Chapitre 9 : Et si c'était la fin ?

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Avant que je ne vous perde complètement, je tiens à bien vous préciser que si j'ai mis une date, c'est parce que nous sommes ici dans le futur ahah m'en voulez pas trop pour la tournure des événements et bonne lecture !

23 juillet 2014 :

- Et je pourrais au moins savoir où tu m'emmènes comme ça ?

- Non.

- Matt maintenant je rigole plus, fais moi sortir de cette punaise de voiture.

Déjà dix minutes que j'avais été traînée de force dans cette voiture par Matt. Je ne pouvais pas sortir bien sûr, il avait pris soin de verrouiller toutes les portes, et puis de toute façon, nous étions en route et je tenais encore à la vie. Cette énième crise me confortait dans mes choix et ils n'étaient pas si mauvais que ça finalement. Je serai mieux sans Matt. Le paysage passait mais je ne reconnaissais rien, j'ignorais où nous nous trouvions, j'avais la certitude d'être déjà passé par ici mais pas assez de fois pour que je puisse savoir où ces rues menaient. Quelques chemins reconnaissables tout au plus, je n'en savais pas plus. Il ne voulait rien me dire, peut-être pensait-il que je l'empêcherais de parvenir à notre lieu de destination. Était-ce le dernier endroit où j'avais envie d'être ?

- Lilas penses-y, penses à ce que tu es en train de faire. On sait tous les deux que tu es en train de prendre le mauvais chemin.

- Parce que ton chemin à toi est mieux que le sien ? Tu sais que c'est mieux pour moi d'être avec lui qu'avec toi.

- Hum....

Il poussa un long soupir, ceux qui durent longtemps et qui veulent tout dire. Après un moment, il reprit plus calmement avec une voix tremblante.

- Lilas est-ce qu'au moins tu te rends compte de tout ce que je fais pour toi ?

Il tourna la tête pour me regarder. Cette fois-ci, on aurait dit qu'il s'était transformé en moins d'une minute, il était devenu une furie, la rage se lisait dans ses yeux, il n'était plus le même. Tout ce qu'il faisait pour moi... A l'instant même, rien ne me vint à l'esprit. Je l'aimais, j'étais avec lui, mais que m'apportait-il vraiment ? Étais-je seulement consciente que la seule chose qu'il faisait pour moi était de me traîner dans un tas de souci ? Ses mains se crispaient alors qu'il tenait le volant. Son regard n'étant plus rivé sur la route, il fit un écart au même moment où une voiture arrivait droit sur nous.

- MATT LA ROUTE !

Il eut le temps de redresser juste à temps. Mon cœur fit des bons dans ma poitrine. Mon souffle était saccadé et rapide. Je posai mon coude sur la portière et mis ma main devant le visage dans un soupir. Une larme s'écoula de mes yeux et vint s'écouler le long de mon bras. Je la vis finir sa course sur la portière et je restais à la contempler quand il me tira de ma rêverie.

- Lilas.

Je sentais qu'il me regardait encore par intermittence mais je ne voulais pas être confrontée à sa foudre. Il était épris d'une folie comme jamais je n'en avais vu chez lui, et pourtant je l'avais vu plus d'une fois en colère. Ce qui me déplaisait le plus chez Matt, c'est que je n'avais aucune liberté. Le moindre faux pas, la moindre discussion avec quelqu'un d'autre que lui et sa jalousie prenait le dessus. Bien sur je l'aimais, je l'aimais vraiment, mais j'avais trouvé quelqu'un qui me permettait de m'évader un peu de ma prison, et ça il ne le comprenait pas. Je ne voulais plus vivre sans mes libertés, prisonnière de ses bras et de son amour surtout. Je voulais profiter de ma vie. J'avais essayé plus d'une fois de m'échapper, de le quitter, mais la violence avec laquelle il me ramenait chaque fois était trop forte. Il m'aimait mais quand je le décevais, ce n'était plus moi qu'il voyait et il n'hésitait pas à me rappeler à l'ordre.

- Lilas regarde-moi.

Les larmes continuaient à s'écouler alors que je me rappelais nos bons moments, ces nombreuses fois où j'avais été heureuse et celles où je l'avais détesté. Notre union détestable. Je me souvenais de ce premier jour, celui où je l'avais rencontré. Où en un seul regard, j'avais analysé ce beau brun charmeur comme un beau parleur dévastateur. Les premières impressions sont toujours les meilleures. Mon cœur avait pris le dessus sur mon inconscient et j'étais tombée éperdument amoureuse de cet homme qui me faisait tant de mal. Depuis le début, disputes et conflits faisaient notre quotidien, bien avant même que l'on soit ensemble. Et pourtant, cette fois où il était venu au lycée, où il avait avoué ses sentiments, par quelle force aurai-je pu refuser ses avances ? La vérité, c'est que ce jour là, je n'avais qu'une envie : l'embrasser et le faire taire pour la nuit des temps. L'amour était-il toujours ainsi ou n'y avait-t-il que chez moi qu'il avait un destin si tragique et si douloureux ?

Matt prit un rond point, la prochaine rue qu'il prit me fit enfin comprendre où il m'emmenait. Chez lui, cette personne qu'il détestait maintenant plus que tout, et je pouvais prévoir que rien de bon n'allait arriver si nous passions le pas de cette maison, surtout pour Matt. La panique me prit, je ne voulais pas y aller, voir les deux, ensemble, c'était une chose pour laquelle je me résignais, ça tournerait mal et je serai coincée là, entre les deux. Mais il était impossible de faire demi tour, impossible d'y échapper, et je serai trop faible pour faire quoique ce soit. Je n'arriverais jamais à résonner Matt, jamais.

- Lilas bordel regarde-moi et parle !

Il ne me quittait plus des yeux, il attendait que je réagisse, en vain. Je ne pouvais tourner la tête. Je ne pouvais l'affronter de peur qu'il ne voit mes larmes et s'énerve encore plus. Car si sa jalousie était telle, me voir triste à cause de lui était ce qui le mettait encore plus en colère. Il tendit la main et prit mon visage, me forçant à le regarder. Lui aussi pleurait. De légères gouttes qui perlaient son visage, presque invisibles. Je ne me souvenais pas l'avoir déjà vu pleurer. Il avait toujours été fort avec moi, même si ce n'était pas notre première dispute, je crois qu'il se rendait compte qu'il était aujourd'hui en train de me perdre et qu'il n'y aurait sûrement pas d'autre alternative. Souffler enfin, pouvoir me séparer de ces chaînes qui m'oppressent depuis le jour où je l'ai rencontré. Je tentai d'arracher sa main alors qu'il me serrait le visage si fort, en vain. Sa main fut vite mouillée, pleines de mes larmes et des siennes. Je ne pleurerai plus pour lui, je me le refuserai.

- Lilas, s'il te plait dis-moi que tu m'aimes encore, dis-moi qu'on peut recommencer, j'ai besoin de toi.

J'entrouvris la bouche pour lui répondre. Que dire ? Je ne savais plus rien, ce que je pensais, je ne savais plus du tout où j'en étais. Je voulais répondre, de tout cœur répondre mais je n'eus que le temps de voir des phares m'éblouir. Un bruit sourd puis... Plus. Rien. Plus rien. Rien qu'un bruit sourd dans mes oreilles et la nuit, éternelle.

Et si je t'aime ? (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant