Chapitre 15 : Un vrai ami

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Tout en inspectant la propreté du dessous de ses ongles, Lux écoutait le pasteur déblatérer depuis une demi heure sur ses réunions inintéressantes. Il était difficile de faire semblant de s'intéresser à tout ce qui était lié à l'Église mais l'ange avait l'impression d'être de plus en plus doué pour feindre l'intérêt poli. 

En tout cas, il continuait de recueillir les paroles d'Octave, ce qui était bon signe. Ces derniers jours, le petit pasteur s'était ouvert à lui, s'exprimant de façon moins nerveuse et plus souple. Il leur arrivait même de parler d'autre chose que du bon Dieu, et ça, c'était une sacrée bonne nouvelle. Lux en avait marre de serrer ses dents parfaites chaque fois que l'on mentionnait la bonté de ce père indigne et lâche.

Mais il y avait un sujet dont Octave ne s'entretenait pas avec lui, plus depuis leur conversation de la semaine précédente dans la cuisine. 

Nox. 

Et pourtant, à voir la façon dont Lux observait de temps en temps son téléphone, il se passait quelque chose. Les « tings » agaçants ne résonnaient plus toutes les heures. Le pasteur semblait également inquiet, son nez froncé et le regard assombri. Quoi qu'il se soit passé entre eux, c'était le bon moment pour s'imposer dans sa proximité.

-Octave ? Puis-je vous demander quelque chose ?

Octave releva la tête de son ordinateur qu'il avait amené aux archives pour le recueil des données et sourit gentiment.

-Bien sûr Lux. Que puis-je pour vous ?

-Ne trouvez-vous pas que nous ayons beaucoup travaillé aujourd'hui ? Il est presque 19 heure et vous n'avez pas fait une seule pause de l'après-midi. Vous devriez prendre l'air.

Pour ponctuer ses paroles pleines de sollicitude, l'ange se rapprocha du pasteur et posa doucement sa main sur son bras. Un frisson le parcourut lentement et il déglutit. Même avec les jours, les sensations que lui procuraient la proximité de l'humain ne s'étaient pas estompées. C'était profondément injuste puisqu'en contrepartie Octave semblait de mieux en mieux s'acclimater à lui. Il fallait qu'il revoit son jugement sur la présupposé faiblesse de ces êtres inconstants. Le pasteur se pinça l'arrête du nez et laissa échapper un long soupir.

-Vous avez raison. Je commence à avoir une sacrée migraine. Nous pouvons nous arrêter là pour aujourd'hui.

-Que diriez vous de marcher un peu avec moi ? L'air frais vous fera du bien, vous êtes un peu pâle...

Le pasteur hocha la tête en refermant son ordinateur et Lux retint un sourire trop prononcé. Il fallait vraiment qu'il contrôle un peu mieux ce corps.

Les deux hommes rangèrent rapidement le travail de la journée et remontèrent enfin à l'air libre, tout en discutant des projets à venir et du programme des prochains jours.

L'air s'était rafraîchi en cette fin de mois d'août et le vent du nord, combiné à l'attitude des montagnes permettait de mieux respirer. Même Lux, que les changements de températures n'affectaient pas, le sentait. Le petit pasteur aussi car il avait revêtu par dessus son gilet un sweat shirt qui portait la mention de son université religieuse.
C'était moins pire que ses tenues cérémoniales et coincées, mais cela restait un habillement que Lux avait du mal à apprécier. De ce qu'il en avait vu, il préférait quand Octave, seul chez lui laissait tomber tous ses vêtements. Bien sûr, il ne pouvait pas le lui dire sous peine de passer pour un pervers et de finir avec un mandat d'arrêt sur la tête.

-Votre voiture est garée assez loin de l'Eglise, s'étonna Octave alors qu'ils s'engageaient dans la grande pente qui descendait vers la ville et dont la qualité de la route laissait à désirer.

Un soupçon d'Éternité [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant