Chapitre 5 : Le voyage
Solange entra dans l'avion le cœur serré, ces quinze jours de congés avaient filé trop vite à son goût. Son frère Frédéric l'avait accueilli à bras ouverts mais il n'était resté que quatre jours en tout avec elle. Il avait planifié bien avant son arrivée d'autres projets de vacances avec une amie au Royaume Uni et il ne pouvait les annuler juste pour sa petite sœur.
- De toute façon, tu es venue ici pour te cacher en quelque sorte et te changer les idées d'après ce que j'ai compris, l'appartement sera à toi toute seule, alors profite en, enfin pas trop quand même ! De plus, j'en connais quelques uns qui seraient ravis de te revoir, je les ai prévenus de ton arrivée ! Lui avait-il dit avec un large sourire révélant ses deux dents du bonheur.
- Oh, non Fred ! Je t'ai dit pourtant que je voulais être tranquille !
-Arrête ! Je n'ai pas envie que tu déprimes !
Il résidait lui aussi dans une résidence H.L.M en banlieue parisienne, mais elle ne ressemblait en rien à « Alamanda », il y manquait de la couleur, de la gaieté, des ouvertures dans chaque pièces et surtout la nature tout autour. Solange trouvait beau uniquement la nuit tous ces bâtiments unicolores rangés comme des piquets les uns à coté des autres ; lorsqu'ils étaient illuminés par des centaines de lumières artificielles.
Elle n'eu pas le loisir de déprimer comme l'avait souhaité son frère, car après avoir rameuté toute la famille et les amis vivant dans le grand Hexagone, elle reçu des invitations à déjeuner ou diner presque tous les jours.
Elle fut grondée par sa tante Gertrude qui lui reprocha de ne pas lui donner assez de nouvelles tous en la goinfrant de toutes sortes de plats épicés arrosés de punch.
Ses petits cousins raillèrent son look et son accent pas assez branchés à leur goût. Elle ne comprenait qu'une fois sur deux leurs discours hachés remplis de mots inventés. Elle en conclut que communiquer couramment en créole protégeait peut-être un peu la langue française aux Antilles.
Elle rendit visite également à son parrain d'un jour, celui de sa communion, sans aucune rancune ; après tout il n'avait rien demandé et avait sans doute accepté de jouer ce rôle que pour pouvoir faire la fête ensuite. Il lui avait tout de même offert pour l'occasion la plus jolie des maisons de poupées au monde qu'elle garda toujours en souvenir dans un coin de sa mémoire.
Elle se promena la journée avec d'anciennes copines de fac ou des cousines de son âge dans les rues parisiennes animées et refit connaissance avec le métro odorant. Elle avait l'impression d'être une campagnarde à coté de ses camarades ultra lookées. D'ailleurs elles s'amusèrent à changer son allure. Elle accepta de bonne grâce de se faire une french manucure, de porter un peu plus de maquillage adaptée à la peau noire et métissée, de porter de faux bijoux et des tenues d'été courtes.
Elle passa globalement de bons moments à faire un peu de tourisme, à rire, manger, boire et danser. Pendant ces trois semaines, elle ne laissa pas Maxime hanter son esprit. Elle rejeta avec force les tentatives de ses neurones de lui imposer son visage ou sa voix.
Le seul petit bémol durant ces jours de vacances provint du retour de flamme d'un certain Pascal, qui lui jura qu'il n'avait cessé de penser à elle depuis cinq ans et qu'il regrettait leur rupture. Il l'avait pourchassé toute une soirée en boite de nuit. Elle ne dût son salut qu'à l'arrivée imprévue de sa petite amie officielle, une blonde plutôt jolie, qui le gifla devant toute une assemblée moqueuse et le pria de rentrer à la maison.
*
Elle sourit en pensant à cette scène cocasse et s'assit sur son siège coté hublots, au niveau de l'aile droite de l'avion de la première compagnie aérienne de France. Elle aurait préféré avoir le visage tout près du hublot pour observer les nuages, mais elle s'estimait déjà heureuse d'avoir obtenue cette place où les turbulences se font moins sentir.

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AMOURS TROPICALES
Storie d'amoreUne romance contemporaine qui se déroule en Guadeloupe au début du XXI siècle.