Partie 1

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Nous avions loué un gîte un peu à l'aveugle, avec le lot de surprises que peut réserver une location dont l'annonce ne dévoile que peu d'information. Le confort nous importait peu, c'est l'attrait de la région qui avait guidé notre choix. En l'occurrence, il s'agissait d'une toute petite maison, dont la pièce principale qui tenait aussi lieu de cuisine, était décorée avec goût et entretenue avec soin, et d'une petite chambre, tout aussi propre. Au gîte étaient attenantes quelques dépendances.

À notre arrivée, le propriétaire nous avait fait rapidement le tour des lieux, et nous avait invités à entreposer vélos et autres matériels de valeur à l'intérieur de la grange principale, où une pièce fermait à clés. Le propriétaire n'était pas très bavard, il ne fallait probablement pas compter sur lui pour faire le guide la région, mais il était avenant. Je m'imaginais qu'il était retraité et louait une ancienne demeure rénovée, ayant appartenue à sa famille. Puis nous nous aperçûmes qu'il habitait juste à côté. La location était située dans un hameau nommé Montaillon, à quelques kilomètres du village le plus proche.

Deux jours s'étaient déjà écoulés, sous un soleil de plomb, à rayonner à bicyclette autour de notre résidence de vacances pour découvrir le parc naturel du Périgord Limousin. Avec mon mari, nous aimions ces vacances natures ; se lever tôt pour avoir le privilège d'observer quelques cerfs, chevreuils et autres cervidés, manger des produits de saison et du cru, puis dormir comme des bébés après avoir passé une soirée loin de tout écran. Par contre nous aimions profiter de ces périodes de vacances pour lire : un dernier best-seller, un essai ou même les journaux locaux.

Et ce soir là, je n'avais quasiment rien à me mettre sous la dent, j'avais fini de lire le dernier roman emprunté la bibliothèque. Or, l'après-midi, dans la petite dépendance où nous entreposions nos bicyclettes, j'avais repéré une étagère couverte de poussières mais garnie d'un rayonnage de vieux bouquins. Je m'étais promis d'y jeter un coup d'œil ultérieurement. Je pris une lampe torche car la nuit était tombée et je me dirigeai vers la remise. Je ne pouvais m'empêcher de jeter des coups d'œil circonspects autour de moi, dans cet endroit isolé et sombre, mais a part les grillons que j'entendais au loin, nulle âme qui vive. J'explorai le rayon de bibliothèque qui n'avait pas du être consulté depuis des années : des vieux bottins, quelques romans de gare, et une pile de vieux journaux. Je décidai d'emporter pour le relire « Jacquou le croquant », un classique qui se déroulait dans les environs.

Puis j'entrepris de faire l'inventaire des vieux journaux : des "sud-ouest" datant des années cinquante ! Quelques Revues dont des Paris-Match plus récents, enfin des années 1970 tout de même, je ne pus m'empêcher de lire quelques articles bien datés à la lumière de la torche ! Et un cahier tout jauni retint mon attention, sans aucune mention sur la page de garde ni sur la première feuille. Mais, à partir de la troisième page, une écriture régulière couvrait les lignes du cahier. Je commençais à lire. "C'était un vagabond, nul ne connaissait son but, nul ne connaissait son nom. Il s'était arrêté à Saint-Jean depuis deux nuits, à l'auberge. " Etait-ce le début d'une histoire locale, d'un roman d'amateur ? Sans plus attendre, je ressortis de la grange et rentrai dans le gîte lire ma trouvaille.

Les yeux de la forêtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant