Chapitre 13 : La rage des souvenirs

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QG des Hyènes, quelque part à Washington D.C, jour 3


Raven avait été ramené au Zoo peu après son altercation avec le chef. A peine la porte métallique avait-elle été refermée que Falk l'accueillait en venant se frotter à elle avec force ronronnements, ce à quoi la jeune femme répondit avec quelques caresses. Tous deux marchèrent ensuite côte à côte en direction du fond du hangar. Raven allait s'effondrer par terre quand elle remarqua qu'une phrase avait été tracée sur le sol :


QUE S'EST-IL PASSE


La panthère s'était inquiétée pour elle ? Alors là, si même les animaux la prenaient en pitié...

- Rien de trop grave, dit-elle en s'asseyant le dos contre le mur tandis que la bête s'allongeait près d'elle. On m'a juste soigné, à cause de ces deux hommes qui m'ont attaquée.

Un grognement sourd monta de la gorge de la panthère, ce qui voulait probablement signifier qu'elle égorgerait la prochaine personne qui tenterait d'agresser la jeune femme. Puis Falk posa sa tête sur les cuisses de Raven, avant de recommencer à ronronner. La jeune combattante passait distraitement sa main sur son pelage sombre, laissant enfin aller son corps et son esprit.


Elles faisaient le guet, assises entre les branches d'un arbre aussi épais que solide. Le soleil disparaissait lentement derrière l'horizon, colorant la voûte céleste d'une teinte qui se mariait bien avec les feuilles roussies par l'automne. Isfet songea vaguement que le ciel semblait saigner, annonçant le drame qui allait se produire cette nuit.

Son ventre gargouilla. Cela faisait bien vingt-quatre heures qu'elle n'avait pas eu le droit à un repas, c'est-à-dire du pain et de l'eau parfois accompagné de restes de plat de leurs supérieurs. Mais elle ne s'en formalisa pas : on lui avait appris à attendre, et surtout à ne pas pleurnicher. La vie était dure dans l'organisation, mais c'était le seul horizon qui se profilait pour elle, et le seul qu'elle connaissait.

Sa coéquipière lâcha un discret soupir en se laissant aller contre le tronc recouvert de lichen, les jambes pendant dans le vide.

- Il n'y a pas un chat dans cette propriété, déclara-t-elle d'une voix morne.

- Ouais... J'espère qu'ils nous ont pas envoyées là pour des prunes, grommela Isfet. La dernière fois que la cible n'était pas au rendez-vous, je me suis tapée trois jours de cellule sans manger.

- Ozerov était furieux, j'imagine.

- Juste en colère. Et il a bien voulu admettre que c'était pas entièrement de ma faute.

- Il se bonifie avec le temps, non ?

- Ça dépend avec qui... Regarde les nouveaux, c'est limite s'il les traite pas pire que nous à l'époque.

- A couvert !

Les deux filles se tapirent silencieusement derrière le feuillage. Un homme s'avançait dans leur direction, sans pourtant les voir. Il était en tenue de chasse avec un fusil à l'épaule, et Isfet reconnut alors le gardien de la propriété, dont elle n'avait pas retenu le nom mais qui se trouvait être un homme réputé pour son passé militaire parcouru de victoires en Irak et en Syrie. Et c'était également un fin tireur...

L'ex-soldat arrêta sa marche juste en-dessous de leur poste d'observation. Isfet ne craignait pas qu'il lève les yeux, à moins que l'une d'elles fassent un bruit suspect, il n'avait aucune raison de découvrir leur cache. Bien sûr, il y avait toujours une possibilité pour qu'un accident arrive, mais elle et Maki étaient des professionnelles, et le mot « erreur » était inconnu à leur... domaine d'activité.

Ses yeux verts (Division : Cyrilmp4 X OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant