Chapitre 5 : Le Zoo

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Raven se sentit brutalement poussée dans le dos par une main rude, avant de tomber le nez dans l'herbe.

Le temps qu'elle se relève, la porte en métal était déjà fermée à clé.

Le Grand JD l'interpella par une ouverture à hauteur de tête barrée par un grillage, comme dans une prison :

- T'as de la chance que le patron tienne à te garder en vie, parce que si ça n'avait tenu qu'à moi, tu serais devenue un tas de bidoche bonne pour les corbeaux !

- C'est pour ça que c'est lui le chef, lui rétorqua Raven en le regardant droit dans les yeux, il est plus intelligent que toi. Et que je te signale par la même occasion que mon esprit est celui d'un corbeau qui attend impatiemment de pouvoir se délecter de ton cadavre.

- Tu perds rien pour attendre, salope d'agente !

- Salope peut-être, mais pas agente.

La Hyène lui fit un bras d'honneur, puis disparut dans le couloir avec les deux gardes qui l'accompagnaient.

La jeune femme souffla un bon coup. Elle l'avait échappé belle.

Elle essaya de canaliser le flot d'adrénaline généré par le stress en expirant lentement, se concentrant sur le joyeux gazouillis des oiseaux.

Le cerveau de Raven eut alors un blanc, réalisant l'anomalie du tableau.

Des oiseaux. A Washington. En pleine guerre civile.

Raven se retourna et resta bouge bée devant la vision qui lui apparut.

Les Hyènes ne l'avaient pas enfermée une nouvelle fois dans une pièce suintante d'humidité, mais dans une sorte de gigantesque hangar de plusieurs dizaines de mètres de long, où s'était développé une infinité de végétaux. De l'herbe avait poussé sur pratiquement tout le sol, parsemée de fleurs sauvages de diverses couleurs vives répandant de délicieuses odeurs, telles que des pissenlits, des bleuets, des marguerites, des violettes, des coquelicots, de la lavande, des colchiques, des cosmos... Des roses trémières, du lierre et de la glycine couraient sur les murs en béton, profitant de la moindre faille pour s'accroître. Un énorme chêne, dont le tronc était partiellement recouvert de mousse et de lichen, surplombait cette sorte de vallée, protégeant de son ombre des jacinthes des bois et des salicaires. Des buissons poussant de-ci de-là hébergeaient des ronces, mais aussi du chèvrefeuille, de l'églantier ou de la sanguisorba.

L'œil aiguisé de la jeune femme aperçut des petits points se mouvant rapidement à quelques mètres d'elle. Plissant les yeux pour mieux voir, elle comprit que c'était des abeilles qui passaient de fleur en fleur. Elle se rendit alors compte qu'une multitude d'espèces animales se cachaient un peu partout dans les hautes herbes.

Une demi-douzaine de lapins détalèrent tandis qu'elle se frayait un chemin dans la végétation. Elle faillit d'ailleurs trébucher lorsqu'un mulot lui fila entre les jambes. Un hérisson trottinait jusqu'à un fourré, à la recherche de quelque limace ou charançon pour son repas. Un cerf d'un brun virant au roux était allongé dans sur le sol avec une biche, qui gardait un œil sur son jeune faon broutant un peu plus loin. Dans un trou creusé au pied d'un mur, Raven vit les yeux brillants et la gueule d'un renard méfiant.

Un éclair orange sautant dans les branches du chêne attira le regard de la combattante. C'était en fait un écureuil en alerte, toujours à l'affût de la moindre brindille craquant sous les pas de Raven pour pouvoir s'enfuir dans les hauteurs.

Mais la surprise de Raven fut grande quand, la tête levée vers le haut, elle put observer des dizaines de nids d'oiseaux construits dans les coins de la charpente du toit, avec leurs propriétaires qui volaient de-ci de-là en quête de graines ou d'un endroit où se poser avant de reprendre leur envol. Certains rentraient dans le bâtiment par une fenêtre à demi-ouverte sur le toit. Raven reconnut parmi la population aviaire un bon nombre de moineaux, merles et pigeons, ainsi que des hirondelles, deux grives, un rouge-gorge, plusieurs sortes de mésanges et même un couple de perroquets !

Ses yeux verts (Division : Cyrilmp4 X OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant