Tourment - Partie 04

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      En arrivant chez mon ami, je croise mes camarades de classe. Ils nous attendaient devant sa maison, notre maison ? Ils sont venus exprès pour me saluer. Il est vrai que je ne suis pas encore en état de retourner à l'école. Ils me saluent tous, les uns après les autres en me serrant la main, en tapotant mon épaule ou en me faisant un simple sourire. Ils attendent tous que je rentre dans la maison. La maman d'Izuku m'attend au salon avec un grand sourire. Il y a tellement de joie et de sérénité dans cette maison. C'est étrange, mais agréable. Elle me montre la pièce qui sera ma chambre pendant un temps indéterminé et lorsque j'ouvre la porte, mon coeur saute une contraction.

      J'entends des murmures derrière mon dos. Je comprends rapidement que toute ma classe y est pour quelque chose. Ils ont amené les meubles de ma chambre ici et l'ont préparée. Les armoires et bibliothèques sont remplies. C'est comme si j'avais toujours habité ici. J'entre dans la pièce et la redécouvre. Avoir mon lit à droite, ça change. Je n'y avais jamais songé. Mes doigts glissent le long du bois de mon bureau. Je m'y sens bien, tout à coup. Une main vient se poser sur ma bouche. Ce n'est autre que la mienne. Je suis ému de voir toute cette aide. Je reste dos à l'entrée de ma chambre, car je ne veux pas qu'ils me voient dans cet état. C'est trop d'émotions, je n'arrive plus à me contenir. Pour une fois, c'est de la joie.

      - Merci à tous. Vous allez tous rentrer chez vous et on se retrouve demain ! Izuku met dehors nos camarades. Encore merci !

      Ils me disent au revoir, je leur fais un bref signe puis je m'installe sur mon lit. Je regarde mes mains comme si je les découvrais pour la première fois. Je suis en sécurité. Enfin, je vais pouvoir dormir sans craindre qu'il vienne me chercher au beau milieu de la nuit. Je vais pouvoir m'entraîner à mon rythme. Izuku entre dans ma chambre avec sa mère. Elle nous prévient qu'elle va faire les courses. Me voici seul avec mon ami. Il s'assied en face de moi, sur mon siège de bureau. Son menton... Il a des poils au menton. Je secoue ma tête et me sens rougir. Pourquoi je regarde ce genre de détail, bon sang !?

      - Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu m'appelles. Vraiment, Shoto ! Il se lève et se met à mon niveau. Peu importe le besoin, ma chambre est juste là, derrière ce mur. Il pointe derrière moi. Tu toques, tu cries, tu entres dans ma chambre et moi, j'arrêterai toute activité pour m'occuper de toi. D'accord ?

      Il me dit ceci avec une telle douceur dans sa voix que je me retiens de me jeter dans ces bras. Il se fait du souci pour moi. Je me sens aimé. Quelle étrange sensation. Son regard me couve et me protège. Comment expliquer ce que je ressens ? Il me sourit et caresse mon visage avant de quitter la pièce. J'entends qu'il murmure : « on dirait un petit garçon, il est trop mimi ». Je rougis et reste assis sur mon lit. C'est vrai que je n'ai pas l'air d'un adulte en ce moment. Je me lève pour fermer la porte et constate qu'il y a un miroir derrière. Lorsque je croise mon regard, je me vois grandir.

      Toutes ces marques sur mon corps me rappellent que j'ai souffert. Je m'en suis sorti... Pour de vrai ? Je palpe mon corps et me remémore ces dernières années de joie et de souffrance. Parfois, je regrette d'être qui je suis. Shoto, l'élève en section de super-héros qui n'a même pas de nom de héros... Je ne suis pas encore prêt d'en être un. Je retire mon t-shirt et observe mon torse, j'ai perdu du muscle. J'ai fondu. Je ferme les yeux et me tourne sur le côté. Je n'ose pas voir les dégâts de mon dos. Du bout de mes doigts, je caresse mes côtes. Je sens des parcelles de ma peau rugueuse et désagréable au toucher. Ces cicatrices qui ne s'arrêtent jamais le long de ma course sur mon corps me donnent les frissons. Courageusement, j'ouvre mes yeux et examine ces horreurs qui ne partiront jamais de mon corps. Je recule de quelques pas, choqué de voir que ma vie restera à jamais gravée dans ma chair. Un sanglot m'emporte. Je couvre ma bouche de mes mains pour ne pas me faire entendre.

Tourment - One Shot MHAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant