Chapitre 10: Le secret
Tout est allé si vite, nous sommes déjà au mois de décembre, les fêtes de fin d'année arrivent à grands pas. Les mairies de chaque commune ont décoré leurs centres villes de guirlandes lumineuses. Chaque soir, elles brillent de mille feux sur les arbres et sur les édifices publics. Les commerçants et de nombreux particuliers font pareils dans le but d'attirer l'attention sur eux. Les uns pour des raisons pécuniaires et commerciales, les autres justes par plaisir. Des ambiances de fêtes apparaissent un peu partout ; on fait des « chanté nwel » tous les week-ends sur les esplanades, dans les stades, ou dans n'importe quel espace public. Pas moyen d'ouvrir sa radio sans entendre des:
« Michaud veillait, Michaud veillait, la nuit dans sa chaumière,
Près du hameau, près du hameau, en gardant son troupeau,
Le ciel brillait, le ciel brillait, d'une vive lumière,
Il se mit à chanter, je vois, je vois l'étoile du berger,
Il se mit à chanter, je vois, je vois l'étoile, du berger,
Je vois, je vois, je vois, je vois... »
C'est bientôt noël, donc, et tout est fait pour nous le rappeler. Même si on ne veut pas entendre chez soi chanter la naissance de Jésus de manière plus ou moins loufoque, ou d'entendre des voix enrouées chanter des :
« Celui qui a fait le rhum est un homme intelligent, celui qui a fait le vin, est un homme insignifiant... ».
Il y a toujours des voisins peu respectueux de la tranquillité d'autrui (comme moi-même il parait) pour nous faire partager musicalement leur joie de bientôt fêter noël. Soyons clairs, de nos jours, la religion est un prétexte pour se goinfrer et boire dès le 24 au soir. Je ne pense pas qu'une fois sortis de leurs églises, les gens pensent une seule seconde à ce moment inoubliable de la naissance du fils de Dieu. Non, non, ils marchent avec précipitation vers leurs voitures pour aller chez eux ou chez untel pour festoyer de manière gloutonne.
Les y attendent : des punchs en tout genre, du boudin noir ou blanc, des patates douces, du jambon de noël, des accras, du riz et pois d'angole, du gratin de cristophine, et j'en passe !
J'adore cette fête en temps normal, je zappe bien entendu l'aspect religieux, car tout ce qui m'intéresse c'est de manger comme trois tout ce que maman aura préparé, ensuite le lendemain en général, je rends visite à Caroline pour me gaver de ce qui reste de son coté.
Mais cette année, cette fête n'aura pas le même goût pour moi, je n'ai pas envie de dîner dans la maison familiale, je n'ai envie de voir personne : j'ai trop honte et je suis en colère. Je veux juste rester cacher dans un endroit désert jusqu'à la nouvelle année, en espérant qu'elle sera meilleure.
J'ai rien vu venir. Juste lorsqu'on croit que les choses ne peuvent être pire, bam ! Un truc inattendu vous arrive.
Je revois sans cesse le déroulement des évènements, chaque scène, chaque dialogue : çà me soûle.
Début Octobre, peu de temps après la visite échouée de Maxime chez moi, je me décide à aller le voir pour arrêter çà définitivement. Je suis entêtée, lunatique et stupide des fois. Je vais chez lui pour la première fois, de ma propre initiative et par surprise. J'ai toujours su où il habitait dans la commune de Sainte-Anne, dans un appartement aussi comme moi mais au rez-de-chaussée. Sa résidence HLM s'appelle « sucre à coco », quelle bêtise ! Franchement je ne sais pas qui décide des noms des bâtiments, mais apparemment ils ont parfois un sens de l'humour bizarre. C'était la nuit, un vendredi soir vers 21 heures ; j'ai tout de suite repéré sa grosse voiture dans son parking, du coté de son logement bien sûr, pour qu'il puisse y jeter un coup d'œil de temps en temps de chez lui, ce serait bien son style.

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AMOURS TROPICALES
RomanceUne romance contemporaine qui se déroule en Guadeloupe au début du XXI siècle.