Lovely Matt (Shumdario)

Menace

L'équipe de tournage se dépêcha de rejoindre Harry et Matt. Ils savaient tous que c'était dans la poche. Personne ne pouvait considérer que leurs agissements étaient fautifs et qu'ils nuisaient à la bonne éducation des enfants. Il approchait bientôt 17h00 et Alberto, fidèle à ses habitudes, demanda s'il y avait des gens prêts à l'accompagner pour un petit casse-croûte en attendant la décision du juge.

-Je suis incapable de manger depuis hier soir, soupira Matt.

-Nous allons attendre ici et peut-être essayer de nous détendre un peu. Je suis, moi aussi, dans l'impossibilité d'avaler quoi que ce soit, répondit à son tour Harry.

-Moi, c'est exactement le contraire qui se produit. Dès que je suis stressé, j'ai le ventre qui me gargouille sans arrêt, plaida Alberto sans gêne. On se revoit dans une heure les amis.

Il tourna les talons et se dirigea d'un pas rapide vers son véhicule stationné derrière le bâtiment. Il s'installa au volant et se pencha pour prendre un sac de bretzels dans le coffre à gants. Lorsqu'il se remit dans une position plus confortable, il réalisa qu'il n'était plus seul dans le stationnement arrière. Le juge fumait tranquillement sa cigarette, regardant un petit écureuil qui grimpait à l'arbre centenaire qui bordait la sortie de secours.

Alberto se dit que, puisqu'il prenait le temps de fumer, qu'il devait déjà avoir pris sa décision. Tout le monde savait que Harry et Matt seraient acquittés; c'était une évidence.
Tranquillement, le caméraman se cala dans son siège et commença à piger dans son sac de bretzels.

C'est à ce moment que les deux frères Van Sprang sortirent de derrière l'immense arbre et grimpèrent les deux marches de béton pour rejoindre le juge sur la petite galerie de deux mètres carrés. Le juge sembla extrêmement surpris de les voir arriver.

Pendant que les trois hommes discutaient, Alberto laissa tomber son sac et attrapa son téléphone pour filmer le reste de la scène. Le trio parla encore quelques minutes pendant lesquelles l'attitude du juge changea à plusieurs reprises. De surpris, l'homme prit un air offusqué, puis il s'enragea contre les deux frères. Malheureusement, les Van Sprang étaient tenaces et continuèrent leur discussion. Le juge retrouva à nouveau son air surpris mais ne le garda pas longtemps passant rapidement à l'attitude de profonde résignation. Il reçu des tapes d'encouragement sur l'épaule de la part des deux frères qui lui glissèrent discrètement une épaisse liasse de billets dans la poche de son pantalon.

Est-ce que le juge venait d'être victime de menace ou de chantage. À en juger par l'état dans lequel il se trouvait en entrant dans l'édifice, Alberto aurait misé une semaine de ses repas, encas, collations et desserts que Harry et Matt étaient en mauvaise posture.

Le directeur de l'orphelinat tira son frère par la manche et le mena jusqu'à son véhicule d'où ils partirent vers une destination inconnue. Alberto se jeta au fond de sa voiture et attendit qu'ils passent avant de se redresser et de les suivre discrètement jusqu'à un commerce de restauration rapide. Il attendit à l'extérieur de les voir s'installer à table pour manger leur repas. Le caméraman s'installa furtivement derrière une colonne qui séparait sa propre table de celle des Van Sprang. Il regarda le menu affiché sur les enseignes lumineuses, mais bien qu'il eut le goût de tout acheter, il se retint afin de ne rien manquer de la conversation entre les deux frères.

-Tu crois qu'il va se plier à notre chantage, demanda le directeur de l'orphelinat.

-Le juge Paulino Nunes doit absolument le faire car il sait très bien que je suis capable de dévoiler ce que je sais sur sa fille.

-Et s'il ne te croit pas?

-Tu le sais bien! Je lui ai dit que la prochaine fois qu'elle viendrait chez-nous voir Will pour prendre sa drogue, que je lui administrerais une dose fatale. Je sais où mon fils cache tous ses sachets. Je n'ai qu'à lui dire que je lui fais un cadeau. Elle est si toxicomane qu'elle ne résistera pas.