Et si je t'aime ? (Terminé)

Chapitre 11 - Silly is better than boring

Passé -

« Tu comprends pas, tu comprends rien. »

Cette situation, cette relation, ça ne pouvait pas durer, et pourtant j'en mourrais d'envie. Sortir avec une fille plus jeune que moi, c'était la pire erreur que j'avais faite. Mais je l'aimais, c'était indéniable. Lilas, cet ange aux cheveux doux comme la soie, son visage de poupée, son sourire à craquer. Elle avait tout pour plaire. Je m'étais souvent demandé pourquoi moi, d'ailleurs. Pourquoi moi parmi tant d'autres ?

« Ah oui et qu'est-ce que je ne comprends pas Matt ?

- Tout ça, nous, notre histoire... Tu crois que c'est facile pour moi ? »

Elle retournait sans cesse la situation dès qu'elle le pouvait, mais je devais avouer que j'avais cette stupide manie moi aussi. Je ne voulais jamais avouer que nos disputes étaient de ma faute. Cela faisait quelques temps que nous ne nous supportions plus. Quelques mois à peine que nous étions ensemble. Il me semble, si je me souviens bien, que dès le premier mois, nos différences d'âge mais surtout de maturité et de caractère nous avaient rattrapés. A ne pas s'y méprendre, elle était loin d'être bête, en fait, c'était la plus mature de nous deux. C'était ça aussi qui me plaisait chez elle, qu'elle aime mon côté si enfantin. Je n'avais jamais grandi, j'avais toujours mes réactions de gamin. Elle, elle était douce, compréhensible et terriblement attirante et consciente. Elle gardait les pieds sur terre tandis que moi, moi, j'aurai aimé que le monde s'efface autour de nous, qu'on nous laisse vivre cette passion qui m'obsédait. Mais rien n'était comme je le souhaitais. A commencer par elle. Elle n'était pas crédule, elle voyait bien qu'on faisait une erreur. Bon nombre de fois, elle avait essayé de me le faire comprendre d'ailleurs mais je la ramenais toujours à la raison, du moins à ma raison. Je ne pouvais pas la laisser partir, comment le pourrais-je ? Lilas c'était mon tout. J'avais trouvé en elle quelqu'un qui arrivait à m'apaiser parfois, à me comprendre. Elle était la seule, pour la première fois, qui arrivait à voir plus loin que le Matt égoïste et terriblement perturbé que j'étais. Elle me faisait souffrir par sa docilité et sa réticence à se rapprocher plus encore de moi. Nos baisers n'étaient que furtifs, elle ne m'appartenait pas. Jamais elle ne m'appartiendrait, elle me l'avait fait comprendre. Ensemble sans être ensemble, finalement.

« Ne me fais pas rire. C'est toi qui l'as voulu. Nous, notre histoire... Ce ne sont que des paroles en l'air Matt ! Y a pas de nous, je suis personne, t'es personne, alors imagine ensemble. On est un tas de rien. Tout ce qu'on va récupérer ce sont nos restes, on va finir par se détruire, c'est ce qui nous attend et tu le sais. »

Je le sais tellement bien ma pauvre Lilas. Mais plutôt que d'être un tas de rien tout seul, je voudrais l'être avec toi. J'enfouis mes mains sur mon visage, je m'arrache les cheveux, je me tourne, je veux surtout pas la voir. Elle a cet air sur le visage... Celui de « tu sais que j'ai raison Matt ». Ce qui est pénible avec cette gamine, c'est qu'elle a toujours raison sur des trucs où je voudrais qu'elle ait tord. Perspicace. Je ne sais plus quoi répondre, je tape de mon poing sur le mur, j'ouvre la main, je la repasse sur mon visage le coude toujours posé. J'aimerai... Je sais pas, je sais plus. J'aimerai rien, j'aimerai tout. Je voudrais qu'elle s'en aille avant que je pète les plombs, je voudrais qu'elle s'approche, qu'elle me serre dans ses bras, qu'elle me dise qu'elle m'aime. Comme avant. Il y a longtemps. Elle ne bouge pas, du moins je ne l'entends pas bouger. Est-elle en train de pleurer ? L'envie me prend de me retourner pour vérifier. Non, reste concentré Matt, si tu te retournes, si tu te retournes... Il faut que tu te calmes. Je ne sais plus quoi répondre. Le silence devient gênant. Elle attend probablement quelque chose de ma part, quelque chose que je peux pas lui donner. Elle voudrait que je lui dise que j'ai été mauvais, que je n'aurai pas dû faire tout ce que j'ai fait, mes crises, ma jalousie. Je voulais qu'on ait une relation parfaite mais ça ne marchait pas. Pourtant je savais que ça devait marcher, parce que c'est elle. Je le sais, c'est elle. Si Lilas part maintenant, il n'y en aura plus après elle, je ne pourrais plus aimer. Bien sûr, je ne peux pas lui dire tout ça, elle culpabiliserait. J'arrive pas à me résigner à la seule solution qu'il y a à cette situation : la laisser. Je ne sais plus quoi répondre.