette se dessine.
Je m'arrête un instant pour m'assurer qu'il ne s'agit pas d'un effet de mes stupéfiants, mais non cette silhouette est belle et bien vivante. Je détaille cette ombre assise sur le muret, les pieds dans le vide de mon précipice. Son corps semble se laisser porter par les assauts du vent, telle une magnifique plume noire qui vacille cherchant l'équilibre de la vie. Le temps se suspend mais le rouge incandescent de sa cigarette me ramène à la réalité.
Je m'approche sans un bruit, je reste à distance pour ne pas l'effrayer mais sa main m'invite à m'assoir à ses côtés.
J'hésite... Je ne suis pas du genre sociable, non, je préfère rester dans l'intimité de mes pensées, mais plus je l'observe, plus elle m'intrigue. Il y a quelque chose qui fourmit dans mes tripes, quelque chose de viscéral. Comme l'impression de la connaître, comme l'impression de me reconnaître.
Après de lentes minutes, les yeux toujours perdus dans la nuit étoilée, elle me tend un de ses écouteurs. Je suis ses gestes en écho. Comme les siennes, mes paupières se ferment et je laisse cette musique que je ne connais pas m'emporter.

....Prend ton carnet et deviens
Tout ce que tu n'as jamais supporté
Écris l'angoisse et le chagrin
Personne ne meurt sans se vider....

Quasiment toutes les paroles de cette chanson me bouleversent mais ces mots là....Ils viennent de m'exploser en pleine tête.
Comment.... comment cette chanson a pu me percuter autant. Comment sans un regard, sans un mot, elle a réussi à faire ressurgir, ce que je m'efforce de camoufler, d'enterrer....

La SaccagéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant