Chapitre 12 : The last words

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« Lilas. » Il s'assoit sur le siège juste à côté du lit. Tout est blanc, trop blanc, pour une jeune fille qu'il avait vu souvent réjouissante de couleur. Il était vrai, elle ne l'avait pas été depuis un bon moment. A qui la faute ? La sienne, sans l'ombre d'un doute. Il était tout tremblant, n'osait pas la regarder, il fixait inlassablement le sol. Il avait fini par remonter un peu la tête, les yeux alors rivés sur sa main, douce et délicate, posée sur les draps. Il la prit entre ses deux paumes, la caressant un peu, puis la tenant juste. Sentir sa peau, sous des doigts, ça lui rappelait un temps où tout allait bien pour eux, un temps où ils n'étaient pas ensemble. Son frère l'avait prévenu, c'était trop dangereux de sortir avec quelqu'un dans son état. Il pétait trop souvent les plombs, il y avait ces moments où il ne se contrôlait plus.

Mais Matt n'avait pas voulu de tout ça, il n'avait pas voulu tomber amoureux de Lilas. Quand il l'avait vu, ce premier jour, au gymnase, il n'avait pas pu s'empêcher d'user de sarcasme, il était souvent comme ça avec les filles qui lui plaisaient. Et puis, il y avait eu le match, ce match où il avait commencé à perdre les pédales, parce que oui, elle lui faisait de l'effet. Tant d'année d'écart et pourtant, elle apparaissait toujours comme la plus mure des deux. Elle était belle, si belle. Elle était douée, si intelligente, si parfaite. La soirée, ça avait été la goutte de trop, et c'est là qu'il avait véritablement pensé que peut-être il lui plaisait aussi. Parce qu'elle ne pouvait pas ignorer qu'il serait là, parce qu'elle était venue, apparue comme un mirage, dans sa belle robe, toute apprêtée. Espérait-elle qu'il arrive à résister ? Il l'avait fait boire, parce qu'il pensait que, sobre, son esprit prendrait le dessus sur son cœur. Elle ne pensait pas une seule seconde qu'elle irait vers quelqu'un d'autre. Finalement, le jour où il était venu au lycée pour parler de tout ça avec Sébastien, il l'avait croisée. Il venait juste de promettre à son frère qu'il se tiendrait éloigné de la belle étudiante, mais voilà, son cœur en avait décidé autrement. Elle était passée dans le couloir, et sa main l'avait attrapée avant même qu'il ne soit conscient de ce qu'il était en train de faire. Après, après tout avait dérivé.

Il regrettait de s'être énervé contre elle, de l'avoir frappée. Il était violent avec tout ce qu'il savait qu'il ne pouvait pas avoir. Lilas, il voulait la posséder mais elle voulait sa liberté. Il avait souvent des sautes d'humeur, il était extrêmement jaloux, et elle l'avait remarqué, et elle ne voulait plus de lui. C'était un amour impossible, un amour qu'il voulait plus que tout, plus que toutes ses autres relations. Il n'aurait su dire pourquoi, véritablement. Tout chez elle avait un goût de trop peu, un sourire qu'il aurait voulu encore plus resplendissant, des yeux dans lesquels il aurait voulu se plonger un peu plus longtemps. A trop vouloir, il s'était retrouvé là, dans cette chambre, où elle avait les yeux bien clos.

Lorsqu'ils ont eu l'accident, Matt était sur le point de conduire Lilas chez Sébastien. Quel idiot d'avoir pensé qu'il y avait quelque chose entre les deux ! Non, la seule chose que son frère avait voulu, c'était la protéger, la protéger de lui, Matt. Il avait été trop stupide pour le comprendre. Il avait voulu s'expliquer, non, plutôt les mettre devant un fait qu'il croyait accompli, un fait qui en réalité n'existait pas. Oui, tout était de sa faute.

« Lilas. S'il te plait, ouvre les yeux, j'ai besoin de toi. Je sais que tes parents sont venus, ta sœur et Eline aussi. Que ça ne t'a pas fait revenir pour autant. Même Sébastien s'est pointé, il me l'a dit. Tous ces gens qui ne pensent qu'à toi, qu'à ton bonheur. Je suis probablement la dernière personne que tu voudrais voir, mais je me dis que peut-être c'est moi que tu attends, peut-être que ce sont mes excuses que tu veux entendre. Ca serait logique, ou peut-être pas. Je suis cause de tous tes malheurs. Mais la plus grande faute que j'ai commise Lilas, c'est d'être tombé amoureux de toi. Non pas que je le regrette, tu m'as donné une raison de vaincre mes excès de colère. Je pensais que tu le pourrais, j'y croyais. Tu me donnais une force que je ne me connaissais pas, je luttais contre ça, crois-moi. Et puis tout a dérapé, je ne sais pas comment. Ca m'a échappé. Tu vois, c'est ça le problème. On croit qu'on maitrise tout, qu'on en a la capacité, et au moment où on s'y attend le moins, tout glisse, tout tombe, et on s'enfonce avant même d'avoir une chance de remonter à la surface. Tu m'as fait plongé tête la première, en quelques semaines, mais Dieu que c'était bon. J'étais resté trop longtemps à la surface, faut croire. Mais j'avais envie de faire ce plongeon avec toi, je pensais juste... Je pensais juste qu'on remonterait ensemble. Mais t'es remontée sans moi. T'es bien plus forte que moi Lilas, c'est pour ça que je sais que t'es capable d'ouvrir les yeux. Je sais que tu le peux, je ne sais juste pas pourquoi tu ne le fais pas.

Et si je t'aime ? (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant