Ses yeux verts (Division : Cyrilmp4 X OC)

Chapitre 20 : Coup fatal

Environs de la ferme familiale Harris, Somerset, Maryland, 23 juin 2031, 17 h 35

Plus qu'un ou deux kilomètres. Cyril ne cessait de se répéter cette litanie pour ne pas être tenté de sauter du camion en marche et de piquer un sprint jusqu'à leur destination.

Il avait bien conscience que son humeur massacrante rendait nerveux les membres de leur équipe hybride — à part Lucas et Mastu, assis tous deux dans la cabine du conducteur. Mais, très honnêtement, il n'en avait clairement rien à foutre.

Vous croyez que je vois pas les coups d'œil que vous me jetez, comme si je pouvais vous sauter à la gorge d'un instant à l'autre ? Eh ben, allez au diable ! Ça fait plus d'une putain de journée et demie qu'on aurait dû partir la chercher, si jamais il lui est arrivé quoi que ce soit...

Il sera le poing, s'empêchant d'aller au bout de sa pensée.

A la décharge des agents, ce retard n'était ni au programme ni de leur faute. En effet, à peine une à deux heures après leur entrevue avec le président Anderson, alors que Joyca organisait les préparatifs de la mission et les renforts qui allaient les escorter, la Maison Blanche dût essuyer une attaque frontale de la faction paramilitaire des True Sons. Ce n'était que la deuxième fois depuis le début de la pandémie qu'ils s'attaquaient directement au QG de la Division, mais les affrontements contre eux étaient toujours très musclés, étant donné qu'ils étaient sur un pied d'égalité avec les agents en terme de forces et de puissance de feu, les scrupules en moins. Le bilan du jour était conséquent : nombre des attaquants avaient péris et une poignée avait été capturée pour être interrogée, mais les pertes et dommages collatéraux parmi les résidents de la base n'étaient clairement pas négligeables, sans compter les dégâts matériels sur les barricades et bâtiments périphériques aux quatre coins de la zone. Il avait donc fallu en priorité reconstruire des barrières de fortune et sécuriser les environs en chassant et neutralisant chaque ennemi qui rôdait encore, tout en s'assurant que d'autres factions ne se laissent pas tenter par l'odeur de proie en position de faiblesse.

Par sécurité (et méfiance), on l'avait ramené avec Andy et JD dans leurs cellules respectives. Libéré des menottes et la porte refermée à double tour, il avait amorcé un coup de poing rageur vers le mur dans le but de se défouler dessus, mais s'était arrêté à l'idée que ce n'était pas vraiment le moment de se blesser juste avant leur mission de sauvetage. Il était impulsif, mais pas stupide. Alors, il s'était laissé tombé au sol, le dos contre le mur, à devoir subir l'attente insoutenable où il avait eu le temps nécessaire pour imaginer tous les scénarios catastrophe possibles. Il avait regretté que ses deux camarades ne soient pas là avec lui, cependant le fait qu'ils le suivent encore dans ses conneries après tout ce qu'il s'était passé l'avait un peu consolé.

Et les voilà à présent touchant au but, trente-six heures plus tard. Cyril ne tenait plus en place, tout cette anxiété allait le rendre taré. Il sentit enfin le mouvement d'arrêt brusque du fourgon, et aussitôt toute l'équipe se propulsa dehors comme un seul homme, arme à la main. Il lança dans le même temps un regard à JD, qui tapota discrètement sa poche arrière en réponse.

Les trois autres équipes qui servait de renforts étaient déjà en place autour de la maison que leur avait décrit Mastu, leurs fusils pointés sur la vingtaine d'hommes encagoulés de noir malgré la température et postés stoïquement le long des murs.

Alors que Joyca s'apprêtait à demander à voir le chef, Ozerov émergea tranquillement de l'intérieur de la bâtisse avec un sourire presque amical.

- Bonsoir messieurs... Je vois que vous n'avez pas eu la sagesse de lâcher l'affaire. Peu importe, tout se déroule comme je l'avais prévu, même si vous arrivez plutôt tardivement. Quelque chose vous a retardé, peut-être ?, demanda-t-il en haussant un sourcil, l'air amusé.