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" Tu n'es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis." (Victor Hugo)

Tanya

Insomnie quand tu nous tiens. Bon sang, être de nouveau dans cette maison et dans ma chambre d'enfance ne m'aide absolument pas à m'endormir. Tout me rappelle ce pour quoi je suis partie il y a douze ans. Il y a douze ans je disais adieu à cette ville mais, et surtout à mon ancienne vie.

Je suis revenue il y a trois jours, à Nashville. J'ai abandonné ma vie le temps de quelques jours, enfin c'est ce que je pensais avant que mon patron m'appelle pour me dire qu'il n'avait plus besoin de moi ! Serveuse ce n'était pas non plus ce que je voulais être mais ça me dépanné bien financiérement parlant. La fatigue et les contraintes horaires eux me plaisaient beaucoup moins. Mais quand le club pour lequel tu bosses ferme boutique, tu prends ce que l'on te propose !

Voilà trois jours que j'essaye de m'endormir sans penser à elle : ma mère, la raison de mon retour ici. Je ne savais même pas qu'elle était malade. Un putain de cancer contre qui elle se battait tous les jours, mais qu'elle n'a pas su battre. Quand la maladie vous touche bien souvent on se sent désarmé, je sais de quoi je parle !

Je descends pour aller grignoter un truc, je n'ai pas vraiment eu le temps de manger ces trois derniers jours, entre celui qui me sert de père, l'organisation de l'enterrement, les papiers à anticiper et surtout certaines personnes à éviter, on va dire que j'ai zappé de me nourrir, mais ça va j'ai des réserves !

J'arrive dans la cuisine, et vois sur la table des croques monsieur dans une assiette, merci frangin, je les passes au micro-onde puis je m'enfile les trois en un rien de temps. Ne dit-on pas que l'appétit vient en mangeant ? Car là j'ai besoin de sucre, non la vérité j'ai envie de manger tout ce qui pourrait me passer sous le nez ! Évidemment dans les placards je ne trouve quasiment rien à mon goût. Ce paquet de malterser fera bien l'affaire devant la télé !
J'attrape la première bouteille d'eau et y bois une bonne gorgée avant de la reposer.
J'hésite entre regarder la télé dans le salon ou dans ma chambre, finalement j'opte pour le salon.

J'observe les lieux, en douze ans la maison n'a pas trop changé, les murs ont juste été repeints dans des tons gris, et les photos ont été changés sauf les deux se trouvant sur le meuble de télé ! Je m'approche de l'une d'entre elle, je passe mes doigts dessus, comme pour me souvenir de comment c'était avant. Comment c'était quand nous étions une famille unie, enfin toujours dans mes souvenirs puisque finalement avec le temps je pense que nous avons toujours fait semblant.
Je me pose devant la télévision et zappe les chaînes, ce reportage de 90 minute's enquête me tiendra éveillé un bout de temps.

J'ai dû m'endormir hier soir, un filet de bave dégouline sur mon menton, on peut dire que ce canapé est toujours aussi confortable.
Au petit matin certains sont réveillés par des chants d'oiseaux, d'autres par le soleil qui passe au travers de la fenêtre, moi se sont ses pleurs qui me réveille.

Une fois son biberon avalé, mon fils décide de jouer avec ses Lego dans le salon pendant que j'essaye d'organiser mon retour de quelques mois ici, oui je ne compte pas rester éternellement dans cette ville. La porte d'entrée s'ouvre je sursaute ne sachant pas qui vient d'arriver.

- Qu'est-ce que tu fous encore ici ?

- Ravie de te revoir aussi Théo !

Je souffle une bonne fois voyant que ce n'est pas lui. Je finis par m'asseoir sur le canapé, il me balance le journal d'aujourd'hui, qui finit sa course au sol puisque je n'ai même pas l'envie ni le courage de le rattraper.

Deux cœurs pour un seul cheminOù les histoires vivent. Découvrez maintenant